Syrie : Washington peine à convaincre ses alliés d'envoyer des troupes après son départ

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Par Daphné BENOIT, Sylvie LANTEAUME - Munich (Allemagne) (AFP)
Publié le 14 février 2019 - 19:17
Mis à jour le 15 février 2019 - 17:40
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Un véhicule blindé de la coalition anti-EI lors d'une opération contre les jihadistes dans la province de Deir Ezzor, le 14 février 2019 en Syrie
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© Delil SOULEIMAN / AFP
Un véhicule blindé de la coalition anti-EI lors d'une opération contre les jihadistes dans la province de Deir Ezzor, le 14 février 2019 en Syrie
© Delil SOULEIMAN / AFP

Le chef du Pentagone a peiné vendredi à convaincre ses partenaires de la coalition anti-Etat islamique (EI) d'établir une présence militaire dans le nord syrien, une fois les Américains partis, pour protéger les alliés kurdes.

Les treize ministres de la Défense des principaux pays de la coalition internationale anti-jihadiste, réunis en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, cherchent depuis des semaines une réponse au casse-tête du retrait imminent du principal contributeur à cette alliance militaire.

L'objectif est double: ne pas abandonner à leur sort des Kurdes qui ont mené sur le sol syrien les combats contre l'organisation jihadiste Etat islamique, avec l'appui de la coalition, et maintenir un effort antiterroriste pour éviter la résurgence de l'EI, passé dans la clandestinité.

Mais le chef intérimaire du département à la Défense, Patrick Shanahan, n'a pas apporté de solution concrète à ses partenaires. Et sa proposition de les voir constituer une "force d'observateurs" dans le nord-est syrien a été fraîchement accueillie.

"Si le temps est venu de réduire le nombre de troupes américaines au sol dans le nord-est de la Syrie, les Etats-Unis restent engagés en faveur de la cause de la coalition: la défaite permanente de l'EI au Moyen-Orient et au-delà", a assuré M. Shanahan, en promettant de rester "au côté des alliés et partenaires". Sans précision.

- L'EI se réorganise -

Aux yeux des alliés, le temps presse: le retrait unilatéral des Américains interviendra dans les semaines suivant la reprise du dernier réduit des combattants de l'EI dans l'est syrien par les forces arabo-kurdes (FDS) et de la coalition.

La France comme l'Allemagne, endeuillées par des attentats jihadistes sur leur sol, craignent que ce retrait entraîne une dispersion des combattants jihadistes étrangers et la réapparition de cellules en Syrie.

"Le califat physique a été détruit" mais "l'EI change de visage et se réorganise dans la clandestinité, bâtissant des réseaux avec d'autres groupes terroristes, y compris un réseau mondial", a fait valoir vendredi la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen.

Autre enjeu majeur: le retrait des 2.000 soldats américains laisse en suspens l'avenir des zones contrôlées au nord par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) que la Turquie veut neutraliser. Damas réclame pour sa part la fin de l'autonomie kurde dans cette zone.

M. Shanahan avait évoqué plus tôt dans la semaine la création d'une force d'observateurs dans une zone tampon, afin de protéger les Kurdes syriens, et empêcher des cellules jihadistes de se reconstituer.

"Nous en avons parlé (...) mais seulement en termes généraux" vendredi, a indiqué un haut responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat, mais "c'est un sujet sur lequel les ministres ont des vues différentes".

L'idée est de fait accueillie avec scepticisme par Paris, qui contribue aux opérations de la coalition à hauteur de 1.200 hommes (artillerie, forces spéciales, frappes aériennes et formation de l'armée irakienne).

- 'Hors de question' -

"Il est totalement hors de question d'avoir des Français au sol sans les Américains" sur le terrain, a affirmé à l'AFP une source française.

D'autant que "pour sécuriser une telle zone de 400 km le long sur 30 km de large, il faudrait 20.000 hommes", renchérit un haut gradé européen.

Vendredi à Munich, Ursula von der Leyen a diplomatiquement envoyé un message similaire à Washington.

"Nous devons défendre le principe de l’équité dans l’amitié transatlantique", a-t-elle plaidé. Or, "l'équité, ça vaut pour le partage du fardeau militaire, et aussi pour les décisions politiques. Pour nos missions, nous défendons le principe: on rentre ensemble, on sort ensemble", a-t-elle affirmé. "Cela vaut aussi pour la Syrie".

Interrogé mercredi sur la possibilité d'envoyer des troupes au sol en Syrie pour protéger la "zone tampon" proposée par Washington, le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, a seulement promis que son pays "continuera à faire tout le nécessaire pour (s') assurer que la Grande-Bretagne et ses alliés restent en sécurité" face à la menace d'une résurgence de l'EI.

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