Zimbabwe : l'opposant Tendai Biti expulsé de la Zambie vers son pays

Auteur:
 
Par Obert SIMWANZA à Lusaka avec Fanuel JONGWE à Harare - Harare (AFP)
Publié le 09 août 2018 - 18:17
Image
Des partisans d'Emmerson Mnangagwa célèbrent l'annonce de sa victoire à la présidentielle au Zimbabwe, le 3 août 2018 à Harare.
Crédits
© Luis TATO / AFP/Archives
Des partisans d'Emmerson Mnangagwa célèbrent l'annonce de sa victoire à la présidentielle au Zimbabwe, le 3 août 2018 à Harare.
© Luis TATO / AFP/Archives

Figure de l'opposition zimbabwéenne, Tendai Biti, qui avait fui en Zambie pour y demander l'asile politique, a été renvoyé jeudi au Zimbabwe, alarmant des diplomates occidentaux et soulevant la réprobation de l'opposition.

Son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), s'apprête à déposer un recours contre les résultats de la présidentielle du 30 juillet, remportée au 1er tour par le sortant Emmerson Mnangagwa.

"Il (M. Biti) est actuellement au Zimbabwe", a affirmé à l'AFP Dora Siliya, porte-parole du gouvernement zambien et ministre de la communication.

"Nous ne l'avons pas expulsé, nous l'avons rendu aux autorités zimbabwéennes", a-t-elle précisé, en insistant sur le "mot-clé: +rendre aux autorités+".

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (HCR) s'est déclaré "inquiet": "le refoulement ou le retour forcé de réfugiés et de chercheurs d'asile vers leur pays d'origine est une violation sérieuse des lois internationales", a-t-il souligné dans un communiqué.

Les chefs de mission diplomatiques de l'Union européenne, des Etats-Unis, Canada et Australie ont demandé au gouvernement de "garantir son intégrité physique et sa sécurité" et de "s'assurer que ses droits soient respectés".

M. Biti, 52 ans, ancien ministre des Finances du gouvernement d'union nationale (2009-2013), avait franchi mercredi matin la frontière terrestre entre le Zimbabwe et la Zambie.

Le MDC conteste les résultats de la présidentielle, la première depuis la mise à l'écart du leader historique Robert Mugabe. Le scrutin a été remporté par Mnangagwa (50,8%) devant le leader du MDC Nelson Chamisa (44,3%).

L'expulsion de Tendai Biti intervient alors que l'opposition a jusqu'à vendredi pour déposer le recours qu'elle a promis publiquement devant la Cour constitutionnelle. Celle-ci aura ensuite 14 jours pour trancher.

- Ramaphosa en visite -

Selon le journal pro-gouvernemental zimbabwéen The Chronicle, Tendai Biti est recherché par la justice, accusé d'incitation à la violence. Avant la proclamation des résultats par la commission électorale, il avait notamment annoncé que Nelson Chamisa avait remporté l'élection, tout en défiant la commission d'annoncer un résultat différent.

"L'asile lui a été refusé parce qu'il n'y a pas un effondrement de l'Etat de droit dans son pays", a expliqué Mme Siliya.

La répression des manifestations du 1er août contestant l'annonce de la victoire d'Emmerson Mnangagwa a fait au moins six morts et des dizaines de blessés.

Mme Siliya a ajouté que le gouvernement n'avait pas reçu d'injonction judiciaire avant de "rendre" M. Biti, soulignant que l'ordre judiciaire était arrivé "après".

Une audition devant la Haute Cour de Zambie a eu lieu jeudi en l'absence de M. Biti. "Nous avons demandé un ajournement parce que nous avons appris que notre client n'était plus en Zambie alors que la justice avait réclamé sa présence", a affirmé sous couvert de l'anonymat un des avocats de M. Biti, soulignant qu'il y avait "une désobéissance apparente par l'Etat à une décision de justice".

"Ils ont bravé la décision de justice qui l'autorisait à demander l'asile politique", a estimé de son côté l'avocat zambien Gilbert Phiri.

Le MDC s'est lui aussi indigné du comportement de la Zambie. "Si les autorités zambiennes l'ont renvoyé (...), ce sera un développement très regrettable et malheureux. Nous sommes extrêmement inquiets parce nous ne savons pas exactement où il (Biti) se trouve et parce que nous n'avons pas réussi à identifier ceux qui l'ont pris" (au Zimbabwe), a affirmé à l'AFP Nelson Chamisa, le leader de l'opposition.

"J'étais en contact direct avec lui (Biti) hier (mercredi). Il m'a demandé de solliciter des leaders de la région pour l'aider. Il voulait que je cherche les conseils et le soutien des présidents (sud-africain) Cyril Ramaphosa et (zambien) Edgar Lungu", a-t-il ajouté.

M. Ramaphosa doit effectuer jeudi et vendredi une tournée régionale passant par la Zambie et la République démocratique du Congo, a annoncé la présidence sud-africaine sur son compte twitter. Il "fera aussi une escale au Zimbabwe pour s'entretenir avec le président-élu Emmerson Mnangagwa", a-t-elle ajouté sans donner de date.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.