Yémen : l'ONU tente d'éviter une "bataille féroce et sanglante" à Hodeida

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Par Carole LANDRY - New York (Etats-Unis) (AFP)
Publié le 12 juin 2018 - 05:42
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Des soldats soudanais membres de la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, le 7 juin 2018 près d'Al Jah, à 50 km du port de Hodeida, au Yémen
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© NABIL HASSAN / AFP/Archives
Des soldats soudanais membres de la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, le 7 juin 2018 près d'Al Jah, à 50 km du port de Hodeida, au Yémen
© NABIL HASSAN / AFP/Archives

Les Nations unies se sont mobilisées lundi pour éviter "une bataille féroce et sanglante" à Hodeida, ville stratégique du Yémen dont le port est crucial pour le passage de l'aide humanitaire dans ce pays déchiré par la guerre.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est entretenu avec le nouveau ministre yéménite des Affaires étrangères au siège de l'organisation à New York, alors qu'une attaque contre Hodeida serait imminente selon le Royaume-Uni.

Selon M. Guterres, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen Martin Griffiths mène en outre d'"intenses négociations" avec les rebelles Houthis, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis pour "éviter une confrontation militaire à Hodeida".

Et le Conseil de sécurité s'est réuni à huis clos pour entendre M. Griffiths, qui parlait par visio-conférence depuis la Jordanie, alors que les forces gouvernementales yéménites alliées à la coalition sont à dix kilomètres de la ville portuaire.

L'Arabie saoudite a pris en mars 2015 la tête d'une coalition militaire pour aider le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu internationalement, face aux rebelles chiites soutenus par l'Iran qui se sont emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.

Le conflit a fait près de 10.000 morts et provoqué selon l'ONU la "pire crise humanitaire au monde". Certaines régions du Yémen sont au bord de la famine.

Pendant sa rencontre avec le ministre Khaled Alyemany, M. Guterres a souligné que "tout le monde devrait redoubler d'efforts pour trouver une solution politique et éviter une bataille féroce et sanglante à Hodeida", a indiqué le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

L'émissaire spécial pour le Yémen a de son côté relancé l'idée de placer le port de Hodeida entre des mains neutres, selon des diplomates.

Après la réunion du Conseil de sécurité, l'ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia, a appelé à l'apaisement.

"Nous espérons que les efforts de l'émissaire spécial apporteront une solution positive. Nous avons pour l'instant laissé (la question) entre ses mains", a-t-il dit à la presse.

"Nous reconnaissons les inquiétudes des Emirats arabes unis sur leur sécurité mais nous sommes également inquiets de la situation humanitaire", avait expliqué l'ambassadrice britannique Karen Pierce avant la réunion.

- "Catastrophique" -

L'ONU avait déjà averti que jusqu'à 250.000 personnes seraient en danger en cas d'attaque de la coalition.

Le responsable des affaires humanitaires à l'ONU, Mark Lowcock, qui a également été entendu par le Conseil, a affirmé qu'une telle attaque serait "catastrophique".

Le Yémen dépend des importations pour 90% de sa nourriture, et 70% de ces importations passent par Hodeida, a-t-il souligné.

M. Griffiths doit présenter le 18 juin un nouveau plan de paix pour le Yémen. Il a averti qu'une action militaire pourrait menacer ses efforts.

Onze organisations humanitaires, dont Oxfam and Save the Children, ont écrit au ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson pour l'exhorter à avertir la coalition qu'elle perdrait le soutien du Royaume-Uni si elle lançait une attaque.

"Si cette attaque se produit, le nombre de victimes dans tous les camps sera élevé avec un impact qui sera sûrement catastrophique sur la population civile", ont-elles affirmé.

La coalition menée par l'Arabie affirme que le port est utilisé par les Houthis pour faire entrer illégalement des armes.

Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a indiqué que Washington suivait "de très près la situation" à Hodeida, en appelant la coalition à soutenir les efforts déployés par l'ONU pour mettre fin au conflit.

Le texte ne met toutefois pas en garde Ryad ni les Emirats arabes unis, qui appuient l'offensive, contre un éventuel siège de la ville qui abrite 600.000 habitants.

"J'ai parlé avec les dirigeants émiratis et évoqué clairement notre voeu de répondre à leurs inquiétudes en matière de sécurité, tout en préservant la libre circulation de l'aide humanitaire et des produits de première nécessité importés", a déclaré M. Pompeo.

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