Ukraine : un conflit sous l'oeil des drones

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Par Ioulia SILINA - Stepanivka (Ukraine) (AFP)
Publié le 05 avril 2018 - 17:03
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Des membres de l'OSCE s'apprêtent à tester le 28 mars 2018 à Stepanivka, le prochain vol de leur drone, censé surveiller l'application des accords de paix
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© Aleksey FILIPPOV / AFP
Des membres de l'OSCE s'apprêtent à tester le 28 mars 2018 à Stepanivka, le prochain vol de leur drone, censé surveiller l'application des accords de paix
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Ils voient la nuit et se déplacent à plus de 200 km/h dans les zones les plus risquées. Des observateurs d'un nouveau genre surveillent l'application des accords de paix dans l'Est de l'Ukraine: des drones.

En plus de ses 700 observateurs "humains", la mission d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a déployé en Ukraine toute une armada de drones de petite, moyenne et longue portées pour scruter un conflit qui a fait plus de 10.000 morts en quatre ans.

Les plus performants de ces appareils sont les Camcopter S-100, véritables mini-hélicoptères téléguidés d'une portée de 160 kilomètres, capables de voler jusqu'à six heures d'affilée à une vitesse de 240 kilomètres/heure.

Ces appareils blancs avec le sigle bleu "OSCE" décollent d'un terrain à Stepanivka, village à une trentaine de kilomètres de la ligne de front entre séparatistes prorusses et armée ukrainienne, où l'AFP a assisté à des vols d'essai.

Equipés de deux caméras vidéo, les Camcopter S-100 transmettent des images de très haute qualité en temps réel.

"C'était incroyable, j'ai vu des gars fumer des cigarettes en pleine nuit à une distance de cinq kilomètres", a raconté à l'AFP un ancien opérateur de ces drones, sous couvert d'anonymat.

Assemblés par la société autrichienne Schiebel, ces engins de reconnaissance d'un coût dépassant un million d'euros pièce sont déjà utilisés par plusieurs armées dont la marine française.

En Ukraine, ils aident à repérer armes lourdes, tanks et missiles censés être interdits autour de la ligne de front en vertu des accords de paix de Minsk, que les deux parties s'accusent de violer.

L'OSCE avait suspendu l'utilisation de ces appareils en août 2016, peu après avoir perdu deux de ses drones au-delà des territoires séparatistes en une semaine, lors d'une flambée de violences dans ce territoire.

Une accalmie relative sur le front permet le retour de ces engins à longue portée, complétant le travail de drones de petite et moyenne portées qui eux n'avaient pas cessé de voler.

- Brouillage et missiles -

Atout précieux, ces appareils vont pouvoir prendre des images "dans la nuit", lorsque les patrouilles des observateurs ne sortent pas de leurs bases pour des raisons "de sécurité", selon le communiqué de l'OSCE annonçant leur retour.

Ils doivent permettre "de contrôler la situation de plus près, en particulier dans des zones difficilement accessibles pour les patrouilles au sol ou lorsque nos observateurs subissent des restrictions, menaces ou se trouvent dans des situations à risque", a expliqué à la presse le chef adjoint de la mission Alexander Hug.

La guerre opposant les séparatistes prorusses aux forces de Kiev dans l'est de l'Ukraine a fait plus de 10.000 morts depuis son déclenchement il y a quatre ans. Kiev et l'Occident accusent la Russie de soutenir militairement les rebelles ce que Moscou nie farouchement.

Les hostilités s'y sont apaisées après les accords de paix de Minsk conclu en février 2015 et des cessez-le-feu successifs, mais des flambées sporadiques de violences continuent d'alourdir le bilan des victimes.

Les deux camps se rejettent mutuellement la responsabilité des violations des trêves et les Ukrainiens reprochent souvent à l'OSCE de ne pas patrouiller sur la ligne de front la nuit, quand, selon eux, la majeure partie des tirs ennemi surviennent.

Alexander Hug a espéré que les belligérants n'empêcheraient plus le fonctionnement de ces appareils, rappelant "une série d'ingérences" dans le fonctionnement de drones, dont "le brouillage", et des "tirs de missiles sol-air" ayant abattu au moins trois de ces engins dans le passé.

"Dans un cas, nous avons vu le personnel au sol manier l'arme et viser le drone, après quoi nous avons perdu contact avec ce dernier", a fait valoir M. Hug.

En février 2017, les rebelles avaient par ailleurs saisi un drone au moment où des observateurs s'apprêtaient à le lancer pour vérifier des informations sur des tirs contre une station d'épuration, selon l'OSCE.

"Nous savons pourquoi le travail de nos équipements et nos observateurs a été entravé par des tirs ou par du brouillage", souligne M. Hug. "C'est parce que nos équipements et nos observateurs observent des faits qui déplaisent à certains".

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