Oleg Sentsov "veut vivre" mais "n'a pas l'intention de s'arrêter"

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Par AFP - Moscou
Publié le 15 août 2018 - 20:14
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Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov dans sa prison du grand nord russe (photo transmise le 09 août 2018 par le haut commissariat aux droits de l'homme de Russie)
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© HO / AFP/Archives
Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov dans sa prison du grand nord russe (transmise le 09 août 2018 par le haut commissariat aux droits de l'homme de Russie)
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Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, en grève de la faim depuis plus de trois mois dans une prison russe, "veut et espère vivre" mais "n'a pas l'intention de s'arrêter" malgré la détérioration de son état de santé, a indiqué mercredi une militante des droits de l'Homme qui l'a rencontré.

"Ce n'est pas un suicidaire, il veut et espère vivre. Il m'a fait penser à un malade du cancer persuadé qu'il vaincra la tumeur et qu'il vivra", a indiqué mercredi à l'AFP Zoïa Svetova, qui a pu s'entretenir deux heures avec le cinéaste mardi dans sa prison du Grand Nord russe.

"J'ai compris qu'il n'avait pas l'intention de s'arrêter avant la libération des prisonniers politiques ukrainiens. Cette force d'esprit lui donne la force de supporter ces conditions de détention et l'espoir que ses exigences seront entendues tôt ou tard", a-t-elle poursuivi.

Opposé à l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014, Oleg Sentsov a été condamné à 20 ans de détention pour "terrorisme" et "trafic d'armes" à l'issue d'un procès dénoncé par Kiev, l'Union européenne et les États-Unis.

En grève de la faim depuis le 14 mai, le cinéaste de 42 ans exige la libération de "tous les prisonniers politiques" ukrainiens détenus en Russie.

La semaine dernière, sa cousine, Natalia Kaplan, avait indiqué qu'Oleg Sentsov lui avait écrit dans une lettre sentir que la fin était "proche". Son avocat a déclaré de son côté que le réalisateur était "prêt à mourir".

Selon Zoïa Svetova, M. Sentsov dit être dans un "état pré-critique" et prend "des compléments alimentaires" destinés habituellement aux malades incapables de se nourrir.

"Il m'a dit avoir perdu 13 kilos. Les médecins de la prison parlent de 11 kilos", a-t-elle poursuivi, tout en disant craindre une défaillances de ses reins ou de son coeur.

"S'il se sent mal, ils l'emmèneront à un hôpital qui se trouve à 15 minutes de route. Ce n'est pas loin, mais s'il va vraiment très mal, ce n'est pas sûr qu'ils auront le temps de le sauver", a-t-elle affirmé.

D'après Mme. Svetova, le prisonnier se tient debout et marche, regarde la télévision, écrit et reçoit "beaucoup de lettres".

Les ambassadeurs du G7 à Kiev, ainsi que de nombreuses personnalités du monde culturel ont appelé à sa libération.

Vendredi, le président français Emmanuel Macron a fait "plusieurs propositions" à Vladimir Poutine, lors d'un appel téléphonique afin de "trouver de façon urgente une solution humanitaire" pour Oleg Sentsov.

Sa mère Lioudmila avait écrit fin juin à Vladimir Poutine pour lui demander de le gracier mais le Kremlin, selon des médias russes, lui a opposé une fin de non-recevoir.

Mercredi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a répété qu'une grâce ne pouvait être accordée qu'à la demande du prisonnier. Oleg Sentsov s'y refuse.

A Kiev, la vice-présidente du Parlement Iryna Guerashenko a rappelé que la pilote ukrainienne Nadia Savtchenko, emprisonnée en Russie puis libérée à l'issue d'un échange de prisonniers en 2016, n'avait jamais demandé à être graciée.

Vladimir Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko avaient évoqué en juin au téléphone un éventuel "échange de prisonniers" entre les deux pays, mais cela ne s'est pas concrétisé.

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