Afghanistan : frappes aériennes américaines pour contrer l'offensive talibane dans l'Ouest

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Par AFP - Hérat
Publié le 15 mai 2018 - 11:06
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L'artillerie de l'armée afghane en action dans la province de Farah, le 28 janvier 2018
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© HOSHANG HASHIMI / AFP/Archives
L'artillerie de l'armée afghane en action dans la province de Farah, le 28 janvier 2018
© HOSHANG HASHIMI / AFP/Archives

Les forces de sécurité afghanes et américaines ont effectué des frappes mardi sur des positions talibanes dans la ville de Farah, dans l'ouest de l'Afghanistan, en riposte à une vaste opération déclenchée dans la nuit par les insurgés pour tenter de s'en emparer.

Cette attaque talibane sur Farah, capitale de la province du même nom, est la première du genre depuis le lancement fin avril de leur offensive de printemps. Elle avait démarré aux alentours de minuit dans la nuit de lundi à mardi, selon des sources locales et se poursuivait dans la soirée mardi.

Il s'agit de la dernière tentative en date des insurgés islamistes, qui tentent depuis trois ans de s'emparer d'importantes villes.

"La situation est très mauvaise", a déclaré à l'AFP Satar Hussaini, un responsable tribal, évoquant des "combats intenses" et la présence de talibans "dans la ville".

Un membre du conseil de la province, Dadullah Qani, a confirmé cette déclaration lors d'un entretien téléphonique avec l'AFP au cours duquel on pouvait entendre des tirs et des explosions.

Les forces de sécurité afghanes contrôlent toujours la ville, selon un porte-parole de la mission de l'OTAN en Afghanistan.

"Des avions d'attaque au sol A-29 et des hélicoptères afghans Mi-17 ont procédé à de nombreuses frappes. Un drone américain a effectué un bombardement. Des dizaines de talibans ont été tués", a assuré à l'AFP le lieutenant-colonel Martin O'Donnell.

- Pavot et gazoduc -

L'Otan a également dépêché des avions d'attaque au sol en appui aux forces afghanes. Des renforts ont été déployés tôt mardi depuis les provinces voisines, notamment des forces spéciales et des commandos, a indiqué un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Najib Danish.

Pour Mohammad Radmanish, un porte-parole du ministère de la Défense, "des poches de résistance ennemie persistent dans certaines petites zones de la ville (...) mais nos forces combattent l'ennemi avec un très bon moral".

Il a fait part d'un bilan en fin de journée de 4 militaires afghans tués et de "dizaines de combattants ennemis abattus".

Certains insurgés sont réfugiés dans des zones résidentielles, compliquant le recours aux armes lourdes par les forces afghanes, a déclaré le gouverneur de Farah, Abdul Basir Salangi, à Ariana News. "Mais nous reprenons quand même les positions une par une", a-t-il assuré.

Les talibans ont appelé dans un communiqué les habitants à rester chez eux et à "garder leur calme". Ils ont également publié sur les réseaux sociaux des photos qui selon eux les montrent à l'intérieur de la ville, et indiqué combattre pour le contrôle de la prison centrale de la ville.

La plupart des radios et des télévisions de la province ont cessé d'émettre, craignant pour la vie de leurs employés, selon l'organisation de soutien à la presse en Afghanistan Nai.

Farah, frontalière de l'Iran, est une province reculée de l'Afghanistan, où la culture du pavot est répandue et qui a été le théâtre d'intenses combats ces dernières années.

Les insurgés ont essayé à trois reprises de s'emparer de la capitale provinciale en 2017, selon le réseau d'analystes Afghanistan Analysts Network. Farah doit en outre accueillir un tronçon du projet de gazoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde). Les talibans se sont dans le passé déclarés prêts à coopérer avec le projet.

Cette nouvelle attaque intervient alors que les talibans ont récemment lancé leur offensive de printemps, multipliant les assauts contre les forces de sécurité afghanes, en un rejet tacite d'une récente offre de pourparlers de paix de la part du président Ashraf Ghani.

- "Fermé les yeux" -

Quoiqu'il en soit, l'offensive à Farah "n'aurait pas dû prendre les forces gouvernementales de cours", estime l'analyste militaire et ancien général Atiqullah Amarkhail.

"Même les citoyens ordinaires avaient conscience que les talibans gagnaient progressivement du terrain et devenaient une force formidable dans la province", a-t-il affirmé à l'AFP.

Selon lui, le gouvernement et les responsables de l'armée ont "fermé les yeux" sur ces faits, jusqu'à ce que les insurgés pénètrent dans la ville.

Le gouvernement afghan ne contrôle que 56,3% des districts du pays, les autres étant "contestés" ou sous la domination des talibans pour 14,5% d'entre eux, selon un rapport officiel américain publié début mai.

Les forces afghanes, affaiblies par les pertes lors des combats et les désertions, peinent à repousser les talibans, qui ont notamment tenté ces dernières années de s'emparer de capitales provinciales.

Kunduz (nord), la cinquième plus importante ville afghane, était brièvement tombée aux mains des rebelles islamistes en 2015.

Et la capitale Kaboul est devenue selon l'ONU l'endroit le plus dangereux du pays pour les civils, avec depuis un an une recrudescence des attentats d'ampleur, généralement perpétrés par des kamikazes et tour à tour revendiqués par les talibans ou les jihadistes du groupe Etat islamique.

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