Réconciliation palestinienne : les raisons d'y croire ou pas

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Par AFP
Publié le 02 octobre 2017 - 18:36
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Un Palestinien fait le signe de la victoire sur fond d'un drapeau palestinien à Beit Hanun, dans la
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© MOHAMMED ABED / AFP
Un Palestinien fait le signe de la victoire sur fond d'un drapeau palestinien à Beit Hanun, dans la bande de Gaza, le 2 octobre 2017.
© MOHAMMED ABED / AFP

Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah effectue sa première visite depuis 2015 dans la bande de Gaza, dans le but de surmonter une décennie de dissensions dévastatrices. Pourquoi croire ou douter des chances de cette réconciliation, après maints échecs ?

Quels sont les enjeux ?

L'Autorité palestinienne, entité internationalement reconnue basée en Cisjordanie occupée, et le mouvement islamiste Hamas, qui dirige sans partage la bande de Gaza, sont à couteaux tirés depuis plus de dix ans. Ces divisions sont considérées comme un des principaux obstacles au règlement du conflit israélo-palestinien et l'une des causes des maux affligeant les Gazaouis: guerres, blocus, chômage, pénuries...

Pourquoi croire au rapprochement ?

Excédé, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a ordonné cette année un rigoureux tour de vis financier visant le Hamas mais aggravant les malheurs des Gazaouis. Le Hamas a fini par accepter de dissoudre son gouvernement fantôme et à consentir à un retour de l'Autorité palestinienne à Gaza. En retour, celle-ci lèvera les mesures punitives "dès que le gouvernement assumera ses responsabilités à Gaza", dit Azzam Al-Ahmad, haut dirigeant du Fatah, le parti qui domine l'Autorité.

Quel sont les intérêts égyptiens ?

L'Egypte, un des deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec Israël, s'est fortement impliquée dans le rapprochement Hamas/Fatah. Le Caire "a vraiment l'air intéressé, cette fois, par la réussite de la réconciliation, dont elle va superviser l'exécution", dit Mukhaimar Abou Saada, professeur de sciences politiques à Gaza.

L'Egypte accuse notamment le Hamas de soutenir l'insurrection jihadiste qui ensanglante le Sinaï, région frontalière avec Gaza.

La réussite de ses efforts permettrait à l'Egypte de peser davantage dans les affaires palestiniennes, celles de Gaza en particulier, par rapport au Qatar, à la Turquie ou à l'Iran.

Un nouveau pragmatisme ?

Le Hamas a adopté en mai une plateforme programmatique cherchant à atténuer le ton belliqueux de sa charte fondatrice et à se présenter en interlocuteur plus acceptable. Toutefois, les pressions égyptiennes, la détérioration des conditions de vie à Gaza et son isolement grandissant n'auraient à terme probablement pas laissé au Hamas d'autre choix que de se montrer conciliant. Reste à savoir jusqu'où ce mouvement et sa composante armée sont prêts à pousser le compromis.

"Il n'a jamais été question et ne sera jamais question" de démanteler la branche armée du Hamas ou de rendre les armes, affirme Moussa Abou Marzouq, figure éminente du mouvement islamiste. Or l'Autorité palestinienne exige que les responsabilités du gouvernement soient entières à Gaza, incluant la sécurité.

Que faire des fonctionnaires du Hamas ?

Le sort des dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés par le Hamas après sa prise du pouvoir en 2007 et la question de leur rémunération ou non par l'Autorité ont fait avorter de précédents efforts de réconciliation. La question de leur intégration dans les services d'une Autorité déjà surdimensionnée et financièrement aux abois est essentielle, étant donné ses implications sur le quotidien des Gazaouis.

Comment valider la réconciliation ?

Le Hamas s'est dit prêt à accéder à l'une des exigences de l'Autorité: la tenue d'élections, qui seraient les premières dans les Territoires palestiniens depuis 2006.

Mais Fatah, Hamas et communauté internationale sont-ils prêts à accepter le résultat -aléatoire- des urnes ? L'accord d'Israël à l'organisation en Cisjordanie d'élections que le Hamas risquerait de gagner paraît en tout cas improbable.

Et M. Abbas ne peut voir d'un bon oeil le rôle qui serait imparti dans la réconciliation à l'un de ses rivaux, Mohammad Dahlane, présenté comme prétendant à sa succession.

Quel rôle pour les Etats-Unis ?

"Apparemment, les Etats-Unis n'ont pas opposé leur veto à la réconciliation. Ils savent qu'on n'avancera pas (sur le conflit israélo-palestinien) sans réconciliation, ni sans Gaza", dit l'analyste Mukhaimar Abou Saadaa.

Cependant, pour les Etats-Unis comme pour Israël et une grande partie de la communauté internationale, le Hamas doit encore remplir les exigences de reconnaissance d'Israël et de renoncement à la lutte armée contre l'Etat hébreu.

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