USA : avec la guerre commerciale, des candidats et des électeurs déstabilisés

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Par Douglas Gillison - Washington (AFP)
Publié le 05 novembre 2018 - 09:10
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Le candidat républicain Mike Bost dans l'Illinois avec le président Donald Trump
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© SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
Le candidat républicain Mike Bost dans l'Illinois avec le président Donald Trump
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Etre républicain dans l'Etat américain l'Iowa, c'est parfois se désespérer de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, et de son impact sur les exportations agricoles.

Mais à cinq heures de route vers le Sud-Est, dans l'Illinois, on peut être démocrate et paradoxalement se réjouir d'une renaissance de la sidérurgie à la faveur des tarifs douaniers sur l'acier instaurés par le président républicain.

L'offensive tous azimuts sur le commerce de Donald Trump a brouillé les repères politiques dans certains Etats très vulnérables.

Le commerce n'est pas, loin s'en faut, le thème qui a dominé la campagne pour les élections législatives de mi-mandat qui auront lieu mardi aux Etats-Unis. Mais certains sièges à la chambre des Représentants, dans les Etats les plus concernés, pourraient se révéler déterminants en cas de scrutin serré.

"Nous avons des preuves raisonnablement tangibles que les personnes qui avaient basculé clairement à droite (à l'élection présidentielle) sont revenues au centre", assure à l'AFP David Swenson, économiste à l'Université de l'Iowa.

- Soja pour la Chine -

Terre productrice de soja, l'Iowa, Etat du centre du pays, pâtit des représailles de la Chine aux taxes douanières imposées par la Maison Blanche sur des centaines de milliards de dollars d'importations chinoises.

Cet Etat avait voté pour le président républicain en 2016 après avoir voté par deux fois pour le démocrate Barack Obama.

Ainsi le siège du candidat républicain Rod Blum à la Chambre semble fragilisé par ces effets collatéraux. Il confiait il a quelques semaines au New York Times qu'il n'en était pas au point de se jeter par la fenêtre. "Mais elle est entrouverte", ajoutait-il pour plaisanter de son embarras.

Dans la presse locale, il se disait aussi convaincu que les agriculteurs sauraient faire montre de "patience".

Les démocrates cherchent à s'engouffrer dans la brèche. Troy Price, le président du parti dans l'Iowa, a expliqué à l'AFP ne pas comprendre pourquoi les républicains locaux avaient mis "des mois avant d'évoquer" la guerre commerciale, ni "pourquoi ils ne sont pas battus davantage" pour convaincre Donald Trump d'adoucir sa position sur le commerce.

Sentant le vent tourner, l'administration Trump a accordé une aide d'urgence de 12 milliards de dollars pour compenser les pertes de revenus des agriculteurs.

Et vendredi, à quelques jours du scrutin, Donald Trump a assuré qu'"un très bon accord sera trouvé avec la Chine", un message positif adressé aux campagnes américaines.

Mais selon un sondage récent de l'université de l'Iowa, les habitants de cet Etat pensent que les tarifs douaniers ont nui à l'économie locale.

- L'acier embauche -

Le risque est que les agriculteurs et éleveurs traditionnellement républicains, aujourd'hui très remontés contre la politique commerciale de Donald Trump, favorisent le vote démocrate en s'abstenant de voter.

Dans l'Illinois, il faut concilier intérêts industriels et agricoles. Les droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium importés ont donné un coup de pouce à la sidérurgie locale qui a recommencé à embaucher.

Dans la circonscription du sud de cet Etat, très conservatrice, le républicain Mike Bost cherche à garder son siège face au démocrate Brendan Kelly. Aucun des deux concurrents ne remet en cause le bien-fondé des tarifs douaniers, bien au contraire.

Le républicain s'en est même fait le champion alors que le démocrate partage à bien des égards les objectifs de Donald Trump sur le commerce. Il est du reste soutenu par le syndicat des travailleurs de l'acier.

Mais dans cette région, on cultive aussi du soja et d'autres produits agricoles.

"Le sud de l'Illinois est dans une telle situation économique qu'il n'en faut pas beaucoup pour affecter négativement la vie quotidienne des gens", relève Andrew Theising, professeur de sciences politiques à l'université Southern Illinois-Edwardsville.

"Si on retire un tiers de la récolte de soja à ces fermiers, cela suffit certainement à ce que leurs intérêts économiques passent avant leurs convictions politiques", estime-t-il.

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