Asile : six semaines pour trouver un "équilibre" au sein de la majorité

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Par Fabrice RANDOUX - Paris (AFP)
Publié le 21 février 2018 - 09:00
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Désormais en possession du projet de loi asile et immigration, les députés de la majorité, qui ont échangé sans tensions mercredi avec Gérard Collomb, ont maintenant six semaines pour trouver un "équilibre" sur ce texte, le premier à les bousculer depuis le début du quinquennat.

En fin d'après-midi, le ministre a présenté son texte devant une centaine de députés LREM et MoDem et répondu, dans "une ambiance plutôt détendue" selon des participants, à de nombreuses questions "sur des points précis", comme la durée de rétention, les recours, le délit de solidarité, les chiffres, etc.

"Je n'ai qu'un mot: c'était super!", a lâché à la sortie M. Collomb. Les députés sont convenus de se voir chaque mardi d'ici le début des débats parlementaires en avril, avec une nouvelle intervention du ministre à mi-parcours.

"Le ministre n'est pas fermé", s'est félicité le chef de file des élus MoDem Marc Fesneau, à la tribune à ses côtés durant deux heures avec son homologue LREM Richard Ferrand.

"Nous avons acté une méthode de travail collectif et la volonté de trouver un point d'équilibre", s'est félicité l'un des plus vigilants, Matthieu Orphelin.

Autre députée pour qui "la problématique de l'immigration doit dépasser la question sécuritaire", Martine Wonner, ancien médecin du Samu social de Paris, s'est dite "confiante qu'on va faire bouger le texte" même si "elle s'abstiendrait en l'état".

Les députés qui soutiennent la ligne de fermeté de Beauvau se sont pour leur part réjouis que personne n'ait évoqué "de point inacceptable" ou de "ligne rouge".

"Le texte pose des questions mais n'est pas attaqué. Il n'y aura pas de psychodrame", selon Marie Guévenoux (ex-LR).

- Doutes -

La politique migratoire du gouvernement a créé des remous au sein de la majorité depuis deux mois, avec un premier pic de tension en décembre dans la foulée des polémiques sur la circulaire visant à recenser les migrants dans les centres d'hébergement d'urgence.

Lors d'une séance de questions au gouvernement, M. Collomb s'était fait interpeller de manière inhabituellement incisive par Sonia Krimi (LREM), elle-même émigrée de Tunisie. Elle restait persuadée mercredi qu'"il manque une politique d'immigration globale" malgré des "bons points" sur la réunification des familles ou la lutte contre l'excision.

Cette contestation qui demeure latente met en lumière la diversité des sensibilités et des parcours au sein de la majorité, qui compte plusieurs anciens avocats ou militants associatifs.

En dépit de la "pédagogie intensive" du ministre, avec de multiples réunions qui se sont enchaînées, une nouvelle montée de tension avait eu lieu lors du vote la semaine dernière d'une proposition de loi facilitant la rétention des étrangers "Dublin", du nom du règlement européen qui confie le traitement d'une demande d'asile au premier pays où la personne a été enregistrée.

Une dizaine de députés LREM avaient critiqué en séance l'adoption d'un texte durci par la droite au Sénat.

Pour réunir ces différentes sensibilités, une ex-socialiste vallsiste et avocate, Elise Fajgeles, a été désignée rapporteure.

Avant l'examen en commission début avril, puis en séance mi-avril, Mme Fajgeles compte se livrer "à un mois intense d'auditions (magistrats, avocats, policiers, associations, etc) ouvertes à tous les députés de tous les groupes".

"A partir du moment où on prend le temps de s'approprier les enjeux, les procédures, les chiffres, on sort des postures et la tension va baisser", prédit-elle.

Gage gouvernemental: Edouard Philippe a annoncé lundi son intention de reprendre "les grands axes des propositions" du rapport d'Aurélien Taché (LREM) sur l'intégration des étrangers: doublement des heures de français et meilleur accompagnement vers emploi et logement.

Mais la rapporteure "entend qu'il y a un vrai doute" dans la majorité sur plusieurs points, comme la crainte que la réduction des délais se fasse au détriment des droits du demandeur d'asile.

Autre point "problématique" selon Matthieu Orphelin, l'allongement du délai maximal de rétention, de 45 à 90 jours. "S’il devait être confirmé, il devrait s’accompagner obligatoirement d’une évolution en profondeur des conditions de rétention" qui ont choqué nombre de députés ayant visité ces centres récemment, prévient-il.

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