Ruse et menace : les sombres dessous d'une vaste affaire d'abus sexuels en Norvège

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Par AFP - Oslo
Publié le 22 novembre 2018 - 17:02
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Un Norvégien de 26 ans s'est rendu coupable pendant des années d'infractions sexuelles, allant jusqu'au viol, sur plusieurs centaines de garçons mineurs
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© DAMIEN MEYER / AFP/Archives
Un Norvégien de 26 ans s'est rendu coupable pendant des années d'infractions sexuelles, allant jusqu'au viol, sur plusieurs centaines de garçons mineurs
© DAMIEN MEYER / AFP/Archives

Se faisant appeler "Sandra" sur la toile, il promettait sucreries, iPhone, photos dénudées, voire plus. Par la duperie et la menace, un Norvégien s'est rendu coupable pendant des années d'infractions sexuelles, allant jusqu'au viol, sur plusieurs centaines de garçons mineurs.

"C'est à ce jour la plus vaste affaire d'abus sexuels en Norvège", souligne le Parquet. Le nombre de victimes est si important --460-- que les procureurs ont choisi d'en écarter un tiers de la procédure judiciaire principale pour faciliter le travail de la justice.

Sur 80 longues pages, l'acte d'accusation, dont l'AFP a reçu copie jeudi, est un interminable catalogue de crimes et délits où internet joue un rôle majeur.

L'auteur des infractions? Un homme aujourd'hui âgé de 26 ans. Si le Parquet ne fournit que son prénom --Henrik--, de simples recoupements permettent de retrouver son identité complète et de déterminer qu'il a officié comme arbitre de football.

Son mode opératoire est bien rôdé. Sous le pseudonyme de "Sandra" ou parfois de "Henriette", il se fait passer pour une jeune fille sur la toile et entre en contact avec des garçons sur divers forums et applications.

Souvent contre la promesse de contreparties (photos dénudées, rencontres sexuelles ou encore bonbons, argent, appareils électroniques...), il leur extorque des vidéos où ils se mettent en scène dans des situations à caractère sexuel ou scatologique.

Il arrive que le ton se fasse menaçant: pour obtenir toujours plus de vidéos, il menace certains de publier sur la toile celles déjà en sa possession.

Dans plusieurs cas, il se rend aussi coupable d'agressions sexuelles --ou de tentatives-- lors de rencontres physiques avec ses victimes.

"Il reconnaît sa culpabilité", a déclaré à l'AFP son avocate, Gunhild Laerum. "Mais nous devons encore examiner les bases juridiques des accusations les plus graves, celles de viol".

La plupart des faits se sont produits de 2014 à 2016, même si certains remontent à 2011. Les plus jeunes victimes n'avaient alors guère plus de dix ans.

- Déjà arrêté en 2016 -

Durant l'été 2016, déjà sous le coup d'un long travail d'enquête, Henrik avait été arrêté puis rapidement remis en liberté, ce qui lui avait permis de poursuivre ses agissements jusqu'à sa seconde interpellation.

"C'est clairement malheureux et extrêmement regrettable mais nous n'avions pas idée de l'ampleur de l'affaire à ce stade-là de l'enquête", a déclaré un responsable de la police, Sindre Stave, au journal Verdens Gang (VG).

Pourquoi avoir pris le risque de recommencer alors qu'il se savait sur l'écran radar des policiers? "Il était dans un cycle de dépendance, il ne parvenait pas à s'arrêter", a expliqué son avocate, Gunhild Laerum. "Il trouve abominable que tant de personnes souffrent à cause de lui", assure-t-elle.

Maintenu en détention provisoire, son inculpation lui a été formellement notifiée cette semaine.

Comme le permet le Code pénal norvégien, l'acte d'accusation a été limité à environ 300 victimes.

"Nous n'avons pas inclus les abus contre 160 jeunes garçons et enfants dans la procédure principale parce que cela ferait que le dossier est trop gros pour la Cour", a indiqué la procureure d'État Guro Hansson Bull dans un courriel à l'AFP.

Dans la pratique, ces abus font l'objet d'une sorte de plaider coupable tacite. S'il avait choisi de les contester, l'accusé aurait pu insister pour qu'ils soient examinés par la justice.

"Ils ne seront pas évoqués au tribunal mais ces faits peuvent avoir une signification lors de la détermination de la peine", a indiqué Mme Hansson Bull.

Le procès doit s'ouvrir le 22 janvier prochain et durer neuf mois. Selon le Parquet, les chefs d'accusation les plus graves sont passibles de 15 ans de prison, voire 20 ans s'ils se sont répétés.

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