Présidentielle en Egypte : un autre concurrent de Sissi risque d'être disqualifié

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Par Bassem ABOUALABASS - Le Caire (AFP)
Publié le 23 janvier 2018 - 18:32
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Une photo prise le 29 mars 2011 montre l'ancien chef d'état major de l'armée égyptienne Sami Anan (D) avec le commandant du CENTCOM américain de l'époque James Mattis lors d'une rencontre au Caire
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© KHALED DESOUKI / AFP/Archives
Une photo prise le 29 mars 2011 montre l'ancien chef d'état major de l'armée égyptienne Sami Anan (D) avec le commandant du CENTCOM américain de l'époque James Mattis lors d'une re
© KHALED DESOUKI / AFP/Archives

Un nouveau concurrent au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour la présidentielle du 26 mars, l'ex-chef d'état-major de l'armée Sami Anan, risque d'être écarté de la course après voir été accusé d'avoir falsifié des documents pour pouvoir se présenter.

L'issue de cette troisième élection présidentielle depuis le renversement par une révolution populaire en 2011 du raïs Hosni Moubarak, ne semble donc faire guère de doute.

Avant M. Anan, potentiellement hors course après les accusations publiées mardi par l'armée, trois concurrents ont été écartés ou ont dû renoncer à se présenter à la présidentielle.

Le général Anan avait annoncé samedi son intention de se porter candidat à la présidentielle, quelques heures après la confirmation par M. Sissi, qui fut aussi un ex-chef d'Etat major, de sa volonté de briguer un second mandat.

Or selon une vidéo publiée mardi sur sa page officielle Facebook, l'armée l'a accusé d'avoir annoncé sa candidature "sans l'autorisation des forces armées et sans suivre les procédures requises pour mettre fin à son service actif dans l'armée".

- Arrêté ? -

L'ancien chef d'état major est également accusé de "falsification de documents officiels pour affirmer que son service dans l'armée est terminé, contrairement à la vérité".

"Toutes les procédures judiciaires doivent être entreprises concernant ce qui a été commis en termes d'infractions et de crimes qui demandent sa comparution devant les juridictions compétentes", ajoute l'armée.

On lui reproche encore de vouloir créer la "division" entre l'armée et le peuple égyptien.

Selon l'entourage de M. Anan, l'ex chef de l'armée a même été arrêté mardi.

"Il a été arrêté ce matin à son bureau à Zamalek (un quartier du Caire, ndlr) et a été emmené au parquet militaire", a assuré à l'AFP Hisham Geneina, l'un des responsables de l'équipe de campagne de M. Anan.

Aucune source officielle n'a confirmé ni démenti cette arrestation.

Interrogé par l'AFP mardi avant même que les accusations de l'armée ne soient rendues publiques, Hazem Hosni, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, et porte-parole de M. Anan, a estimé qu'il "doit y avoir de l'espace (dans l'Etat) pour les libertés publiques, la participation politique".

"Tuer la politique de cette façon en Egypte n'est pas juste", a-t-il ajouté.

- Adversaire gênant -

Avant M. Annan, d'autres potentiels candidats n'ont pu ou voulu aller jusqu'au bout de la course présidentielle.

L'ex-Premier ministre égyptien Ahmed Chafiq, perçu comme un possible adversaire gênant pour M. Sissi, avait annoncé fin novembre son intention de se présenter depuis les Emirats arabes unis. Mais à son retour d'exil début décembre, il avait renoncé après avoir été introuvable pendant 24 heures.

Le colonel Ahmed Konsowa avait lui aussi annoncé en novembre son intention de se présenter. Mais il avait toutefois été interpellé peu après et condamné en décembre à six ans de prison pour "comportement nuisant aux exigences du système militaire".

Et le 15 janvier, le neveu de l'ancien président Anouar el-Sadate, Mohamed Anouar el-Sadate, devenu une voix dissidente, a annoncé qu'il ne serait pas candidat lui non plus, dénonçant un climat guère propice à un scrutin libre.

Seuls le fantasque patron du club de football de Zamalek, Mortada Mansour, et l'avocat Khaled Ali, dont la candidature est incertaine en raison d'ennuis judiciaires, sont encore susceptibles de se présenter avant la date limite de dépôt des candidatures le 29 janvier.

L'équipe de campagne de M. Ali doit se réunir mardi soir pour décider si cet avocat militant de gauche va se présenter.

Elu confortablement en 2014, M. Sissi avait renversé l'année précédente, en juillet 2013, son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi à la faveur d'importantes manifestations.

En quatre ans de présidence, il a réduit au silence toute opposition islamiste comme libérale, emprisonnant des centaines d'opposants.

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