Une nuit d'hostilités sème le choc et la crainte à Gaza et alentour

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Par Adel Zaanoun et Clothilde Mraffko à Sderot - Deir el-Balah (Territoires palestiniens) (AFP)
Publié le 09 août 2018 - 22:58
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Une voiture endommagée par une roquette tirée de la bande Gaza sur la ville israélienne de Sdérot le le 9 août 2018
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© JACK GUEZ / AFP
Dans les localités israéliennes proches de Gaza, les habitants éprouvés se partageaient entre inquiétude, colère et détermination.
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La famille d'Enas Khammash et de sa fille Bayan veut savoir: pourquoi cette Palestinienne de 23 ans, enceinte, et son bébé de 18 mois devaient-elles mourir dans le nouvel accès de fièvre entre le mouvement islamiste Hamas et Israël dans et autour de la bande de Gaza.

A quelques kilomètres de là, de l'autre côté de la frontière, les riverains israéliens de Gaza, épuisés par une nuit à courir aux abris pour se protéger d'une pluie de roquettes et d'obus de mortier exprimaient leur inquiétude pour leurs enfants.

Les pourtours israéliens de Gaza ont essuyé entre mercredi soir et jeudi midi un barrage de dizaines de roquettes et d'obus de mortier, auquel l'aviation israélienne a riposté en frappant plus de 150 sites du Hamas.

Enas Khammash et sa fille Bayan dormaient quand une frappe israélienne a atteint leur maison, les tuant toutes les deux, disent des proches et des voisins. Le père de la fillette a été gravement blessé.

Sans être au fait de ces évènements en particulier, un porte-parole de l'armée israélienne, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, a assuré que, "par définition", l'armée n'avait tiré que sur des sites du Hamas.

La maison des Khammash dans le quartier de Jafarawi à Deir al-Balah se trouve à quelques centaines de mètres d'une base militaire du Hamas, une des nombreuses dans l'enclave, souvent situées au coeur de quartiers densément peuplés.

Il y règne à présent une forte odeur de mort. Les murs sont maculés de sang et de boue.

Un voisine, Oum Walid, dit avoir entendu des gémissements en provenance de la maison environ 30 minutes après l'explosion et être entrée pour découvrir les corps.

"C'était comme un cauchemar. J'aurais préféré mourir que de voir cette scène",raconte-t-elle.

Abdullah Khammash, 31 ans, un cousin des victimes, a apostrophé le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman.

"Je dis à Lieberman: +Venez voir vous-mêmes les dégâts. Qu'est-ce que cette petite fille avait fait de mal?", s'est-il ému. La famille n'a aucun lien avec les groupes armés, a-t-il protesté.

"Cette petite fille ne haïssait personne, comme je ne hais personne", dit-il.

Des centaines de personnes ont suivi en larmes les obsèques du bébé porté dans un petit cercueil.

- Envahir Gaza -

Dans les localités israéliennes proches de Gaza, les habitants éprouvés se partageaient entre inquiétude, colère et détermination.

Plusieurs personnes, dont une Thaïlandaise, ont été blessées par des éclats. Plusieurs ont aussi été hospitalisées en état de choc. Une fois de plus, les sirènes d'alarme ont envoyé les riverains chercher en quelques secondes refuge dans un abri anti-aérien.

La majorité des roquettes ont atterri dans des zones inhabitées. Sdérot cependant, localité atteinte par plusieurs projectiles et coutumière des alertes, portent les traces de cette longue nuit. Des voitures et des immeubles sont endommagés et des impacts sont visibles dans le sol.

Caroline Bonieli, 31 ans et enceinte de jumeaux, était à la maison avec son mari et ses enfants "quand, d'un seul coup, nous avons entendu l'alerte".

"En courant, je suis tombé sur le ventre et j'ai ressenti une douleur intense à l'estomac et à la jambe". Hospitalisée, elle rappelle que "tout ça ne date pas d'un mois ou deux, ça dure depuis des années et nous en avons marre d'élever nos enfants comme ça, dans le bruit des tirs de roquettes, des alarmes et des explosions".

Alon Davidi, maire de Sdérot, a appelé l'armée israélienne à envahir à nouveau Gaza pour donner la leçon au Hamas.

"J'espère qu'Israël va engager une opération forte dans Gaza", dit-il.

Israël s'est retiré de Gaza en 2005, deux ans avant que le Hamas, ennemi juré d'Israël, ne prenne le contrôle du territoire. Trois guerres ont opposé Israël et le Hamas depuis.

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