Thaïlande : l'instabilité chronique de la vie politique

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Par AFP - Bangkok
Publié le 23 janvier 2019 - 12:36
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Le président de la commission électorale thaïlandaise, Ittiporn Boonpraconq, le 23 janvier 2019 à Bangkok
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© Seksan ROJJANAMETAKUL / AFP
Le président de la commission électorale thaïlandaise, Ittiporn Boonpraconq, le 23 janvier 2019 à Bangkok
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De coups d'Etat en manifestations monstres, la Thaïlande, où les premières législatives depuis l'arrivée au pouvoir de la junte militaire en 2014 sont enfin annoncées, est marquée par une instabilité politique chronique.

2001, le phénomène Thaksin

Quelques années après la crise financière asiatique de 1997, un ancien policier devenu milliardaire dans les télécommunications, Thaksin Shinawatra, dynamite la scène politique. Il remporte les élections de 2001, grâce notamment à une popularité acquise dans les régions agricoles avec ses promesses de "couverture santé universelle", jugées populistes par les élites traditionnelles de Bangkok.

Une fois au pouvoir, il se construit une image d'homme proche du peuple, multipliant notamment les aides aux petits agriculteurs, en plus de mettre en place sa fameuse couverture santé.

Les politiciens de l'époque "étaient très discrédités, c'était un moment opportun pour émerger", analyse l'historien Chris Baker.

Mais en 2006, après d'importantes manifestations, des généraux royalistes conservateurs renversent Thaksin Shinawatra, en déplacement à New York.

Les militaires reprennent alors en main le pays, qui a connu une vingtaine de coups d'Etat depuis 1932.

2008, l'ère des manifestations

Mais, dès les élections organisées en 2007 par les militaires, le Parti du pouvoir du Peuple (PPP), proche de Thaksin, remporte le scrutin, avec une rapidité qui explique le temps pris par la junte actuelle pour organiser un nouveau scrutin.

Le retour en force du milliardaire ne dure pas. En mai 2008, le mouvement royaliste anti-Thaksin des "Chemises jaunes" organise de grandes manifestations, conduisant à l'instauration de l'état d'urgence.

S'ensuivent des années, qualifiées par les historiens de "décennie perdue", de manifestations avec d'un côté les "Chemises jaunes", partisans des élites traditionnelles du royaume, et de l'autre leurs frères ennemis des "Chemises rouges" pro-Thaksin.

Le mouvement culmine en 2010 quand des dizaines de milliers de "Chemises rouges" s'installent à Bangkok. Il se finit par l'assaut de l'armée en mai sur leur camp retranché. Bilan de cet épisode qui continue de hanter la politique thaïlandaise: plus de 90 morts et 1.900 blessés.

2011, la "marionnette" Yingluck

Des élections en 2011 marquent le grand retour du "clan Shinawatra". La soeur du milliardaire, Yingluck Shinawatra, novice en politique, est tête de liste et son parti remporte largement les élections. Yingluck, considérée par ses détracteurs comme la marionnette de son frère exilé à Dubaï, devient Première ministre.

Mais la stabilité n'a qu'un temps. Dès 2013, l'examen au Parlement d'un projet de loi d'amnistie pouvant permettre le retour de Thaksin met le feu aux poudres et les manifestants anti-Thaksin descendent à nouveau dans la rue.

2014, la revanche des généraux

Les manifestants anti-Thaksin obtiennent, après plusieurs mois émaillés d'incidents meurtriers, l'instauration de l'état d'urgence à Bangkok début 2014.

L'armée, appelée à renverser le gouvernement de Yingluck par les manifestants conservateurs, passe le pas en mai 2014.

La chef du gouvernement est tenue au secret avec plusieurs autres hommes politiques de premier plan pendant plusieurs jours par les militaires.

Les généraux justifient leur coup d'Etat par la nécessité de protéger la monarchie, alors que le roi Bhumibol était mourant. Son fils Maha Vajiralongkorn est désormais au pouvoir.

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