Un an après le meurtre de Valdez, un autre journaliste tué au Mexique

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Par Miriam Ramirez - Culiacán (México) (AFP)
Publié le 16 mai 2018 - 01:26
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Des policiers près de la voiture à bord de laquelle a été assassiné le journaliste mexicain Juan Carlos Huerta à Villahermosa, dans l'Etat de Tabasco, le 15 mai 2018
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© Carlos PEREZ / AFP
Des policiers près de la voiture à bord de laquelle a été assassiné le journaliste mexicain Juan Carlos Huerta à Villahermosa, dans l'Etat de Tabasco, le 15 mai 2018
© Carlos PEREZ / AFP

Le journaliste mexicain Juan Carlos Huerta a été abattu mardi à la sortie de son domicile au moment où le pays commémorait le 1er anniversaire de la mort de Javier Valdez, autre reporter réputé, tué dans des circonstances similaires.

Huerta, qui travaillait à la radio et à la télévision, était âgé de 45 ans, il laisse une femme et deux enfants, selon les médias mexicains.

Il a été abattu alors qu'il quittait son domicile à Villahermosa, la capitale de l'Etat de Tabasco.

"Ce n'était pas un vol, ils semblent être venus pour l'exécuter", a affirmé le gouverneur Arturo Nuñez.

"C'est un nouveau crime que je regrette énormément (...). Dans le cas de Juan Carlos, il s'agissait d'un journaliste référent (...). On peut parler d'un ami", a ajouté le gouverneur.

Ce nouvel homicide porte à quatre le nombre de reporters tués en 2018, selon l'ONG Article 19 qui souhaite néanmoins confirmer que le meurtre est bien lié à la profession de Huerta.

En 2017, au moins 11 d'entre eux ont été tués au Mexique, selon les ONG Reporters sans frontière et Article 19.

Plus de 100 journalistes ont été tués au Mexique depuis 2000, selon les associations de défense de la liberté d'expression, dans un pays considéré comme un des plus dangereux pour exercer cette profession.

Le meurtre de Huerta survient le jour même de la commémoration de celui de Javier Valdez, journaliste réputé, cofondateur de l'hebdomadaire Riodoce et collaborateur du quotidien La Jornada, qui avait provoqué une vague d'indignation internationale.

- "Suivre la voie tracée" -

Valdez, 50 ans, collaborateur de l'AFP durant près de dix ans, a été tué le 15 mai 2017 en plein jour à la sortie de son bureau dans sa ville natale de Culiacan (nord-ouest du Mexique), dans l'Etat de Sinaloa.

Ses amis et des confrères ont participé ces jours-ci à une série d'événements dans l'Etat de Sinaloa et à Mexico pour lui rendre hommage.

"Ces hommages, ces événements sont là pour rappeler aux gens que son meurtre est encore présent, qu'il ne doit pas rester impuni, qu'il doit y avoir une justice, un coupable", a déclaré à l'AFP Ismael Bojorquez, directeur et cofondateur de Riodoce avec Valdez.

Un manifestation s'est tenue mardi devant le parquet de Culiacan, les manifestants brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Justice pour Javier! et "Non à la peur!" et "Non au silence!".

"Cet hommage (...) permet de se souvenir qu'il y a eu un meurtre et qu'il ne doit pas rester impuni, qu'il doit y avoir justice, qu'il doit y avoir une peine. C'est un message pour ceux qui planifient et ordonnent ces crimes", a déclaré Ismael Bojorquez à l'AFP.

"Tant qu'il n'y a pas d'auteurs et de condamnation, l'affaire ne peut être classée et cela demeurera notre revendication permanente et constante", a déclaré à l'AFP Griselda Triana, la veuve de Valdez, avec qui elle a eu trois enfants.

Valdez a été assassiné pour son travail d'investigation sur le narcotrafic, avait affirmé fin avril le commissaire de la sécurité nationale, Renato Sales, après avoir annoncé l'arrestation d'un des auteurs présumés du crime.

Le meurtrier présumé a été identifié comme Heriberto N., âgé de 26 ans, impliqué "dans un cartel de drogue qui opère dans la région". Il a été arrêté à Tijuana, dans l'Etat de Basse-Californie (nord-ouest).

"Pour moi (sa mort) est une perte irréparable, mais le plus important c'est qu'avec le meurtre de Javier d'autres voix sont apparues. Il y a beaucoup de journalistes qui vont suivre la voie tracée par Javier. D'une certaine façon, il a été un exemple pour beaucoup", a déclaré à l'AFP sa veuve Griselda Triana, qui a quitté Culiacan et ne communique pas son lieu de résidence pour raisons de sécurité.

En hommage à Javier Valdez et Miroslava Breach, autre journaliste assassinée en 2017, l'ONU, l'Unesco, l'Agence France Presse, l'ambassade de France au Mexique et l'université Ibéroaméricaine ont lancé cette année un prix qui porte leur nom.

C'est la journaliste mexicaine Daniela Rea, qui a réalisé de nombreux reportages sur la violence déchirant son pays, qui a été récompensée début mai par la première édition de ce prix.

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