Sommet Trump/Kim : quand le Vietnam roucoule avec la Corée du Nord

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Par AFP - Hanoï
Publié le 14 février 2019 - 13:26
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Le Vietnamien Pham Ngoc Can (D) et son épouse nord-coréenne Ri Yong Hui dans leur maison, à Hanoï le 13 février 2019
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© Manan VATSYAYANA / AFP
Le Vietnamien Pham Ngoc Can (D) et son épouse nord-coréenne Ri Yong Hui dans leur maison, à Hanoï le 13 février 2019
© Manan VATSYAYANA / AFP

Une histoire d'amour entre un Vietnamien et une Nord-Coréenne est présentée à Hanoï comme le symbole de l'amitié entre les deux pays alors que le Vietnam s'apprête à accueilir un sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

Cette histoire, qui tombe à point nommé pour la Saint-Valentin, dure depuis trente ans à coups de lettres clandestines et de visites secrètes.

Le Vietnam communiste se réjouit d'accueillir fin février le deuxième sommet entre MM. Trump et Kim, une bonne occasion pour exister davantage sur la scène diplomatique. Le couple, lui, a des raisons toutes personnelles de s'intéresser aux espoirs de paix dans la péninsule coréenne.

"J'espère (...) que nous pourrons effectuer plus facilement des visites" en Corée du Nord, confie à l'AFP Pham Van Canh, un Vietnamien âgé de 69 ans.

Il a rencontré sa future épouse, Ri Yong Hui, en 1971 à l'usine d'engrais de Pyongyang où elle travaillait. Lui-même faisait partie des centaines de Vietnamiens envoyés dans ce pays communiste ami pour étudier comment leur pays pourrait se reconstruire après la guerre avec les Etats-Unis.

- Mouchoir et rencontres secrètes -

"J'ai demandé son nom aux autres, tenté de la rencontrer, se souvient-il. "A l'époque, il était interdit d'avoir des relations amoureuses entre Vietnamiens et Nord-Coréens".

Il a reçu un mouchoir comme premier gage d'amour. Leurs rencontres secrètes sont brutalement interrompues quand il doit rentrer au Vietnam en 1973.

Pour qu'elle corresponde avec lui, Canh laisse à Ri 20 enveloppes sur lesquelles il a écrit l'adresse professionnelle de sa mère à la Banque du Vietnam.

Le couple cherche ainsi à mieux contourner la surveillance du courrier exercée par les autorités nord-coréennes. Par précaution, il n'échange toutefois que deux à trois lettres par an pour ne pas se faire remarquer. Et s'en tient à des sujets sans danger, comme la santé et le travail.

"Nous étions amoureux et elle m'a même dit qu'elle voulait que nous mourions ensemble, que nous nous suicidions. Mais je lui ai dit: +nous sommes amoureux, pourquoi mourir? Attends moi et je reviendrai+".

Les années passent, il surveille l'évolution des relations entre leurs deux pays. La croissance vietnamienne dépasse celle de la Corée du Nord, il monte un club de l'amitié afin de lever des fonds pour le pays reclus et d'organiser des dons de riz.

Il demande également l'aide du ministère vietnamien des Affaires étrangères, qui soulève leur cas au titre d'une "affaire humanitaire" lors d'entretiens bilatéraux avec des Nord-Coréens, explique-t-il.

En 2002, ses efforts sont récompensés. Il obtient l'autorisation de se rendre à Pyongyang pour une courte cérémonie de mariage et de ramener Ri à Hanoï, à condition qu'elle garde sa nationalité nord-coréenne.

Aujourd'hui Ri a 70 ans et assure qu'elle aime sa vie à Hanoï où elle est installée avec Canh dans un appartement modeste. Le couple n'a pu retourner à Pyongyang qu'à trois reprises. "Je garde toujours ma patrie en tête", assure-t-elle à l'AFP.

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