Perquisitions de médias russes en Ukraine, le Kremlin promet une riposte

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Par Ania TSOUKANOVA avec Maxime POPOV à Moscou - Kiev (AFP)
Publié le 15 mai 2018 - 14:20
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Les services de sécurité ukrainiens ont perquisitionné mardi le siège de deux médias publics russes, la télévision RT et l'agence de presse Ria Novosti, interpellant un journaliste et suscitant l'ire du Kremlin, qui promet une riposte.

Ces perquisitions ont lieu dans un contexte de relations extrêmement tendues entre Moscou et Kiev depuis l'arrivée en 2014 d'autorités pro-occidentales au pouvoir en Ukraine, suivi de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie et d'un conflit meurtrier dans l'Est entre l'armée et des séparatistes prorusses.

Elles ont également lieu le jour où le président russe Vladimir Poutine inaugure un chantier colossal et hautement symbolique: celui du "Pont de Crimée", qui doit réduire l'isolement de la péninsule en la rattachant par la route et la voie ferrée au reste de la Russie.

"Les perquisitions se poursuivent chez Ria Novosti et dans d'autres médias", dont la chaîne de télévision RT (ex-Russia Today), "interdite en Ukraine", a indiqué à l'AFP la porte-parole des services de sécurité ukrainien (SBU), Olena Guitlianska.

Un journaliste de cette agence, l'Ukrainien Kyrylo Vychynski, a été interpellé près de son domicile dans la matinée pour des "activités antiukrainiennes", a-t-elle précisé.

Ces médias sont accusés par les autorités ukrainiennes d'être utilisés par la Russie "dans sa guerre hybride contre l'Ukraine", a-t-elle ajouté sur sa page Facebook.

Les bureaux de Ria Novosti et de RT partagent les mêmes locaux dans le centre de Kiev, selon le SBU.

- "Mesures de réciprocité" -

"Ce sont des actions absolument révoltantes et scandaleuses", a déclaré lors d'un point-presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, demandant "une réaction sévère et intransigeante" des organisations internationales et avertissant de futures "mesures de réciprocité".

"Toute action contre les médias russes est inacceptable", a-t-il martelé, affirmant que le gouvernement ukrainien a déjà à plusieurs reprises "réprimé la liberté d'expression" dans le pays.

Moscou "va défendre avec énergie les intérêts des médias russes" en Ukraine, a poursuivi M. Peskov.

Le directeur du conglomérat de presse public Rossia Segodnia, maison-mère des deux médias perquisitionnés à Kiev, a pour sa part appelé à la libération du journaliste Kyrylo Vychynski et à mettre un terme à la "persécution" des médias russes en Ukraine.

"Ce n'est pas la première fois que le régime de Kiev piétine les droits fondamentaux et les libértés en persécutant les journalistes", a déclaré Dmitri Kisselev, cité par Ria Novosti, en appelant aux organisations internationales.

La rédactrice en chef de la télévision RT, Margarita Simonian a de son côté estimé que Kiev avait "décidé de se venger pour le Pont de Crimée" que Vladimir Poutine doit inaugurer dans la journée.

- "Climat délétère" -

Le bureau de Ria Novosti en Ukraine compte une quinzaine de journalistes dont une partie sont chargés de transmettre des informations dans son siège à Moscou et les autres, dirigés par M. Vychynski, s'occupent du site rian.com.ua destiné à l'audience ukrainienne.

Dans un contexte de relations catastrophiques, les autorités de Kiev accusent régulièrement la Russie de se servir de ses médias publics, notamment la télévision, très regardée dans les régions russophones d'Ukraine, pour alimenter les sentiments séparatistes et saper la confiance dans le gouvernement.

L'Ukraine avait ainsi déjà interdit la diffusion des principales chaînes de télévisions russes sur son territoire, bloqué les principaux réseaux sociaux russophones et expulsé plusieurs journalistes russes de son sol.

L'Ukraine figure à la 101e place sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse 2018 de l'organisation Reporter sans frontières (RSF), qui souligne que la "guerre de l'information avec la Russie entretient un climat délétère" dans le pays.

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