Syrie : les pourparlers de Genève démarrent enfin

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 30 novembre 2017 - 00:44
Image
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, à Genève le 29 novembre 2017
Crédits
© MARTIAL TREZZINI / POOL/AFP
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, à Genève le 29 novembre 2017
© MARTIAL TREZZINI / POOL/AFP

Les difficiles négociations de Genève sur la Syrie ont pu enfin démarrer mercredi, avec l'arrivée de la délégation du gouvernement, qui avait retardé sa venue pour manifester son mécontentement alors que l'opposition réclamait une nouvelle fois le départ du président Bachar al-Assad.

Après deux jours de tractations, la Russie, alliée militaire et politique de Damas, a néanmoins convaincu le gouvernement, peu enclin à faire des concessions alors qu'il a pratiquement gagné la guerre contre les rebelles et les jihadistes, de participer à cette 8ème session du processus de Genève.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui a déjà organisé sans succès sept cycles de discussions depuis 2016, a eu son premier entretien officiel avec le chef de la délégation gouvernementale, l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari, en fin d'après-midi au Palais des Nations, siège de l'ONU.

Il a ensuite rencontré dans la soirée la délégation de l'opposition dirigée par Nasr Hariri, avec laquelle il s'était déjà entretenu la veille.

M. de Mistura a annoncé que les discussions pourraient se prolonger la semaine prochaine "avec peut-être une pause autour du week-end".

- Changement subtil -

Il espère pouvoir centrer les discussions avec le régime et l'opposition sur la rédaction d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections sous l'égide de l'ONU, deux thèmes acceptables pour Damas.

Le médiateur compte y parvenir grâce à la présence, pour la première fois, d'une seule et unique délégation représentant toutes les composantes de l'opposition, dont les éléments les plus extrémistes ont été écartés.

Le gouvernement syrien a clairement averti qu'il était hors de question de discuter de l'avenir du président Assad, un sujet ultra-sensible qui a fait capoter toutes les précédentes réunions à Genève.

Dans le communiqué final de la réunion la semaine dernière à Ryad où a été négocié l'accord sur une délégation unique, l'opposition a subtilement modifié son discours sur ce point, en n'exigeant plus le départ immédiat du président Assad, mais en soulignant qu'il s'agissait d'un "objectif" à atteindre.

Mais à peine arrivé à Genève, le chef de l'opposition, Nasr Hariri, a remis de l'huile sur le feu lundi soir en réaffirmant qu'il s'agissait d'une condition préalable à toute transition vers des élections.

- "Flexible" -

M. de Mistura n'apprécie guère ces provocations devant les caméras qui ne font que braquer le régime. En septembre, il avait d'ailleurs sèchement appelé l'opposition à être "assez réaliste pour réaliser qu'elle n'a pas gagné la guerre".

Le message est peut-être passé auprès de Nasr Hariri lors de son entretien mardi à l'ONU. Selon un diplomate européen qui suit ces négociations, les pays de la coalition qui soutiennent l'opposition l'encouragent également à se montrer plus "flexible".

"Nos discussions avec M. de Mistura portent spécifiquement sur le processus de rédaction d'une nouvelle Constitution et la tenue d'élections", a ainsi affirmé mercredi à l'AFP un membre de l'opposition.

Avant son entrevue avec le médiateur, Nasr Hariri a déclaré aux journalistes que "maintenant que l'autre partie est arrivée, nous voulons avancer rapidement, aussi vite que possible vers des négociations directes".

Jusqu'à présent, les deux délégations n'ont jamais discuté face à face, le régime accusant certains membres de l'ancienne délégation d'être des "terroristes".

- 250 milliards de dollars -

De son côté, la Russie, qui est venue au secours du régime syrien en entrant militairement dans le conflit fin 2015, souhaite un règlement politique.

Le président russe Vladimir Poutine a multiplié avec succès les initiatives diplomatiques, avec l'aide de l'Iran, autre soutien de Damas, et de la Turquie, soutien des rebelles. Mais il sait qu'il a besoin de l'ONU pour pousser ses pions et sauvegarder ses intérêts en Syrie.

"Je pense qu'ils ont quelques cartes vraiment fortes dans les mains, mais ils n'ont pas toutes les cartes. (...) Seule Genève a la légitimité (...) et seule Genève débloquera l'aide internationale massive nécessaire pour remettre la Syrie sur pied", a souligné ce diplomate.

Après plus de 6 années de conflit, qui ont fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés, l'ONU estime qu'il faudra au moins 250 milliards de dollars pour reconstruire le pays.

Ces pourparlers interviennent en outre alors que la situation humanitaire dans la Ghouta orientale, région rebelle assiégée en périphérie de Damas, est dramatique. "Le taux d'enfants de moins de cinq ans souffrant de sévère malnutrition est de 11,9%, soit le plus haut taux jamais enregistré en Syrie depuis le début de la guerre", a alerté mercredi l'Unicef.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.