Scandale Odebrecht : six ans de prison pour le vice-président de l'Equateur

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Par AFP
Publié le 14 décembre 2017 - 09:15
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Le vice-président équatorien Jorge Glas à son arrivée à la chambre pénale de la Cour nationale, le 1
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Le vice-président équatorien Jorge Glas à son arrivée à la chambre pénale de la Cour nationale, le 13 décembre 2017 à Quito
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Le vice-président équatorien Jorge Glas, en préventive pour son implication dans le scandale Odebrecht, a été condamné mercredi à six ans de prison par la Cour suprême pour avoir perçu pour plusieurs millions de dollars de pots-de-vin du groupe de BTP brésilien.

Proche de l'ex-président socialiste Rafael Correa, en conflit avec son successeur Lenin Moreno, Jorge Glas, 48 ans et vice-président depuis 2013, est le responsable politique en activité de plus haut rang à être condamné dans cette affaire en Amérique latine.

Ce vaste scandale de corruption a éclaboussé jusqu'à d'anciens chefs d'Etat, tel le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ainsi que les Péruviens Ollanta Humala et Alejandro Toledo.

Les actuels présidents vénézuélien Nicolas Maduro et péruvien Pedro Pablo Kuczynski ont aussi été mis en cause.

Jorge Glas a comparu devant la chambre pénale de la Cour nationale de Quito, la juridiction suprême, qui l'a condamné à l'issue de trois semaines d'audiences pour association illicite, aux côtés de quatre autres personnes, dont son oncle Ricardo Rivera, par l'intermédiaire duquel le vice-président a empoché 13,5 millions de dollars de pots-de-vin.

Trois autres accusés ont été condamnés à seulement 14 mois de prison en raison de leur "coopération efficace" avec la justice, selon la décision du magistrat Edgar Flores lue devant la Cour.

Le Parquet, à l'origine de ce procès entamé le 24 novembre, avait requis la peine maximale de six ans pour ce crime d'association illicite.

- Nouvelles poursuites ? -

Cette condamnation ouvre la voie à d'éventuelles poursuites supplémentaires contre Jorge Glas pour détournement de fonds, corruption et/ou enrichissement illicite, crimes imprescriptibles et passibles de 13 ans d'emprisonnement, ainsi que blanchiment d'argent, selon des juristes.

La législation équatorienne prévoit le cumul des peines jusqu'au double de la plus grave, sans excéder 40 ans d'emprisonnement.

"Il y a des choses beaucoup plus importantes que la simple association illicite" dans l'affaire Odebrecht, qui aurait versé en Equateur quelque 47,3 millions de dollars de pots-de-vin pour obtenir des contrats de travaux publics, a à cet égard déclaré à l'AFP le juriste Ramiro Roman, membre d'une commission civique anticorruption.

L'homme fort du corréisme risque maintenant de perdre le poste auquel il a été élu il y a huit mois en tandem avec Lenin Moreno, et qu'il a conservé en dépit de sa mise en détention le 2 octobre.

Mais s'il faisait appel, il pourrait rester dans ses fonctions jusqu'à la décision définitive.

Si Jorge Glas soutient qu'il est congé, ce que le gouvernement ne valide pas, son absence du pouvoir pourrait amener le Congrès (parlement), à appeler à de nouvelles élections.

- Division de la majorité -

Le président Moreno, parti mercredi en Europe pour une visite officielle, avait estimé lundi que "cette semaine" était "très importante dans la lutte contre la corruption. Je crois fermement à la lutte contre l'impunité".

Il avait affirmé que la justice allait ainsi résoudre "une affaire qui a bouleversé le pays" et averti que ni lui, ni le peuple équatorien "nous ne permettrons une parodie de justice (...) ni dans ce cas, ni dans aucun autre".

Cette affaire "marque une rupture avec la dissimulation de la corruption qu'il y a eu pendant le gouvernement de Rafael Correa" (2007-2017), a déclaré à l'AFP Simon Pachano, un politologue de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso) de Quito.

Le procès, dans lequel aucun responsable d'Odebrecht n'est accusé, s'est déroulé en pleine crise du mouvement au pouvoir, Alianza Pais, divisé entre partisans de M. Correa et ceux de M. Moreno.

Rafael Correa et son allié Jorge Glas, qui était chargé de secteurs stratégiques, accusent Lenin Moreno de s'être allié à l'opposition et d'utiliser la lutte contre la corruption pour les affaiblir.

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