Damas rouvre deux passages avec la Jordanie et la zone du Golan sous contrôle israélien

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Par Jonah MANDEL - Plateau du Golan (AFP)
Publié le 15 octobre 2018 - 14:15
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Une photo fournie par l'agence officielle syrienne Sana montre le passage de Qouneitra sur le Golan, rouvert le 15 octobre 2018
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© - / SANA/AFP
Une photo fournie par l'agence officielle syrienne Sana montre le passage de Qouneitra sur le Golan, rouvert le 15 octobre 2018
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Fermé des années à cause du conflit syrien, un point de passage entre la Syrie et la partie du Golan sous contrôle israélien, ainsi qu'une route vitale vers la Jordanie ont rouvert lundi, confirmant une reprise en main par le régime de Damas.

En matinée, deux véhicules blancs de l'ONU ont franchi la barrière ouverte devant eux pour passer de Syrie vers le côté du plateau du Golan contrôlé par Israël. Ce point de passage de Qouneitra était fermé depuis quatre ans.

Peu auparavant, quelques dizaines de km plus au sud, et après trois ans de fermeture, les grilles en métal noir du poste-frontière syro-jordanien avaient été ouvertes à 08H00 locales (05H00 GMT), afin de laisser entrer en Syrie plusieurs voitures avec des plaques jordaniennes, selon des journalistes de l'AFP.

Les deux situations sont très différentes: le poste-frontière de Nassib --son nom syrien (Jaber côté jordanien)-- garde une route qui était autrefois une voie essentielle, non seulement pour le commerce entre les deux pays, mais pour les échanges au Moyen-Orient et vers l'Europe. En revanche, Qouneitra, sur le Golan, ne servait guère qu'aux opérations de la force de l'ONU chargée de veiller au respect du cessez-le-feu entre Israël et Syrie après la guerre de 1973, et au transit de Druzes allant étudier ou se marier en Syrie.

Mais si ces deux situations diffèrent, elles témoignent d'un retour progressif de souveraineté du régime syrien, soutenu par la Russie, l'Iran et le Hezbollah chiite libanais.

Après plus de sept ans de guerre, même s'il ne contrôle encore que la moitié des points de passage avec ses voisins (Jordanie, Irak, Liban et Turquie), le pouvoir de Bachar al-Assad a repris aux rebelles une large part du territoire syrien, dont la région bordant la frontière jordanienne et la quasi-totalité de la province de Qouneitra cet été.

- "Pays sûr" -

Au volant de la première voiture ayant passé la frontière entre la Jordanie et la Syrie, Hicham Falioune, homme d'affaires syrien vivant en Jordanie, voulait "être la première personne à entrer" en Syrie, afin de "montrer à tout le monde" que c'est "un pays sûr".

Avant le début du conflit en Syrie, en 2011, des centaines de camions transitaient quotidiennement par le poste-frontière, assurant le négoce transfrontalier mais aussi la connexion de la Jordanie avec l'Europe, via la Turquie.

Plus au nord, Nazih Ibrahim, 65 ans, fait partie des quelques Druzes syriens vivant du côté du Golan occupé par Israël à être venus assister à la modeste cérémonie de réouverture. Le passage est une "ligne de vie" entre les deux côtés, dit-il.

Celui-ci servait autrefois aux Druzes syriens vivant du côté israélien pour aller étudier ou se marier en Syrie, ou encore vendre leurs pommes, importante source de revenus.

Il permettait aux quelque 18.000 Druzes vivant du côté israélien après les guerres de 1967 et 1973 de maintenir le contact avec la Syrie. Ayant perdu leur nationalité syrienne, mais refusant la carte d'identité israélienne, nombre d'entre eux soutiennent le régime de Damas.

"Nous sommes Syriens et le resterons", assure Nazih Ibrahim, expliquant que son beau-frère vit en Syrie, tout comme d'autres de ses relations familiales.

- "Une adresse claire" -

Israël s'est emparé en 1967 de la majeure partie du Golan et l'a annexée en 1981. Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. Israël et la Syrie restent techniquement en état de guerre.

La Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement (Fnuod) déployée entre les côtés israélien et syrien avait dû abandonner ses positions en 2014 quand, dans le cadre de la guerre en Syrie, des groupes rebelles et des jihadistes de l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda s'étaient emparés du secteur, kidnappant brièvement 45 membres fidjiens de la force.

La Fnuod a repris ses patrouilles en août.

Dans un premier temps, le point de passage servira seulement au transit des Casques bleus entre les deux côtés à raison de deux fois par jour, a précisé un officier israélien. Quant au transit des Druzes et des pommes, "on verra où on va", a-t-il ajouté.

L'important est ailleurs pour l'armée israélienne, très attentive à ce qui se passe de l'autre côté de la zone tampon et inquiète de voir des forces hostiles se rapprocher.

"La Fnuod peut à présent commencer à veiller à l'application de l'accord de 1974, l'accord de désengagement, chose qu'ils ne pouvaient pas faire sans (l'ouverture du) point de passage", a relevé le même officier, tout en notant que la Force onusienne manquait toujours de moyens humains et qu'il lui faudrait "un peu de temps" pour recouvrer ses capacités opérationnelles.

"L'armée syrienne a repris ses responsabilités sur son côté de la frontière et du point de passage, elle communique (avec les Israéliens). Israël est de son côté, les Syriens du leur, il n'y a pas de Daech (acronyme arabe de l'organisation jihadiste Etat islamique, ndlr), pas d'Iraniens ni de Hezbollah. Il y a une adresse claire de l'autre côté. C'est tout ce qu'Israël souhaite", a réagi Eyal Zisser, directeur du département d'études du Moyen-Orient à l'Université de Tel-Aviv,

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