Perpétuité en Irak pour un Français et une Allemande membres de l'EI

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Par Sarah BENHAIDA - Bagdad (AFP)
Publié le 06 août 2018 - 16:14
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Mélina Bougedir, une jihadiste française arrive dans un tribunal de Bagdad, son fils dans les bras, le 19 février 2018
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Mélina Boughedir avec son fils dans les bras dans un tribunal de Bagdad le 19 février 2018
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Un Français et une Allemande, ont été condamnés lundi à la perpétuité en Irak, une peine équivalant à 20 ans de prison régulièrement infligée aux Occidentaux ayant rejoint le groupe Etat islamique (EI) qui avait plongé en 2014 le pays dans le chaos.

Le Français Lahcen Gueboudj, 58 ans, et l'Allemande dont seul le prénom, Nadia, a été dévoilé publiquement, ont été condamnés par la Cour pénale centrale de Bagdad, chargée des affaires de terrorisme.

Une quinzaine d'accusés, tous Irakiens en dehors des deux Européens, ont comparu devant la Cour pour entendre leur sentence, en majorité pour des affaires relevant de la loi antiterrorisme. L'un d'eux, un Irakien, a été condamné à la mort par pendaison pour appartenance au groupe jihadiste EI.

M. Gueboudj, cheveux blancs coupés courts, barbe de quelques jours et uniforme marron des prisonniers, a répondu durant une demi-heure aux questions du juge, selon une journaliste de l'AFP présente à l'audience.

Il a d'emblée démenti toutes ses déclarations obtenues lors d'interrogatoires et citées par le juge affirmant avoir "signé des aveux en arabe sans savoir ce qui était écrit".

L'homme qui s'exprimait en français avec un accent du sud de la France a expliqué être parti avec sa femme et ses enfants en Turquie puis en Syrie.

- "Convaincre mon fils" -

"Je n'aurai jamais quitté la France si mon fils aîné Nabil, 25 ans, n'avait pas rejoint la Syrie", a-t-il plaidé. "Je voulais le convaincre de rentrer avec nous en France".

Il a nié avoir prêté allégeance à l'EI ou avoir suivi des entraînements du groupe ultraradical, comme l'indiquaient ses aveux après deux interrogatoires en mars et avril.

Il s'est présenté comme "un civil à Raqa puis durant sept mois à Mayadine", deux fiefs de l'EI en Syrie, d'où les jihadistes ont été chassés.

Le juge lui a montré une photo de lui, portant une longue barbe blanche au moment de son arrestation. Il a dit se reconnaître, sans toutefois pouvoir préciser le lieu de son arrestation.

Il a affirmé n'avoir jamais rejoint l'Irak mais avoir été arrêté par l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) après s'être "perdu près d'un village" en Syrie puis avoir été ensuite emmené par les forces américaines en Irak.

Fin juillet, le même tribunal l'avait déjà condamné à un an de prison pour "entrée illégale" en Irak.

A la question "êtes-vous coupable ou innocent?", M. Gueboudj a répondu: "Je suis coupable d'être allé en Syrie, c'est tout".

Son avocat commis d'office s'est ensuite borné à répéter ses propos dans sa très rapide plaidoirie.

- Mineure au moment des faits -

Nadia, teint pâle mais l'air déterminé, a raconté en allemand émaillé de mots d'arabe être partie en Turquie avant de passer en Syrie puis en Irak avec sa soeur -handicapée mentale et morte dans un bombardement-, sa mère et sa fille Yamama.

Son avocat a plaidé qu'elle était mineure au moment des faits et que son mariage avec un jihadiste relevait du "viol commis par un groupe armé et non d'une décision prise par un adulte en toute conscience".

Répudiée par son mari membre de l'EI en Syrie, la jeune femme, voile noir et blanc sur la tête, abaya et lunettes noires, a affirmé s'être rendue en Irak avec sa mère et sa fille "pour fuir les gens de l'EI".

Sa mère, Lamia K. arrêtée avec elle en juillet 2017 à Mossoul (nord irakien), avait écopé en janvier 2018 de la peine de mort, sentence ensuite commuée en perpétuité.

Nadia, comme M. Gueboudj ont trente jours pour faire appel.

La loi irakienne prévoit la peine capitale pour toute personne ayant rejoint un "groupe terroriste", qu'elle ait combattu ou non dans ses rangs.

En tout, selon des sources judiciaires, plus de 300 personnes -dont une centaine d'étrangères- ont été condamnées à mort et autant à la perpétuité en Irak pour avoir rejoint l'EI.

En mai, un Belge et un Russe ont été condamnés à mort.

En juin, six mois après l'annonce de la victoire sur l'EI en Irak, une Française Mélina Boughedir, 27 ans, a été condamnée à la perpétuité, en plus de sept mois de prison pour séjour illégal en Irak. En avril, une autre Française, Djamila Boutoutaou, 28 ans, a été condamnée à la prison à vie. Toutes deux avaient dit avoir été dupées par leurs maris qu'elles avaient suivis en Irak.

Fin février, une Allemande de 17 ans a été condamnée en Irak à six ans de prison pour appartenance à l'EI.

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