Tunisie : des pluies torrentielles sèment chaos et mort dans le nord-est

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Par Fethi Belaid - Nabeul (Tunisie) (AFP)
Publié le 23 septembre 2018 - 14:51
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Photo du pont de Bir Challouf, dans le nord-est de la Tunisie, qui s'est effondré lors des inondations meurtrières, prise le 23 septembre 2018
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© FETHI BELAID / AFP
Photo du pont de Bir Challouf, dans le nord-est de la Tunisie, qui s'est effondré lors des inondations meurtrières, prise le 23 septembre 2018
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Des pluies diluviennes se sont abattues sur le Cap Bon, péninsule du nord-est de la Tunisie, donnant lieu à d'impressionnantes inondations qui ont fait au moins quatre morts et ont détruit routes, commerces et véhicules par dizaines.

L'eau est monté à plus d'1,70 m dans certains quartiers de Nabeul (nord-est), chef-lieu du gouvernorat, où de nombreux ponts et routes ont été endommagés, après ces pluies record qui ont parfois constitué l'équivalent de six mois de précipitations.

Le bilan est grimpé à quatre morts, deux hommes âgés et deux soeurs emportés par les flots, a indiqué en matinée le ministère de l'Intérieur.

- "Peur pour ma vie" -

"Il pleuvait depuis midi, à 16 heures c'est devenu torrentiel, l'oued (Souhil, ndlr) devant chez nous était bloqué par des arbres et l'eau a submergé le pont et débordé sur la route", a raconté à l'AFP Moncef Barouni, un habitant de Nabeul.

En quelques dizaines de minutes, "l'eau a emporté la clôture, puis le local de la chaudière, la cuisine d'été et une partie du séjour", a-t-il poursuivi. "J'ai eu peur pour ma vie".

M. Barouni a précisé être allé en famille "dormir à l'hôtel". "Nous avions peur d'une autre vague", a-t-il raconté.

"On n'avait aucune information, personne ne répondait, ni les numéros de secours, ni la compagnie d'électricité".

Autour de lui, des poteaux électriques sont toujours à terre dans l'eau.

Des commerçants ont constaté dimanche matin l'ampleur des dégâts dans leurs boutiques, tandis que les réseaux téléphoniques sont restés coupés dans une partie de cette péninsule, à une cinquantaine de km à vol d'oiseau de la capitale Tunis.

Il a plu 200 mm sur Nabeul et jusqu'à 225 mm en quelques heures à Beni Khalled, dans le centre du Cap Bon, a indiqué à l'AFP l'Institut national de la météorologie tunisien (INM).

Il s'agit des plus importantes précipitations en une si courte période depuis le début des statistiques, en septembre 1995, a précisé l'INM, soulignant avoir lancé une alerte aux orages dès vendredi.

Le gouvernement a lui indiqué avoir envoyé samedi après-midi des renforts de la police, de l'armée et de la protection civile, et mobilisé deux hélicoptères et des ambulances.

- "Des oueds à l'abandon" -

Parmi les victimes, un sexagénaire s'est noyé à Takilsa, à une soixantaine de km de Tunis, et un autre a été retrouvé mort à Bir Bouregba, près de la station balnéaire de Hammamet, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sofiène Zaag.

Deux soeurs de 21 et 24 ans ont elles été emportées par une crue soudaine alors qu'elles sortaient de leur usine à Bou Argoub, à 45 kilomètres au sud-est de Tunis, selon la même source.

"Elles ont essayé de traverser l'oued en crue pour rentrer chez elles", a expliqué à un photographe de l'AFP un habitant des lieux, Amir.

"Ces oueds sont laissés à l'abandon depuis des décennies, il n'y a aucun entretien", a-t-il ajouté, déplorant qu'on y trouve en temps normal arbres, ordures, ou gravats.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont montré des flots puissants charriant des voitures et des pans entiers de chaussées.

Dimanche matin, l'eau est redescendue et le soleil revenu. La plupart des routes étaient à nouveau praticables, en dépit de la boue, a affirmé M. Zaag.

Les autorités ont pris samedi soir des mesures de prévention en prévision d'intempéries attendues dimanche sur la région du Sahel, plus au sud, mais les pluies semblent s'estomper.

Des orages violents ont touché la Tunisie depuis le milieu de semaine, entraînant des inondations et des dégâts qui étaient restés uniquement matériels jusque-là.

Ces inondations fréquentes en automne exaspèrent une partie de la population, qui reproche aux autorités de ne pas entretenir les systèmes d'évacuation et les oueds.

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