Roumanie : la gauche propose une eurodéputée au poste de Premier ministre

Auteur:
 
Par AFP - Bucarest
Publié le 16 janvier 2018 - 12:12
Image
Le chef du gouvernement roumain Mihai Tudose, le 10 octobre 2017 à Bucarest
Crédits
© DANIEL MIHAILESCU / AFP/Archives
Le chef du gouvernement roumain Mihai Tudose, le 10 octobre 2017 à Bucarest
© DANIEL MIHAILESCU / AFP/Archives

Les sociaux-démocrates roumains ont désigné mardi une eurodéputée, Viorica Dancila, pour succéder au Premier ministre démissionnaire qu'ils ont fait chuter en raison d'un conflit au sein de la tapageuse majorité de gauche.

"Mme Dancila est eurodéputée depuis 2009, elle est respectée à Bruxelles, consensuelle, communicative et a de bonnes relations avec les responsables de la Commission", a déclaré le président du parti social-démocrate (PSD) Liviu Dragnea.

Les sociaux-démocrates ont débarqué lundi soir leur second Premier ministre en quelques mois, Mihai Tudose, en poste depuis juin.

Mme Dancila pourrait être nommée dès mercredi si elle obtient l'aval du chef de l'Etat Klaus Iohannis qui recevra en milieu de journée le PSD et son petit allié libéral Alda. Elle deviendrait la première femme cheffe de gouvernement en Roumanie.

Sa désignation représente aussi "un signal pour Bruxelles, car nous voulons améliorer les relations du gouvernement avec la Commission", a ajouté M. Dragnea, alors que l'UE a critiqué ces derniers mois la Roumanie pour une réforme controversée de la justice promue par la majorité de gauche.

En attendant, le président de centre droit a chargé le ministre sortant de la Défense Mihai Fifor d'assurer l'intérim au poste de Premier ministre.

"Nous avons besoin rapidement d'un nouveau gouvernement pour que cette période d'incertitude ne se transforme pas en instabilité politique", a déclaré mardi le président "mécontent et inquiet" au lendemain de la nouvelle crise provoquée par le PSD, revenu au pouvoir il y a un an.

Après le renversement du gouvernement de Sorin Grindeanu en juin, le chef de l'Etat, confronté aux tensions croissantes au sein du parti au pouvoir, avait exprimé des doutes quant à la "capacité du PSD à gouverner", laissant entendre qu'il pourrait refuser de charger un nouveau membre du parti de diriger l'exécutif.

- Besoin d'un psy ? -

Si le PSD reste majoritairement uni derrière Liviu Dragnea, qui fait et défait les gouvernements, des voix dissidentes commencent à se faire entendre au sein de cette formation héritière de l'ancien parti communiste, et très implantée dans les régions paupérisées du pays.

"Je rêve!", a écrit sur son compte de Facebook un autre eurodéputé social-démocrate, Catalin Ivan, en froid avec son parti. "La seule qualité qui qualifie Mme Dancila pour cette fonction est sa soumission aveugle envers M. Dragnea", a-t-il ajouté.

La démission de M. Tudose a par ailleurs bouleversé le programme de la visite historique du Premier ministre japonais Shinzo Abe, arrivé à Bucarest à la mi-journée pour la fin de sa tournée en Europe centrale et orientale.

M. Abe a annulé sa rencontre avec le gouvernement, alors que les autorités roumaines espéraient qu'il participerait aux entretiens prévus entre les deux délégations, selon le service de presse du gouvernement roumain.

M. Abe sera reçu plus tard dans la journée par le président Iohannis.

Les médias n'étaient pas tendres envers les sociaux-démocrates, l'éditorialiste du quotidien Adevarul leur suggérant d'aller "consulter un psychiatre".

"Le PSD n'est pas intéressé par le gouvernement mais par le pouvoir - le pouvoir absolu", estimait de son côté le quotidien Ziarul Financiar.

Selon les experts, ces crises à répétition sont imputables à M. Dragnea qui souhaite contrôler le gouvernement, alors que lui-même ne peut briguer le poste de Premier ministre en raison d'une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale.

Actuellement jugé pour abus de pouvoir dans une affaire d'emplois fictifs, il est par ailleurs soupçonné de détournement de fonds européens. Ses avoirs ont été placés sous séquestre.

Héritier de l'ancien parti communiste, le PSD avait provoqué une vague de contestation sans précédent en Roumanie l'hiver dernier quand il avait tenté d'assouplir la législation anticorruption. Confronté à des manifestations géantes, le gouvernement avait fait machine arrière.

La majorité a toutefois fait passer en décembre une réforme controversée de la justice faisant craindre, selon ses détracteurs, une réduction de l'indépendance des magistrats et une restriction des prérogatives du Parquet anticorruption (DNA).

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.