Kosovo : un leader serbe assassiné à Mitrovica

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Par AFP - Kosovska Mitrovica
Publié le 16 janvier 2018 - 11:02
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Le leader serbe du Kosovo, Oliver Ivanovic, lors d'élections locales, le 3 novembre 2013 à Kosovska Mitrovica
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© SASA DJORDJEVIC / AFP/Archives
Le leader serbe du Kosovo, Oliver Ivanovic, lors d'élections locales, le 3 novembre 2013 à Kosovska Mitrovica
© SASA DJORDJEVIC / AFP/Archives

Un important homme politique serbe du Kosovo, Oliver Ivanovic, a été tué par balles dans la partie serbe de Mitrovica mardi, jour où le dialogue entre Pristina et Belgrade devait reprendre à Bruxelles.

Aucun des deux camps, serbe ou kosovar albanais, n'a formulé d'accusations explicites contre celui d'en face.

Mais le ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dacic, a évoqué un "grave coup porté à la stabilité de la région" des Balkans occidentaux. Le Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj a lui convoqué "un conseil de sécurité national pour examiner la situation sécuritaire du pays".

Quasiment un mois avant le dixième anniversaire de la proclamation d'indépendance du Kosovo - que les Serbes ne reconnaissent toujours pas - cet assassinat est de nature à tendre encore la situation intercommunautaire dans cette ville toujours divisée entre quartiers serbes au nord (13.000 habitants) et albanais au sud (72.000), et en proie à une importante criminalité.

Agé de 64 ans, Oliver Ivanovic a été vers 08H15 (07H15 GMT) la cible de tireurs se trouvant dans une voiture, alors qu'il arrivait à son parti situé dans une maison de Mitrovica-nord, selon une source policière.

Désertés, le nord de la ville a alors présenté un visage inhabituellement calme avant que des dizaines d'habitants ne viennent déposer des fleurs sur les lieux du crime.

- Une image de modéré -

Patron d'un parti social-démocrate local, l'Initiative civique, Oliver Ivanovic était considéré comme un politique serbe modéré dans un univers politique resté radical, près de deux décennies après la guerre de 1998-99, entre forces de Belgrade et rébellion indépendantiste kosovare. Côté serbe, la vie politique est empreinte d'une violence endémique.

En mai, ce père de quatre enfants avait raconté à l'AFP que son véhicule personnel avait été incendié. Il y voyait une tentative de le faire taire, vouée à l'échec, disait-il. En octobre, il s'était présenté aux municipales face à la puissante Srpska Lista, soutenue par Belgrade. "Nous sommes dans une situation où les Serbes ont peur de parler", avait-il dit aux médias.

"Nous ne savons toujours pas qui pourrait être derrière cette attaque menée depuis un véhicule qui roulait", a déclaré à l'AFP le procureur public Shyqri Syla.

Le président du Kosovo Hashim Thaçi a "fermement condamné" l'assassinat, tandis que son homologue serbe, sans explicitement désigner de suspects, a dénoncé "une attaque (...) d'abord contre les Serbes du Kosovo, mais aussi contre la Serbie dans son ensemble". Il a demandé à ce que son pays soit associé à l'enquête. Pristina a de toute façon beaucoup de mal à exercer son autorité dans cette partie serbe de la ville.

- Un rare albanophone -

Oliver Ivanovic était une figure politique locale singulière. D'abord condamné à neuf ans de prison pour crimes de guerre, il avait vu sa peine annulée par une cour d'appel en février. Libéré, il devait être rejugé.

Conseiller municipal d'opposition de Mitrovica-nord, il était un des rares membres de la scène politique serbe kosovare à parler l'albanais, et à critiquer publiquement la politique menée par Belgrade au Kosovo. S'il ne reconnaissait pas l'indépendance du Kosovo, Oliver Ivanovic semblait plus enclin au dialogue avec Pristina.

Il était originaire de Decani, dans l'ouest du Kosovo, comme Ramush Haradinaj, ancien chef guérillero.

La guerre du Kosovo a fait 13.000 morts, dont 11.000 kosovars albanais et quelque 2.000 Serbes. Elle s'est achevée par une campagne de bombardements des Occidentaux. Le Kosovo avait été placé sous protection internationale, avant que cette ancienne province albanaise de la Serbie ne proclame en février 2008 son indépendance.

Avec le soutien de la Russie à l'ONU, Belgrade et la minorité serbe du Kosovo, refusent toujours de la reconnaître.

L'Union européenne, qui a appelé mardi "au calme et à la retenue", tente actuellement de relancer le dialogue de normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie, au point mort depuis des mois.

Première conséquence de l'assassinat: les représentants serbes ont annulé mardi une réunion à Bruxelles avec leurs homologues kosovars albanais.

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