La police disperse une nouvelle manifestation antigouvernementale à Khartoum

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Par AFP - Khartoum
Publié le 15 janvier 2019 - 18:12
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Des soudanais manifestent contre le président Omar el-Béchir, dans les rues de la capitale Khartoum, le 13 janvier 2019
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Manifestation contre le gouvernement à Khartoum, le 13 janvier 2019 au Soudan
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Les forces anti-émeutes ont dispersé mardi à coups de gaz lacrymogènes une nouvelle protestation antigouvernementale à Khartoum, près de quatre semaines après le début d'un mouvement de contestation au Soudan déclenché par les hausses du prix du pain, selon des témoins.

Des hommes et des femmes scandant "paix, justice, liberté" ou "Nous sommes des combattants", se sont rassemblés dans le quartier d'affaires d'El-Kalakla, dans le sud de la capitale Khartoum, avant l'intervention de la police qui a lancé des gaz lacrymogènes, ont précisé les témoins à l'AFP.

A la suite d'un nouvel appel à protester mardi contre le président Omar el-Béchir, des renforts avaient été déployés pour épauler la police dans plusieurs quartiers de Khartoum, ainsi que dans la ville jumelle d'Omdourman.

Le rassemblement à El-Kalakla s'est divisé en soirée en petits groupes et des manifestants se sont rassemblés dans les rues et allées, avant d'être pourchassés par la police, selon les mêmes sources.

A Omdourman, les manifestants se sont dispersés à la nuit tombée.

Un mouvement de contestation a débuté le 19 décembre au Soudan après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique.

Les manifestations se sont rapidement transformées en une contestation du pouvoir d'Omar el-Béchir, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1989.

Vingt-quatre personnes sont mortes depuis le début du mouvement, selon un bilan officiel. Les ONG Human Rights Watch et Amnesty International parlent elles d'au moins 40 morts.

La semaine dernière, la Commission nationale des Droits de l'Homme a condamné "l'usage de balles réelles contre les citoyens" et appelé le gouvernement à "enquêter" sur les violences. C’était la première fois qu'un organisme gouvernemental reconnaissait l'usage de balles réelles contre les manifestants.

A l'initiative des protestations, l'Association des professionnels soudanais, qui regroupe notamment médecins, professeurs et ingénieurs, a appelé à une "semaine de soulèvement".

Environ 1.000 personnes dont des militants, des leaders de l'opposition et des journalistes, ont été arrêtées dans différentes villes du Soudan en quatre semaines de manifestations, selon des groupes de défense des droits humains.

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, M. Béchir a imputé la violence des dernières semaines à des "voyous" et des "conspirateurs", sans toutefois les nommer.

Lundi, devant la foule rassemblée à Niyala, capitale du Darfour-Sud, il a assuré que la contestation ne parviendrait pas à "un changement de pouvoir".

"Il y a une seule voie vers le pouvoir, et c'est celle des urnes. Le peuple soudanais décidera en 2020 qui doit les gouverner", a déclaré M. Béchir, 75 ans, dont une troisième candidature à l'élection présidentielle prévue l'an prochain est pressentie.

Il a encore affirmé que le Soudan était confronté "à des problèmes économiques" qui ne peuvent pas être résolus par des pillages et des incendies. Plusieurs bâtiments et bureaux du parti du Congrès national de M. Béchir ont été incendiés aux premiers jours de la contestation.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une inflation de près de 70% par an. Plusieurs villes souffrent de pénuries de pain et de carburant.

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