Papouasie : évacuation de force des réfugiés du camp australien de Manus

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Par AFP
Publié le 23 novembre 2017 - 08:16
Mis à jour le 24 novembre 2017 - 12:30
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Photo fournie le 10 novembre 2017 par le réfugié soudanais Abdul Aziz Adam des autorités de Papouasi
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© Handout / Abdul Aziz Adam/AFP
Photo fournie le 10 novembre 2017 par le réfugié soudanais Abdul Aziz Adam des autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée démontant les tentes et abris des réfugiés du camp australien
© Handout / Abdul Aziz Adam/AFP

La police papouasienne a annoncé vendredi avoir totalement évacué le camp australien de réfugiés de Manus, mettant fin à trois semaines de bras de fer avec les centaines de demandeurs d'asile qui y étaient retranchés.

L'intervention, qui avait débuté jeudi, a repris de façon plus musclée vendredi, les policiers désormais armés de barres métalliques achevant dans la matinée de contraindre les migrants de sortir du camp pour se rendre dans d'autres centres de rétention.

"Entre 09H00 et 10H00 (23H00 GMT jeudi-00H00 GMT) ce matin, ils ont tous été évacués", a annoncé à l'AFP Dominic Kakas, un haut responsable de la police de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

"Tout est vide, les soldats ont repris leur base", a-t-il ajouté en référence au camp de Manus qui avait été ouvert par l'Australie sur une base navale papouasienne.

L'Australie est depuis des années dénoncée pour sa politique très dure contre les clandestins qui tentent de gagner ses côtes. Elle n'en accepte aucun sur son sol, mais les relègue indéfiniment dans des camps dans des pays tiers, comme celui sur l'îlot de Nauru, dans le Pacifique, ou celui de Manus.

Même si leur demande d'asile est fondée, ils ne seront pas acceptés sur le sol australien, Canberra ne leur offrant que la possibilité de s'établir dans un pays tiers. Ou de rentrer chez eux.

Cette politique n'a eu qu'un succès limité, peu de migrants consentant à aller dans un autre pays.

- 'Informations exagérées' -

L'Australie a essuyé un revers quand elle a été contrainte de fermer au 31 octobre le centre de Manus que la Cour suprême de Papouasie avait jugé anticonstitutionnel.

Elle a alors prié les demandeurs d'asile de se rendre dans d'autres centres de rétention de l'île.

Craignant que l'impasse administrative dans laquelle ils se trouvent ne se poursuive, des centaines de migrants ont opté pour le bras de fer avec les autorités en se retranchant dans le camp de Manus, quand bien même l'eau et l'électricité avaient été coupés.

Après une journée de jeudi marquée par l'évacuation contrainte d'une cinquantaine de migrants, environ 320 demandeurs d'asile demeuraient vendredi matin dans ce camp.

Des vidéos et des photos postées par les réfugiés sur les réseaux sociaux ont montré l'intervention musclée de policiers en uniforme brandissant des barres métalliques, et s'en servant pour pousser les migrants vers des bus garés à l'extérieur, alors même que la police papouasienne s'était engagée à ne pas recourir à la force.

Certains réfugiés ont envoyé des photos d'éraflures et de coupures, affirmant qu'elles venaient de coups donnés par les policiers.

Le ministre australien de l'Immigration, Peter Dutton, a accusé les défenseurs des réfugiés d'"informations inexactes et exagérées au sujet des violences et des blessures".

Il a dit à Brisbane être au courant des cas de trois personnes légèrement blessées. Mais le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a fait état de plusieurs personnes "grièvement blessées".

- 'Effrayés, épuisés, déprimés' -

Les associations disent craindre pour la sécurité des migrants s'ils restent à Manus, en raison de l'hostilité vraisemblable des habitants de l'île qui n'ont pas été consultés sur l'ouverture de ces camps.

"Ces hommes sont effrayés, ils sont épuisés et déprimés", a expliqué vendredi Amy Frew, avocate au sein du Centre juridique pour les droits de l'Homme, une ONG australienne.

"Après quatre ans et demi dans les limbes et l'incertitude, ils n'ont toujours pas d'endroit sûr où aller".

"Ce qui s'est passé ce matin montre que quoi qu'ils fassent, où qu'ils aillent, leur sécurité ne pourra être garantie tant qu'ils n'auront pas été évacués de Papouasie-Nouvelle-Guinée".

Saluant la fin de l'opération de police, le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a affirmé vendredi que les migrants étaient désormais sous la responsabilité de la Papouasie. Ce qui contribue à l'inquiétude des réfugiés comme des associations.

"Ce que nous voulons, c'est que ces gens acceptent l'offre qui leur est faite d'aller aux Etats-Unis, (...) de rentrer chez eux, de s'installer en Papouasie ou d'aller à Nauru", a dit M. Dutton.

"En aucun cas, ils ne viendront en Australie".

Le gouvernement australien soutient que sa politique très dure vis-à-vis des demandeurs d'asile permet d'éviter de dramatiques naufrages en ce qu'elle dissuaderait les migrants de se lancer dans la périlleuse traversée vers l'Australie.

La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern avait proposé d'accueillir 150 réfugiés. Mais Canberra a refusé.

"Les renseignements nous disent que si nous envoyons les gens en Nouvelle-Zélande, les traversées reprendront", a dit M. Dutton. "La Nouvelle-Zélande n'est pas une option."

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