Pas d'accord au Sénat américain sur l'immigration

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Par Michael Mathes - Washington (AFP)
Publié le 16 février 2018 - 00:08
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La sénatrice républicaine Susan Collins, co-auteure d'un projet de loi de réforme de l'immigration, parle à la presse dans les couloirs du Capitole le 14 février 2018 à Washington
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© Aaron P. Bernstein / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
La sénatrice républicaine Susan Collins, co-auteure d'un projet de loi de réforme de l'immigration, parle à la presse dans les couloirs du Capitole le 14 février 2018 à Washington
© Aaron P. Bernstein / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Le Sénat américain n'est pas parvenu jeudi à surmonter ses différences sur un projet de réforme de la législation sur l'immigration, sous la pression du président Donald Trump qui avait qualifié l'une des motions de "catastrophe totale".

Les sénateurs sont revenus à la case départ après trois jours d'intenses tractations en coulisses pour trouver un solution définitive au sort de près de deux millions de jeunes au statut précaire.

La motion, pourtant portée par des élus républicains et démocrates réunis au sein d'une "coalition du bon sens", n'a finalement recueilli que 54 voix (45 contre). Il en fallait 60 pour qu'elle soit adoptée par la chambre haute du Congrès, contrôlée d'une courte majorité par les républicains.

"Avoir 54 voix pour ce texte, c'est encourageant. Nous ne sommes pas au bout mais nous allons continuer de faire grossir le nombre", a réagi sur Twitter le sénateur républicain Lindsey Graham, se disant "fier" d'avoir soutenu la motion.

Une autre proposition de loi, plus restrictive et soutenue par Donald Trump, a eu encore moins de succès avec seulement 39 voix pour et 60 contre.

Le texte de la "coalition" répondait à certaines demandes de M. Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration une de ses priorités.

Il proposait un long processus de naturalisation pour 1,8 million de jeunes arrivés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents quand ils étaient enfants, et le financement à hauteur de 25 milliards de dollars pour renforcer la sécurité à la frontière avec le Mexique, notamment la construction d'un mur pour empêcher le passage de clandestins.

Mais il ne mettait pas fin aux systèmes de regroupement familial élargi --qualifié d'"immigration en chaîne" par le président-- et de loterie des cartes vertes, qui permet à des dizaines de milliers d'étrangers de s'installer aux Etats-Unis. M. Trump veut les supprimer au nom de la sécurité nationale.

- Menace de veto -

Le vote de cette proposition bipartisane "serait une catastrophe totale", a affirmé jeudi sur Twitter le président, reprenant les critiques du ministère de la Sécurité intérieure (DHS) qui avait mis en garde contre "la fin de la lutte contre l'immigration en Amérique".

"Voter pour cette proposition reviendrait à voter CONTRE les forces de l'ordre et POUR des frontières ouvertes", a-t-il ajouté.

Plus tôt, la Maison Blanche avait prévenu que le texte se heurterait à un veto présidentiel, s'il parvenait aussi à passer l'autre écueil de la Chambre des représentants contrôlée par les républicains.

"Il changerait drastiquement pour le pire notre politique nationale sur l'immigration en affaiblissant la sécurité aux frontières et saperait nos lois existantes", a affirmé la porte-parole de la présidence Sarah Sanders dans un communiqué.

Avant le vote, un responsable de la présidence avait appelé les sénateurs républicains "à retirer leur soutien" à un texte "très imprudent".

Le patron des sénateurs démocrates Chuck Schumer avait ironisé face à l'intransigeance de l'administration: "On n'obtient pas 100% de ce que l'on veut dans une démocratie, peut-être dans une dictature", avait-il dit, reportant d'avance la responsabilité d'un échec sur les épaules de M. Trump.

"Ce vote est la preuve que le projet du président ne deviendra jamais une loi", a commenté M. Schumer après le scrutin. "S'il arrêtait de torpiller les efforts des deux bords, nous aurions voté une bonne proposition".

La Chambre des représentants devrait mettre au vote son propre texte, qui n'a toutefois aucune chance de passer au Sénat.

Le temps presse pour ces jeunes, qui pourraient perdre leur statut protecteur à partir de début mars.

Quelque 690.000 d'entre eux --surnommés "Dreamers" (rêveurs)-- sont protégés de l'expulsion depuis 2012 par le décret "Daca" de Barack Obama. Les autres ne bénéficient pas de ce programme tout en y étant éligibles.

En abrogeant le Daca en septembre 2017, M. Trump a donné au Congrès jusqu'au 5 mars pour régler définitivement la question. Cette abrogation est toutefois contestée en justice.

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