Turquie : les suspects de l'assassinat de l'ambassadeur russe devant la justice

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Par Raziye AKKOC - Ankara (AFP)
Publié le 08 janvier 2019 - 05:00
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Le 19 décembre 2017 à Moscou, une femme dépose des fleurs devant une plaque commémorative en hommage à l'ambassadeur russe en Turquie Andreï Karlov, tué un an plus tôt
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© Vasily MAXIMOV / AFP/Archives
Le 19 décembre 2017 à Moscou, une femme dépose des fleurs devant une plaque commémorative en hommage à l'ambassadeur russe en Turquie Andreï Karlov, tué un an plus tôt
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Plusieurs suspects se sont défendus à la barre mardi à l'ouverture du procès de 28 personnes soupçonnées d'implication dans l'assassinat de l'ambassadeur russe en Turquie, plus de deux ans après ce meurtre derrière lequel Ankara voit la main de sa bête noire, le prédicateur Fethullah Gülen.

L'ambassadeur Andreï Karlov a été tué le 19 décembre 2016 par un policier turc, en congé ce jour-là, lors du vernissage d'une exposition dans le centre-ville de la capitale turque.

Le meurtrier, Mevlüt Mert Altintas, avait affirmé avoir agi pour venger Alep, la grande ville du nord de la Syrie alors en passe d'être entièrement reprise par le régime syrien avec l'appui de Moscou.

L'auteur de ce meurtre dont les images prises en direct ont fait le tour du monde a été abattu au cours d'une fusillade avec des policiers sur le lieu de l'assassinat.

Mais la Turquie a très vite désigné comme responsable le réseau de Fethullah Gülen, qualifié de "groupe terroriste" par les autorités turques qui lui imputent le putsch manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan survenu quelques mois seulement avant l'assassinat de l'ambassadeur.

Douze des 28 suspects jugés à partir de jeudi sont poursuivis pour "appartenance à une organisation terroriste", et les autres sont accusés notamment de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel" et de meurtre ou tentative de meurtre "avec un objectif terroriste", selon l'acte d'accusation.

Treize d'entre eux sont actuellement en détention préventive.

Au premier jour de ce procès qui se poursuivra toute la semaine, six personnes ont été auditionnées. Elles ont nié avoir des liens avec l'assassin et le mouvement guléniste, certains admettant toutefois avoir été approchés par ce dernier.

- "Chaos" -

Selon l'acte d'accusation, ce meurtre était un acte visant à créer un "environnement de chaos" et à "briser" les relations bilatérales entre Ankara et Moscou en provoquant un conflit ouvert entre eux.

La veuve de M. Karlov, Marina Karlova, a soutenu cette hypothèse dans une interview à la télévision Rossiya-24.

"Je pense que le but de ce meurtre était de briser ces pourparlers et de plomber les relations entre la Russie et la Turquie", a-t-elle déclaré.

Le procureur d'Ankara réclame la réclusion à perpétuité pour l'ensemble des personnes accusées.

L'assassinat avait eu lieu en plein réchauffement des relations entre Ankara et Moscou entamé après une grave crise provoquée par la destruction d'un bombardier russe par l'aviation turque en novembre 2015 au-dessus de la frontière turco-syrienne.

Depuis, la Turquie et la Russie ont nettement renforcé leur coopération, notamment en Syrie où ces deux pays soutiennent pourtant des camps opposés.

M. Gülen, qui réside aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, est l'un des suspects dans ce procès et un mandat d'arrêt a été émis en avril 2018 contre lui dans le cadre de cette enquête.

Moscou n'a jamais publiquement soutenu la piste guléniste. Des enquêteurs russes ont collaboré à l'enquête turque mais, comme le souligne Selim Koru dans un rapport du Foreign Policy Research Institute, "s'ils ont fait des trouvailles différentes, ils ne l'ont pas dit".

L'assassinat de l'ambassadeur Karlov a choqué la Turquie qui se remettait alors de la sanglante tentative de putsch survenue quelques mois plus tôt et était secouée par une vague d'attentats.

Les images spectaculaires de ce meurtre ont fait le tour du monde et une photographie, prise par le photographe d'Associated Press Burhan Özbilici du meurtrier se tenant près de sa victime juste après son crime a été récompensée par le premier prix du World Press Photo en 2017.

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