Philippine : départ d'une soeur australienne qui irritait Duterte
Une religieuse australienne accusée par le président Rodrigo Duterte de s'être livrée à des activités politiques a annoncé mercredi avoir décidé de quitter les Philippines plutôt que de risquer une arrestation, après sept mois de bataille administrative pour éviter l'expulsion.
Patricia Fox, 71 ans, s'exprimait quelques heures après s'être vue infliger l'obligation de quitter le pays d'ici samedi après un refus de prolonger son visa de tourisme.
Mme Fox, qui appartient à la congrégation Notre-Dame de Sion fondée en France au XIXe siècle, vit depuis 1990 aux Philippines où elle s'est faite l'avocate des plus pauvres.
"J'ai reçu un ultimatum selon lequel si je ne pars pas avant le 3 novembre, je serais expulsée", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Cela ne sert à rien d'être arrêtée et expulsée, je n'ai pas le choix".
Mme Fox a fait l'objet en avril d'un arrêté d'expulsion, annulé en appel puis remplacé par un autre arrêté en juillet. Elle avait été brièvement arrêtée mi-avril après avoir participé à une mission d'enquête sur des violations présumées des droits de l'homme dans le sud, se rendant notamment à Davao, la ville du président.
Mme Fox a démenti toute activité politique, inscrivant son action dans la défense de la justice et la paix.
D'autres étrangers critiques envers le gouvernement de M. Duterte ont récemment fait l'objet de mesures comme l'expulsion en avril de Giacomo Filibeck, secrétaire général adjoint du Parti des socialistes européens, formation qui a dénoncé les "meurtres extrajudiciaires" durant la guerre anti-drogue dans l'archipel.
Quatre mois après, le militant australien des droits de l'homme Gill Boehringer, 84 ans, s'est vu interdire l'entrée pour avoir participé en 2015 à une manifestation.
Le secrétaire d'Etat philippin à la Justice Menardo Guevarra a indiqué à l'AFP que MMe Fox devait quitter les Philippines en raison de l'expiration de son visa, même si les procédures juridiques entourant son arrêté d'expulsion ne sont pas achevées.
"Si Soeur Fox finit par gagner, son nom sera retiré de la liste noire de l'immigration et elle pourra revenir aux Philippines", a-t-il dit.
Les partisans de la religieuse comptent continuer à réclamer son retour. "Notre combat n'est pas encore terminé", a déclaré l'association d'avocats National Union of People's Lawyers dans un communiqué.
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