Ukraine : explosions dans un dépôt de munitions, des milliers d'évacuations

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Par Genya SAVILOV - Ichnya (Ukraine) (AFP)
Publié le 09 octobre 2018 - 20:25
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Une boule de feu dans le ciel au-dessus d'un dépôt de munitions en feu à Droujba, dans le nord de l'Ukraine, le 9 octobre 2018
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© Genya SAVILOV / AFP
Une boule de feu dans le ciel au-dessus d'un dépôt de munitions en feu à Droujba, dans le nord de l'Ukraine, le 9 octobre 2018
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Plus de 12.500 personnes ont été évacuées après des explosions dans un dépôt de munitions du nord de l'Ukraine, le sixième incendie de ce type en trois ans, les autorités évoquant à nouveau un possible "sabotage" venant de Moscou.

L'incendie et les explosions ont commencé vers 03H30 locales (00H30 GMT) dans un arsenal couvrant 680 hectares dans la petite localité de Droujba de la région de Tcherniguiv, à 130 kilomètres au nord-est de Kiev.

Les autorités n'ont fait état d'aucun mort ou blessé, mais plus de 12.500 personnes d'une trentaine de localités situés dans un rayon de 16 kilomètres ont été évacuées ou ont quitté la zone de leur propre chef, selon un communiqué du service des Situations d'urgence.

"C'était beau à voir quand ça volait au-dessus de ma maison à trois heures du matin. Il fallait entendre comment ça sifflait. Mais ça faisait peur, très peur", a raconté à l'AFP Pavlo Grebeniouk, un habitant d'Itchnia, une petite ville à cinq kilomètres du dépôt.

"J'ai dû rassembler toute ma famille et l'évacuer", a-t-il poursuivi, estimant qu'il était selon lui "impossible que l'incendie ait commencé tout seul". A son retour à Itchnia, il a découvert que le silo à grains où il travaillait avait été touché.

Les explosions qui retentissaient toutes les une à deux minutes en fin de matinée étaient plus rares dans l'après-midi, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Le président Petro Porochenko a convoqué une réunion des responsables des forces de l'ordre et le Premier ministre Volodymyr Groïsman s'est rendu sur place.

- "Sabotage" ou négligence ? -

"J'attends des résultats rapides de l'enquête", a déclaré M. Porochenko lors de cette réunion, cité par un communiqué de la présidence, exigeant d'interroger tous les vigiles en service la nuit de l'incident.

"Vu la proximité de la frontière russe, ce n’est pas par hasard que la thèse du sabotage est privilégiée", a-t-il ajouté.

Deux autres thèses étudiées par l'enquête portent sur la violation des règles de sécurité anti-incendie et un incendie criminel organisé pour dissimuler le vol de munitions, a précisé la présidence dans ce communiqué.

Le sinistre a commencé par l'explosion simultanée de trois unités de stockage de munitions, suivie 20 minutes plus tard de celle de six autres unités contenant des systèmes de lance-roquettes multiples, a précisé ce communiqué.

Le dépôt était plein à 50% de ses capacités, la plupart des munitions importantes ayant été transférées dans le passé vers d'autres arsenaux, a de son côté assuré le ministre de la Défense Stepan Poltorak, cité par le communiqué.

L'incendie touchait 30% de la surface totale du dépôt dans l'après-midi, selon la même source.

Le service des Situations d'urgence a dans un premier temps indiqué qu'il contenait 88.000 tonnes de munitions avant de retirer cette information de son site.

Un responsable du ministère de la Défense, Rodion Tymochenko, a démenti cette information, assurant que le chiffre réel était de 30% à 50% inférieur.

L'espace aérien a été fermé dans un rayon de 30 kilomètres, de même que la circulation ferroviaire et routière. L'électricité et le gaz ont également été coupés dans les localités proches du dépôt.

Le Parquet général a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "négligence".

Il s'agit du sixième incendie important en trois ans touchant un dépôt de l'armée ukrainienne, engagée depuis 2014 dans un conflit dans l'Est du pays avec des séparatistes prorusses, qui a fait plus de 10.000 morts.

En mars 2017, un gigantesque incendie avait déclenché des explosions de munitions dans le dépôt de Balakliïa (région de Kharkiv, est), faisant un mort et cinq blessés.

La Russie, qui a annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée, est accusée par Kiev et les Occidentaux de soutenir militairement les séparatistes de l'est de l'Ukraine, des accusations que Moscou dément farouchement malgré de nombreuses preuves.

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