Syrie : nouvelles évacuations des dernières ruines de l'EI en Syrie

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Par Rouba EL HUSSEINI - Près de Baghouz (Syrie) (AFP)
Publié le 26 février 2019 - 11:29
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Un enfant évacué de la dernière poche tenue par l'Etat islamique (EI) à Baghouz (est de la Syrie), le 25 février 2019
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© Delil SOULEIMAN / AFP
Un enfant évacué de la dernière poche tenue par l'Etat islamique (EI) à Baghouz (est de la Syrie), le 25 février 2019
© Delil SOULEIMAN / AFP

De nouveaux évacués de l'ultime réduit du groupe Etat islamique (EI) dans l'est de la Syrie subissaient mardi fouilles et interrogatoires des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui attendent la sortie des derniers civils pour lancer l'assaut "final" contre les jihadistes retranchés.

Ces derniers jours, des hommes, femmes et enfants, dont de nombreux étrangers, sont sortis par milliers de la petite poche tenue par l'EI dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie.

Mais selon les combattants anti-EI des Forces démocratiques syriennes (FDS), quelques milliers de civils, principalement des proches de jihadistes, se trouvent encore dans ce réduit de moins d'un demi-kilomètre carré, composé de quelques pâtés de maisons accolés à un campement informel.

Mardi, des centaines de personnes, dont des femmes et des enfants en grand nombre, ont quitté Baghouz à bord de 11 camions-remorques pour être déposées à une position des FDS près du village, a constaté une journaliste de l'AFP.

Comme d'habitude, tout le monde est soumis à des fouilles et des interrogatoires poussés menés par les combattants kurdes et arabes des FDS pour identifier les jihadistes.

Certaines femmes ont assuré que leur téléphone portable avait été confisqué. Une fois fouillées, elles vont s'asseoir avec leurs enfants, récupérant du lait, du pain et des couches à un point de distribution.

Lundi déjà, des centaines de personnes à bord de 46 camions avaient quitté Baghouz. Environ 300 personnes blessées dans des explosions de mines ou des bombardements, principalement des femmes, avaient été recensés parmi ces arrivants.

Une journaliste de l'AFP a pu voir une fillette de 11 ans amputée d'une jambe, et un enfant de trois ans au poignet cassé accompagnant sa mère enceinte, elle aussi blessée.

- Quid des étrangers? -

Plusieurs femmes expliquaient ne pas avoir pu quitter Baghouz plus tôt faute d'argent pour payer des passeurs.

"A l'intérieur, il n'y a que la faim", confie l'une d'elles. A côté, deux enfants dévorent de la confiture, à même le pot.

Non loin, une femme originaire du Kazakhstan demande quand sera distribué un éventuel repas. Une Russe est également présente parmi les déplacés, selon la journaliste de l'AFP.

Soutenus par la coalition internationale emmenée par Washington, les FDS attendent le départ des derniers civils pour relancer l'offensive contre les jihadistes réfractaires, retranchés dans des tunnels au milieu d'un océan de mines.

Depuis décembre, près de 50.000 personnes, principalement des familles de jihadistes, ont quitté la poche de l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Parmi eux, se trouvent plus de 5.000 jihadistes, selon l'OSDH.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014, et la proclamation d'un "califat" sur des pans entiers de la Syrie et de l'Irak, l'EI a vu son territoire se réduire comme une peau de chagrin.

A son apogée, l'organisation avait attiré des milliers d'étrangers. Des Français, des Britanniques, ou encore des Russes d'origine tchétchène.

Les femmes et les enfants sont aujourd'hui installées dans des camps de déplacés du nord-est syrien, tandis que les hommes sont maintenus en détention.

Ce dossier est un véritable casse-tête pour les autorités semi-autonomes kurdes, qui réclament le rapatriement des étrangers, mais aussi pour les Occidentaux, qui rechignent globalement à les reprendre.

L'Irak voisin a annoncé lundi avoir accueilli 13 jihadistes français transférés depuis la Syrie. Ils seront jugés par la justice irakienne, qui a déjà condamné à mort ou à la prison à perpétuité des centaines d'étrangers.

- "Ne pas crier victoire" -

Le "califat" autoproclamé par l'EI couvrait autrefois un territoire vaste comme le Royaume-Uni. Quasiment rayé de la carte, le groupe a commencé à muer en organisation clandestine dissimulée dans le désert central de la Badiya en Syrie, développant des cellules dormantes pour mener des attentats meurtriers, selon des experts.

En l'absence d'un engagement antiterroriste soutenu, il ne faudrait à l'EI qu'entre six à 12 mois pour entamer une "résurgence", avait récemment averti l'armée américaine dans un rapport.

Il y a "beaucoup de poches d'extrémistes en Syrie, faisant peser une forte menace sur la Syrie, l'Irak, et l'Occident", a estimé lundi le président irakien Barham Saleh en visite à Paris.

"Ce n'est pas la fin de l'extrémisme et du terrorisme", a-t-il déclaré. Il "ne faut pas crier victoire trop tôt".

La bataille contre l'EI représente aujourd'hui un des principaux fronts de la guerre en Syrie qui a tué plus de 360.000 personnes et déplacé plusieurs millions d'autres depuis 2011.

Dans le même temps, le feu couve sous la cendre dans le nord-ouest de la Syrie, où 20 combattants prorégime ont été tués en trois jours dans des attaques menées par d'autres groupes jihadistes qui dominent la province d'Idleb, a annoncé mardi l'OSDH.

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