Philippines : le volcan fait des heureux dans l'industrie touristique

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Par Ayee Macaraig - Legazpi (Philippines) (AFP)
Publié le 30 janvier 2018 - 08:36
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Des touristes se prennent en photo devant le volcan à Daraga, dans le centre des Philipines, le 30 janvier 2018
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© TED ALJIBE / AFP
Des touristes se prennent en photo devant le volcan à Daraga, dans le centre des Philipines, le 30 janvier 2018
© TED ALJIBE / AFP

Des dizaines de milliers de Philippins ont fui le Mayon mais l'éruption du volcan fait les affaires de l'industrie touristique dans une région très pauvre où les visiteurs se ruent sur les meilleurs point de vue comme sur les glaces "volcaniques" au piment rouge.

La province d'Albay a construit son image sur son volcan spectaculaire au cône quasi parfait. L'instabilité du Mayon offre des occasions infinies aux entrepreneurs de tout poil mais est aussi la cause d'une profonde misère.

Depuis que le Mayon a commencé à cracher de la lave voici deux semaines, les restaurants et hôtels situés juste à l'extérieur d'une zone "de danger" établie dans un rayon de neuf kilomètres autour du cratère connaissent un boom inhabituel en cette saison normalement peu propice au tourisme.

"Nous sommes reconnaissants car nous avons de nombreux clients mais nous nous sentons aussi coupables parce que tant de personnes sont touchées", déclare à l'AFP Purita Araojo, réceptionniste à la Vista Al Mayon Pensionne.

Près de 90.000 habitants ont fui le volcan pour se réfugier dans des abris surpeuplés où les conditions de vie et d'hygiène sont éprouvantes. Les autorités ont mis en garde contre une crise sanitaire.

Cette région avant tout agricole craint toujours une éruption explosive même si les spécialistes considèrent que les gens sont désormais hors d'atteinte du volcan qui culmine à 2.460 mètres.

Les Philippines sont sur la "ceinture de feu" du Pacifique, où se rencontrent des plaques tectoniques, source de fréquente activité sismique et volcanique. Le Mayon, situé à environ 330 kilomètres au sud-est de Manille, connaît sa 52ème éruption en 400 ans. Il est considéré comme le plus instable des 22 volcans philippins en activité.

- chili haché -

Mais ses grondements inspirent les entreprises locales, qui offrent des menus épicés tout en affichant de manière ostentatoire photos et logos à l'effigie du volcan.

Un best-seller d'un des restaurants du cru est le "Mayon hot lava", une glace en forme de volcan surmontée de chili haché, noyée sous un sirop épicé.

Les hôtels les plus luxueux diffusent l'éruption en streaming live. Les touristes et journalistes ont pris d'assaut les chambres qui offrent les meilleurs vues sur le cratère.

Le nombre de visiteurs dans la province d'Albay a augmenté de 10% en janvier sur un an, selon l'office du tourisme local. Les agences de voyage et les guides touristiques se réjouissent de l'affluence en cette période d'après-Noël d'ordinaire calme.

L'ancien clocher de l'église de Cagsawa, qui émerge du sol enherbé plus de deux siècles après que le Mayon avait enseveli vivants 1.200 de ses habitants, est une attraction touristique majeure.

Les gens posent devant le morceau d'édifice, se mettant en scène pour des photographies donnant l'illusion qu'ils prennent dans leurs mains le cratère incandescent.

Parfois, les nuages bas perturbent les séances de photos et les guides touristiques en sont réduits à puiser dans leurs talents de conteurs.

"Nous leur racontons la légende selon laquelle le nuage courtise le mont Mayon, que nous appelons "La Belle Dame", dit à l'AFP Hohanna Loterina. "Quand le nuage la recouvre, c'est qu'il ne veut pas que les autres la voient, c'est le témoignage de son amour".

Mais parallèlement au boom touristique, l'éruption aggrave les conditions de vie d'une population souvent pauvre. De nombreuses récoltes ont été détruites par les cendres.

Marcial Morato, qui cultive des piments, est pieds nus sur sa terre noircie où des tiges flétries sont tout ce qu'il lui reste. "C'est si dommage, je ne peux plus m'en servir, je vais devoir racheter de nouvelles graines", se lamente le paysan de 72 ans.

Venice Mar a perdu sa récolte de melons amers d'une valeur de 30.000 pesos (472 euros) mais il reste stoïque. Les désastres font des perdants et des gagnants, dit-il. "Nous sommes frustrés mais il faut prendre les choses comme elles sont. Nous y sommes habitués, entreprendre c'est parier".

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