Une Britannique de l'EI réclame de la "compassion" pour rentrer avec son bébé

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Par Antoine POLLEZ - Londres (AFP)
Publié le 17 février 2019 - 18:45
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Photo prise le 22 février 2015 à Londres où Renu Begum montre à des journalistes une photo de sa jeune soeur Shamima Begum
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© LAURA LEAN / POOL/AFP/Archives
Photo prise le 22 février 2015 à Londres où Renu Begum montre à des journalistes une photo de sa jeune soeur Shamima Begum
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Une jeune Britannique qui avait rejoint le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie en 2015, actuellement cantonnée dans un camp de réfugiés où elle vient d'accoucher, a réclamé dimanche de la "compassion" afin de rentrer au Royaume-Uni avec son bébé.

Son cas illustre le dilemme auquel sont confrontés plusieurs gouvernements européens, entre interdire le retour des ressortissants jihadistes pour des questions de sécurité, ou leur permettre de revenir pour les traduire en justice.

"Je viens d'accoucher, donc je suis vraiment fatiguée", a confié Shamima Begum à la chaîne de télévision Sky News. Il s'agit du troisième enfant auquel donne naissance la jeune femme de 19 ans, originaire de Londres, depuis son départ vers la Syrie. Ses deux premiers bébés sont morts de maladie et de malnutrition.

Shamima Begum a une nouvelle fois confié son intention de revenir au Royaume-Uni. "Après la mort de mon (autre) fils, j'ai réalisé qu'il fallait que je parte, pour le bien de mes enfants". Elle a dit craindre que son bébé "meure dans le camp" de réfugiés d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, où elle se trouve actuellement.

"Je pense que les gens devraient avoir de la compassion pour moi, pour tout ce que j'ai vécu", a déclaré Shamima Begum. "Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais quand je suis partie".

La jeune femme a néanmoins affirmé qu'elle ne regrettait pas d'avoir rejoint la Syrie. "Cela m'a changée en tant que personne, cela m'a rendue plus forte, plus dure. Et j'ai épousé un homme que je n'aurais jamais rencontré au Royaume-Uni".

Interrogé sur ce cas, le chef du service de renseignement extérieur britannique (MI6), Alex Younger, a estimé cette semaine que les personnes ayant rejoint l'EI "ont probablement acquis des compétences et des relations qui les rendent potentiellement très dangereux".

Mais la jeune femme s'est défendue de représenter une menace. "J'étais juste une femme au foyer, j'ai passé quatre ans à la maison, j'ai pris soin de mon mari, de mes enfants".

- "Assurer la sécurité" -

Le ministre britannique de l'Intérieur, Sajid Javid, a publié une tribune dans le Sunday Times intitulée "Si vous fuyez pour rejoindre l’Etat islamique, j'utiliserai tous mes pouvoirs pour vous empêcher de revenir".

"Ma priorité est d'assurer la sécurité du pays - et je ne laisserai rien la compromettre", a-t-il affirmé. "Les décisions que nous pouvons prendre incluent d'interdire l'accès au Royaume-Uni à des non-Britanniques, ainsi que retirer la citoyenneté britannique à des individus dangereux".

Il a néanmoins souligné que son ministère ne créerait pas d'apatrides, comme interdit par la convention de New-York du 30 août 1961, ratifiée par le Royaume-Uni.

Le ministre de la Culture, Jeremy Wright, ancien Attorney general (conseiller juridique du gouvernement), a lui souligné que Londres était "obligé" d'autoriser le retour des personnes n'ayant pas de double nationalité.

"C'est une question de droit international", a-t-il déclaré à la BBC. "Nous devons nous préoccuper de la santé de ce bébé", et de celle de Shamima Begum, a-t-il ajouté. "Mais elle devra répondre de ses actes".

- "Droit fondamental de revenir" -

Samedi, le président américain Donald Trump a appelé les pays européens, au premier rang desquels le Royaume-Uni, ainsi que la France et l'Allemagne, à "reprendre plus de 800 combattants de l'EI" capturés en Syrie "afin de les traduire en justice".

En France, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nunez, a déclaré dimanche "avoir la faiblesse de considérer que ces gens-là doivent être jugés là où ils ont commis leurs exactions". Il a annoncé que la France avait déjà "accueilli près de 270 adultes" de retour de Syrie depuis le début du conflit.

A Berlin, une source au sein du ministère allemand des Affaires étrangères a souligné que "tous les citoyens allemands ont le droit fondamental de revenir en Allemagne". Elle a ajouté que le gouvernement "étudie les options" pour permettre à ses ressortissants de quitter la Syrie, "particulièrement pour les cas humanitaires".

Le ministre belge de la Justice, Koen Geens, a lui appelé a la mise en place d'une "solution européenne", précisant que Bruxelles était "en contact avec Paris, La Haye et Londres pour élaborer une position collective.

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