Nom de la Macédoine : près de 30 ans de querelle avec Athènes

Auteur:
 
Par AFP - Skopje
Publié le 30 septembre 2018 - 06:00
Image
Des manifestants grecs brandissent le drapeau de leur pays près d'une statue d'Alexandre le Grand à Thessalonique le 8 septembre 2018.
Crédits
© Sakis MITROLIDIS / AFP
Des manifestants grecs brandissent le drapeau de leur pays à Thessalonique le 8 septembre 2018.
© Sakis MITROLIDIS / AFP

Le référendum dimanche en Macédoine visant à rebaptiser ce pays en "République de Macédoine du Nord" constitue une étape importante mais non décisive pour régler le litige qui empoisonne depuis 1991 les relations avec Athènes.

- Le nom qui fâche

Le 8 septembre 1991, la Macédoine proclame son indépendance de l'ex-Yougoslavie. Mais sa reconnaissance par la communauté internationale est bloquée par la Grèce qui considère le nom de Macédoine comme faisant exclusivement partie de son patrimoine historique. Alexandre le Grand par exemple est né à Pella, une ville de la province frontalière grecque portant aussi le nom de Macédoine. Athènes craint que l'usage du même nom par Skopje ne cache des ambitions territoriales.

- Nom provisoire à l'ONU

En 1993, la Macédoine est finalement admise à l'ONU sous l'appellation provisoire d'"Ancienne République yougoslave de Macédoine" (ARYM en français, FYROM en anglais).

Une large majorité de pays, dont la Russie et les États-Unis, ont depuis reconnu ce pays des Balkans sous son nom constitutionnel de "République de Macédoine".

- Blocus commercial

En 1994, la Grèce impose un embargo économique à la Macédoine, interdisant notamment à ce petit pays enclavé d'utiliser le port grec de Thessalonique, sa principale voie d'échanges commerciaux.

Les autorités grecques exigent que la Macédoine renonce à son drapeau frappé du soleil de Vergina, emblème de l'antique dynastie macédonienne mais "symbole grec" pour Athènes, et amende sa Constitution.

- Amorce de détente

En 1995, les deux pays signent à New York un accord ouvrant la voie à une normalisation de leurs relations politiques et commerciales, tout en laissant en suspens la question du nom.

Le mois suivant, ils ouvrent des bureaux de liaison dans leurs capitales respectives. Le nouveau drapeau de l'ex-république yougoslave de Macédoine, où le symbole controversé a été remplacé par un autre motif ne faisant que s'en inspirer, est hissé pour la première fois aux Nations unies.

- Soutien de la Grèce à son voisin

En 2001, la Grèce, seul pays de la région à la fois membre de l'Otan, de l'UE et de la zone euro, affiche son soutien à son voisin en proie à un conflit armé entre forces gouvernementales et rebelles albanais. La Macédoine abrite une importante minorité albanaise (entre 20 et 25% de la population).

- À l'UE, le veto grec

En 2005, la Macédoine obtient le statut de candidat à l'UE. Mais la date d'ouverture des négociations d'adhésion, qui doit être approuvée à l'unanimité, est bloquée par la Grèce.

- L'ARYM privée d'Otan

En 2008, la Macédoine se porte candidate à l'Otan sous son nom provisoire d'"ARYM" mais se heurte là encore au veto grec.

Les relations entre les deux pays s'enveniment avec l'érection en 2011 à Skopje d'une statue monumentale d'Alexandre le Grand, une "provocation" selon Athènes.

- Tensions autour des migrants

En 2016, après la fermeture de la route dite des Balkans, Athènes accuse Skopje d'usage excessif de la force au cours d'incidents avec des centaines de migrants qui tentaient de forcer la frontière avec la Macédoine.

- 2017: main tendue

Dès son arrivée au pouvoir, en juin 2017, succédant à la droite nationaliste, le nouveau Premier ministre social-démocrate Zoran Zaev promet d'approfondir la "bonne amitié" avec la Grèce pour trouver une "solution" et relancer le processus d'adhésion à l'UE et à l'Otan.

- République de Macédoine du Nord

Les négociations sont relancées en janvier 2018 sous l'égide de l'ONU, soulevant chez les deux voisins une forte résistance de l'opposition de droite et des nationalistes.

Après plusieurs rencontres bilatérales, Athènes et Skopje signent le 17 juin un accord historique pour rebaptiser l'ex-république yougoslave "Macédoine du Nord".

L'accord, ratifié début juillet par le Parlement macédonien, doit être soumis à un référendum consultatif le 30 septembre, puis voté par les députés. Il devra ensuite également être ratifié par le parlement grec.

L'Otan a d'ores et déjà invité Skopje à ouvrir des négociations d'adhésion, tout en prévenant qu'un changement de nom était une étape obligée.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.