Venezuela : nouvelle mobilisation pour exiger l'entrée de l'aide, à l'appel de l'opposition

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Par Maria Isabel SANCHEZ - Caracas (AFP)
Publié le 11 février 2019 - 18:26
Mis à jour le 12 février 2019 - 16:56
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Efectivos de bomberos y defensa civil de Colombia organizan la ayuda humanitaria destinada a Venezuela, en un centro de acopio en Cúcuta, el 8 de febrero de 2019
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© Raul ARBOLEDA / AFP
Efectivos de bomberos y defensa civil de Colombia organizan la ayuda humanitaria destinada a Venezuela, en un centro de acopio en Cúcuta, el 8 de febrero de 2019
© Raul ARBOLEDA / AFP

Les Vénézuéliens sont appelés à descendre dans la rue mardi par l'opposition et son chef de file Juan Guaido, afin de maintenir la pression sur les militaires pour qu'ils désobéissent au président Nicolas Maduro et laissent entrer l'aide humanitaire dans le pays.

Il s'agira de la troisième mobilisation convoquée par Juan Guaido après celles du 23 janvier et 2 février.

"Nous allons nous mobiliser dans tout le pays pour obtenir l'entrée de l'aide humanitaire qui permettra de répondre à la crise", a déclaré M. Guaido, reconnu ou soutenu comme président par intérim du Venezuela par une cinquantaine de pays.

Il a indiqué que 120.000 personnes s'étaient portées volontaires depuis le week-end pour participer à l'acheminement de l'aide.

Plusieurs tonnes de médicaments, de nourriture et de produits de première nécessité sont stockées depuis jeudi dans des entrepôts de la ville colombienne de Cucuta, tout près du pont transfrontalier de Tienditas, que des militaires vénézuéliens ont bloqué avec deux conteneurs et une citerne.

Le Brésil, qui avait été un des premiers pays à reconnaître Juan Guaido, dans la foulée des Etats-Unis, a accepté l'ouverture "dès la semaine prochaine" d'un deuxième centre de stockage, dans l'Etat frontalier de Roraima, a annoncé depuis Brasilia le député d'opposition Lester Toledo, chargé par M. Guaido d'organiser la coordination de l'aide.

Le président Nicolas Maduro, qui dément l'existence d'une "crise humanitaire", refuse l'entrée de cette aide, considérant qu'il s'agit d'un premier pas vers une intervention militaire des États-Unis et d'un "show politique".

Il rejette la responsabilité des pénuries de médicaments et de vivres sur les sanctions américaines. Selon l'ONU, 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays depuis 2015, fuyant la plus grave crise économique de l'histoire récente du pays pétrolier.

- "Pas de guerre civile" -

Le ministre de la Defense, le général Vladimir Padrino Lopez, a annoncé lundi que l'armée avait "renforcé sa présence aux frontières".

Dans une nouvelle tentative de briser le soutien apporté par l'armée au gouvernement, le chef de l'opposition a prévenu les militaires qu'empêcher l'entrée de l'aide constituerait un "crime contre l'humanité".

M. Guaido a déjà offert une amnistie à ceux qui désavoueraient le chef de l'Etat et, la semaine dernière, les Etats-Unis ont également promis d'exempter de sanctions les officiers qui se rangeraient derrière le chef de file de l'opposition.

"Il n'y a pas de sanctions qui déstabilisent ou portent atteinte à la dignité nationale" des militaires, a réagi le ministre de la Défense, lui-même visé par ces sanctions, tandis que l'armée a lancé dimanche cinq jours de manœuvres dans tout le pays.

Dans un entretien à l'AFP vendredi, Juan Guaido avait affirmé qu'il ferait le "nécessaire" pour "sauver des vies" et pour que "cesse l'usurpation" du pouvoir par Nicolas Maduro, sans écarter la possibilité d'autoriser une éventuelle intervention étrangère.

"Il n'y a pas de risque de guerre civile parce 90% de la population veut le changement", a-t-il assuré lundi, tandis qu'un groupe d'opposants a appelé le Parlement à autoriser l'entrée d'une "force multinationale" si le gouvernement persiste à bloquer la livraison de l'aide.

Les Etats-Unis, avec lesquels Caracas a rompu ses relations diplomatiques, ont régulièrement affirmé que "toutes les options étaient sur la table", y compris militaires.

- Lutte diplomatique -

Juan Guaido, 35 ans, s'est déclaré président par intérim le 23 janvier en invoquant la Constitution, après que le Parlement, seul organe contrôlé par l'opposition, a déclaré Nicolas Maduro un "usurpateur" en raison de sa réélection contestée, à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

L'opposant peut compter sur l'appui des États-Unis et un soutien croissant en Amérique latine et en Europe.

En parallèle, des représentants de l'opposant préparaient l'organisation d'une conférence internationale jeudi au siège de l'Organisation des États américains (OEA) à Washington pour "sensibiliser" les gouvernements, organismes internationaux, ONG et entreprises sur l'aide à apporter au Venezuela.

Washington a également proposé au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution appelant le Venezuela à faciliter une aide humanitaire internationale et à s'engager vers un scrutin présidentiel. Le texte a suscité une contre-proposition de la Russie, un des alliés du pouvoir chaviste avec la Chine, la Turquie et l'Iran.

De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réaffirmé lundi être prêt à servir d'intermédiaire pour négocier une solution à la crise politique au Venezuela mais il veut avoir l'accord des deux parties avant de passer à l'action. Selon des diplomates de l'ONU, le gouvernement de Nicolas Maduro est prêt à de tels pourparlers mais il n'est pas encore clair quelle est la position de Juan Guaido.

Sans donner de détails, le Bureau du contrôleur financier du Venezuela, un organe administratif acquis au pouvoir, a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête pour financement illicite, notamment international, à l'encontre M. Guaido.

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