Soudan : rassemblements antipouvoir dispersés, au moins un manifestant tué

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Par AFP - Khartoum
Publié le 24 janvier 2019 - 16:58
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La police soudanaise fait usage de gaz lacrymogène pour disperser une marche à destination du palais présidentiel, le 24 janvier 2019 à Khartoum
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La police soudanaise fait usage de gaz lacrymogène pour disperser une marche à destination du palais présidentiel, le 24 janvier 2019 à Khartoum
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Des milliers de Soudanais sont descendus jeudi dans la rue dans plusieurs villes du pays pour appeler au départ du président Omar el-Béchir, des rassemblements dispersés par la police et au cours desquels au moins un manifestant a été tué.

Depuis le 19 décembre, le Soudan est secoué par un mouvement de protestation déclenché par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique.

Les manifestations, rythmées par le principal slogan "liberté, paix et justice", se sont aussitôt transformées en rassemblements quasi quotidiens contre M. Béchir qui a imputé les violences à des "conspirateurs" et refuse de partir après trois décennies au pouvoir.

Elles ont été réprimées par les autorités, ce qui a valu à celles-ci plusieurs condamnations internationales dont celle des Etats-Unis qui ont averti que cela pourrait entraver la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays.

Selon les experts, le mouvement est devenu le plus grand défi posé à Omar el-Béchir depuis son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat soutenu par les islamistes en 1989.

Jeudi, un manifestant est mort à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum, a dit Amer Ibrahim, chef d'une commission dépendant du parquet et chargée d'enquêter sur les violences lors des manifestations. Un autre manifestant blessé lors d'un rassemblement le 13 janvier à Khartoum a succombé, a ajouté M. Ibrahim sans préciser les circonstances exactes de la mort des deux manifestants.

De son côté, un comité de médecins lié à l'Association des professionnels soudanais, à la tête du mouvement de contestation, a indiqué que deux manifestants avaient été tués jeudi. Le manifestant à Omdourman a été tué par des balles réelles et un autre manifestant est décédé en détention, a-t-il dit sans autre précision.

Selon M. Ibrahim, "jusqu'à présent 29 personnes sont mortes lors des manifestations" depuis le début des manifestations le 19 décembre.

Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont évoqué 40 morts dont des enfants et du personnel médical, accusant les forces de l'ordre d'en être responsables.

- "Rues bloquées" -

Répondant à l'appel de l'Association des professionnels soudanais, des milliers de personnes ont manifesté dans différentes villes du pays, dont Khartoum, Omdourman, Al-Jazeera (centre) et Al-Gadaref (sud-est), ou dans des villages au sud de la capitale, selon des témoins.

A Khartoum, des centaines de manifestants ont voulu marcher en direction de la présidence mais en ont été empêchés par la police, qui a fait usage de gaz lacrymogènes, comme lors de précédentes tentatives similaires, selon des témoins.

Défilant dans le quartier Buri à Khartoum, hommes et femmes ont crié:"Mourons en martyrs ou battons-nous pour nos droits".

D'autres ont répété "liberté, liberté" et "révolution, révolution" et ont bloqué les rues à l'aide de troncs d'arbre, de barres de fer, de pierres et de pneus enflammés, d'après des témoins.

"Nous accomplirons notre mission qui est de renverser le régime", a dit un manifestant.

A Khartoum, où les policiers équipés de masques ont patrouillé à bord de pick-up, des entreprises et magasins ont demandé à leurs employés de partir avant le début des manifestations et de nombreux élèves n'ont pas été à l'école.

- Enquête "crédible" -

Depuis le début de la contestation, le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) -qui mène la répression du mouvement- a arrêté des dizaines de leaders de l'opposition, de militants et de journalistes.

Mercredi, les Etats-Unis ont appelé les autorités soudanaises à libérer les militants détenus et à une "enquête crédible et indépendante sur les morts et les blessés parmi les manifestants".

Pour le président Béchir, les Etats-Unis sont à l'origine des difficultés économiques en raison d'un embargo, imposé pendant 20 ans (1997-2017), qui interdisait au Soudan de mener des activités commerciales et des transactions financières à l'international.

Au-delà de la baisse des subventions du pain, le Soudan, amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, fait face à un grave déficit en devises étrangères.

Les habitants sont confrontés à des pénuries régulières d'aliments et de carburants, tandis que les prix de certaines denrées subissent une forte inflation.

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