Panama : un président pour changer une image sulfureuse

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Par Juan José Rodríguez - Panama (AFP)
Publié le 02 mai 2019 - 08:45
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Vue du quartier d'affaires de Panama City, le 25 avril 2019
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© Luis ACOSTA / AFP
Vue du quartier d'affaires de Panama City, le 25 avril 2019
© Luis ACOSTA / AFP

Le président qui sera élu dimanche par les Panaméens aura pour tâche prioritaire de restaurer l'image du pays, ternie par le scandale des Panama Papers qui a révélé en 2016 le rôle du pays du Canal comme sanctuaire de l'évasion fiscale pour célébrités ou magnats des affaires.

Cette année-là, plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de 214.000 sociétés offshore ont été dévoilés. Les noms du footballeur argentin Lionel Messi, du cinéaste espagnol Pedro Almodovar ou de l'acteur chinois Jackie Chan ont ainsi été livrés, avec ceux d'environ 150 milliardaires, hommes politiques ou chefs d'Etat ou de gouvernement.

- Baies miroitantes -

Dans le gratte-ciel aux baies miroitantes où Mossack Fonseca avait son siège, il n'y a plus trace du cabinet d'avocats par lequel le scandale est arrivé, mais trois ans plus tard le Panama n'a toujours pas réussi à se laver de sa réputation sulfureuse et bataille toujours pour être retiré de plusieurs listes noires de paradis fiscaux.

"Dès le premier mois, nous réunirons des acteurs du secteur privé et des membres (et) anciens membres du gouvernement pour restaurer le nom du Panama sur la scène internationale", a lancé au cours d'un débat télévisé le candidat de l'opposition sociale-démocrate Laurentino Cortizo, un chef d'entreprise âgé de 66 ans qui mène la course dans les sondages.

Pour son principal rival aussi, l'ancien ministre des Affaires étrangères Romulo Roux (droite), "il faut défendre l'image du pays": "notre secteur des services est attaqué, et malheureusement nous n'avons pas su nous défendre", déplore-t-il.

"L'image du pays est atteinte. Je participe régulièrement à des transactions internationales et très souvent nous n'avons pas pu conclure des contrats d'investissement importants en raison de notre inscription sur des listes noires", explique à l'AFP l'ancienne ministre du commerce Gisela Alvarez de Porras. Le prochain gouvernement "va devoir continuer d'affronter le problème", ajoute-t-elle.

Déjà, le gouvernement sortant a adopté une série de mesures pour tenter de rétablir la réputation du Panama et la compétitivité de son secteur financier : désormais, contribuer à l'évasion fiscale est un délit pénal passible de prison et les institutions financières panaméennes doivent transmettre des informations de manière automatique, conformément aux normes de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE).

-"L'argent n'est pas au Panama"-

Carlos Garcimartin, économiste au Panama de la Banque interamaméricaine de développement (BID), salue ces "grands progrès en matière de transparence fiscale", et l'Union européenne et le Groupe d'action financière internationale (GAFI) ont rayé le Panama de leurs listes noires... Mais le pays du Canal est toujours considéré comme suspect.

"Personne ne veut créer des sociétés dans un pays qui est soumis à des enquêtes et qui est observé par tout le monde", explique à l'AFP l'économiste Francisco Bustamante, ancien du BID.

Pourtant, "l'argent n'est pas au Panama", assure-t-il, en soulignant qu'il y a 120 milliards de dollars dans le système bancaire panaméen, tandis que l'évasion fiscale a totalisé 340 milliards de dollars en 2016 pour la seule Amérique latine.

Pour beaucoup d'économistes ou banquiers panaméens, il faudrait plutôt regarder du côté des Etats-Unis et du Royaume-Uni.

Ulcérés de la mauvaise réputation dont leur pays n'arrive pas à se débarrasser malgré ses efforts, la plupart des candidats à la présidence ont averti qu'ils engageront des représailles contre ceux qui accuseraient le Panama d'être un paradis fiscal.

"Le Panama doit se défendre en faisant usage de ses mécanismes légaux, et c'est ce que nous allons faire, quel que soit le pays" qui portera ces accusations, a annoncé à l'AFP Ricardo Lombana, candidat indépendant.

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