Sous-marin danois : à l'audience, les passions morbides de Peter Madsen

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Par Hélène DAUSCHY - Copenhague (AFP)
Publié le 21 mars 2018 - 05:00
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Vidéos de femmes décapitées ou empalées, recherches internet sur la découpe de cadavres, fascination pour les vampires: Le procès de l'inventeur danois Peter Madsen, jugé pour le meurtre présumé de la journaliste suédoise Kim Wall, a repris mercredi à Copenhague avec l'insoutenable exposé des passions morbides de l'accusé.

Jugé depuis le 8 mars pour le meurtre de Kim Wall venue l'interviewer le 10 août 2017 dans son sous-marin, Peter Madsen, 47 ans, a affirmé à l'ouverture de son procès que la jeune femme avait succombé à des gaz toxiques libérés lors d'une soudaine dépressurisation de l'habitacle.

Arrêté le 11 août alors que son sous-marin était en train de sombrer - sabordé par lui-même selon l'accusation - Peter Madsen a reconnu à l'audience avoir décapité, démembré et jeté en mer le corps de la journaliste après sa mort accidentelle.

Il nie l'avoir violentée, agressée sexuellement et tuée intentionnellement comme le croit le parquet.

Pour le moment, ni ses explications, changeantes, ni l'autopsie, n'ont permis de déterminer la cause et les circonstances du décès.

Mais selon le parquet, Kim Wall a été ligotée, battue, puis étranglée ou égorgée. Le mode opératoire n'est pas prouvé mais concorde avec les conclusions de l'autopsie et est surtout compatible, selon l'accusation, avec le profil de l'accusé.

- Vidéos violentes -

La cour a visionné mercredi plusieurs films violents retrouvés sur le disque dur de l'ordinateur de Peter Madsen: des vidéos, dont deux dessins animés, montraient des femmes égorgées, empalées et décapitées. Des textes sur des femmes empalées ont aussi été retrouvés.

Madsen, à qui il arrive de filmer ses ébats avec une caméra GoPro, a refusé de les regarder lors de leur diffusion.

La défense fait valoir que le disque dur était également accessible au personnel de l'atelier de Madsen. Une certaine A., photographe, décrite par Madsen comme ayant un attrait pour les images sexuelles violentes, l'aurait notamment emprunté.

Des vidéos de décapitation, il reconnaît pourtant en avoir visionné. "J'ai cherché ce genre de choses pour des raisons émotionnelles et non pour des raisons érotiques", avance-t-il.

Quant aux mutilations sexuelles - quatorze plaies dans et autour des parties génitales de la victime sans qu'il soit possible de déterminer si elles ont été infligées avant ou après la mort - Madsen a une explication pratique: il craignait, explique-t-il, que les gaz générés par le corps en décomposition ne le fissent remonter à la surface.

"Il n'y a rien d'érotique dans ces coups", a-t-il expliqué.

Le procureur l'interroge sur un SMS troublant envoyé à une femme, le 4 août: "Je vais te ligoter et t'empaler avec un pic à brochettes". Là encore, Peter Madsen esquive, prétexte un jeu.

Alors le représentant du ministère public insiste, rappelant que quelques heures avant de rencontrer Kim Wall, il avait effectué des recherches sur la Toile avec les mots clés "femme" et "décapitation". "Une coïncidence", rétorque l'accusé.

- 'Pervers polymorphe' -

Pas moins de 37 experts et témoins, dont la majorité cités par l'accusation, sont attendus à la barre à partir de jeudi, troisième des douze jours d'audience programmés.

Très défavorable à la défense, le rapport d'expertise psychiatrique cité par le ministère public dépeint un "pervers polymorphe et sexuellement déviant", présentant des "traits psychopathiques".

Des témoins, dont plusieurs ex-liaisons citées à comparaître, viendront étayer ce portrait, en lui prêtant de multiples perversions sexuelles, des jeux sadomasochistes au cours desquels il se livre à des simulacres d'étranglement.

L'ingénieur danois maintient bec et ongles la thèse de l'accident. A partir de jeudi, légistes et techniciens de marine se succéderont à la barre pour démonter ce scénario remanié à chaque fois que les policiers lui présentaient de nouvelles pièces matérielles à charge.

Lui soutient avoir varié pour "épargner" aux proches de la jeune femme les circonstances "terribles" de sa mort. Les parents de Kim Wall, présents à l'ouverture du procès le 8 mars, n'étaient pas sur le banc des parties civiles mercredi.

Peter Madsen doit à nouveau témoigner le 28 mars, afin d'évoquer la soirée du 10 août, durant laquelle Kim Wall est morte.

Le verdict est attendu le 25 avril. Le parquet a requis la prison à vie.

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