Nicaragua : Ortega entend rester, les opposants continuent de manifester

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Par AFP - Managua
Publié le 24 juillet 2018 - 08:02
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Des étudiants tirent un mortier le 23 juillet 2018 à Managua
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© MARVIN RECINOS / AFP
Des étudiants tirent un mortier le 23 juillet 2018 à Managua
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Des milliers de Nicaraguayens, opposants et partisans du président Daniel Ortega, ont manifesté sans s'affronter lundi à Managua, au moment où le dirigeant sandiniste écartait toute démission et rejetait la demande d'élections anticipées, malgré près de 300 morts en quelque trois mois de contestation.

Lors d'une marche qui s'est terminée devant l'Université centraméricaine (UCA) à Managua, des centaines d'étudiants et d'opposants ont défilé en scandant "Liberté pour les prisonniers", "Justice" et "Autonomie universitaire".

Des étudiants portaient des croix avec des sacs à dos symbolisant les personnes décédées au cours des manifestations qui secouent le pays depuis plus de trois mois.

D'autres brandissaient des photos de leurs camarades arrêtés "arbitrairement", selon les organisations de défense des droits de l'homme, pour avoir pris part aux marches.

Au moins 292 personnes, dont 20 policiers et quelque 30 paramilitaires ou sympathisants du gouvernement, ont été tuées au cours des manifestations qui ont débuté le 18 avril, selon un bilan actualisé lundi par le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh).

Un précédent bilan, établi par la même source, faisait état de plus de 280 morts.

"Que la répression s'arrête, que Daniel quitte le pouvoir, il ne fait que nous tuer", a expliqué une jeune femme, le visage caché derrière un foulard aux couleurs du drapeau nicaraguayen.

Un autre étudiant a expliqué vouloir "la liberté pour les prisonniers et que ce tyran s'en aille" car "nous ne pouvons plus le supporter".

Le président Ortega a nié lundi, dans un entretien à la chaîne américaine Fox News, contrôler les paramilitaires pro-gouvernementaux qui ont été vus en train d'agir aux côtés de la police.

Il a au contraire accusé des groupes politiques de diriger des milices anti-gouvernementales, qui ont selon lui tué "des dizaines" de policiers lors des troubles.

Aucun incident n'était à déplorer à l'issue de la marche de l'opposition.

- Jusqu'au bout de son mandat -

Des policiers anti-émeute avaient été déployés lundi sur certains tronçons de la route, située non loin d'un axe routier sur lequel se déroulait une autre marche d'étudiants, proches du gouvernement cette fois, et à laquelle participaient des policiers.

L'Union nationale des étudiants nicaraguayens (UNEN), en accord avec le gouvernement, a exprimé son soutien à Ortega et a appelé à punir les responsables de ce qu'ils ont qualifié de "tentative de coup d'État", en écho aux accusations du gouvernement.

"Nous voulons dire aux terroristes et aux putschistes que le peuple a décidé et voté pour le commandant Daniel", a déclaré l'UNEN dans un communiqué.

Daniel Ortega, 72 ans, a déclaré à Fox News qu'il irait jusqu'au bout de son mandat.

Il refuse également d'avancer à cette année les prochaines élections, prévues en 2021, et dénonce une "conspiration de l'opposition" visant à le renverser.

"Avancer les élections créerait de l'instabilité, de l'insécurité et ne ferait qu'empirer les choses", a-t-il soutenu, affirmant que les troubles meurtriers qui agitent son pays sont terminés.

Cette crise politique explosive a conduit lundi l'agence de notation Standard and Poor's (S&P) à baisser la note de la dette souveraine du Nicaragua de B+ à B avec perspective négative.

Déclenchée le 18 avril par une tentative de réforme de la sécurité sociale, vite abandonnée, la vague de protestations est d'une ampleur inédite au Nicaragua.

Les opposants réclament désormais la démission de l'ancien guérillero admirateur du Che, au pouvoir depuis 2007, après l'avoir déjà été de 1979 à 1990.

Ils l'accusent d'avoir mis en place avec son épouse Rosario Murillo, qui occupe les fonctions de vice-présidente, une dictature marquée par la corruption et le népotisme.

Daniel Ortega a démenti dans son interview toute velléité d'installer une dynastie au pouvoir.

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