Avec Rugy au gouvernement, le Perchoir est libre pour Richard Ferrand

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Par Anne Pascale REBOUL - Paris (AFP)
Publié le 04 septembre 2018 - 16:56
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Richard Ferrand à l'Assemblée nationale le 31 juillet 2018
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© GERARD JULIEN / AFP/Archives
Le président du groupe La République en marche, Richard Ferrand, le 31 juillet 2018 à l'Assemblée nationale
© GERARD JULIEN / AFP/Archives

Le départ de François de Rugy de l'Assemblée pour le gouvernement libère le Perchoir pour Richard Ferrand, très proche d'Emmanuel Macron et actuel chef de file des députés marcheurs, mais déjà deux candidates LREM se présentent face à lui.

Le député du Finistère a annoncé sa candidature mardi à la mi-journée, lors d'une réunion du bureau du groupe majoritaire, ont indiqué des participants.

"Je souhaite que le président Richard Ferrand soit le prochain président de l'Assemblée nationale", avait tweeté l'un de ses fidèles, le député et premier questeur Florian Bachelier, dès la nomination de M. de Rugy, un "marcheur" issu des rangs écologistes.

Mais pour Damien Abad, vice-président des députés LR, le remaniement revient à "une manœuvre politicienne": cela permet "de faire la courte échelle pour mettre Richard Ferrand à la présidence de l'Assemblée nationale", a-t-il pointé à l'AFP.

Les prétendants LREM ont jusqu'à mercredi soir pour se faire connaître, avant un vote interne pour les départager, lundi, dans le cadre d'un séminaire de rentrée à Tours. Puis l'ensemble des députés voteront mercredi 12 septembre, jour de reprise, pour élire leur président, des candidatures de plusieurs bords étant alors possibles. L'Insoumise Mathilde Panot a d'ores et déjà annoncé qu'elle en était.

La présidente de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet, et la députée de l'Isère Cendra Motin sont sur les rangs LREM. "Nouveaux visages, nouveaux usages, telle est la dynamique qui nous a portés jusqu'ici et qui doit continuer à nous animer", a fait valoir la première dans un message à ses collègues.

La présidente de la commission du Développement durable, Barbara Pompili (LREM), dont le nom était cité pour succéder à Nicolas Hulot au gouvernement, a dit aussi à l'AFP "réfléchir" à se porter candidate.

- "Concurrence" -

M. Ferrand n'a jamais caché son souhait de devenir le quatrième personnage de l'État. Son inimitié avec François de Rugy était notoire mais le premier a pu paradoxalement pousser à la promotion du second.

Au programme du prochain président de l'Assemblée: la poursuite des chantiers de "transformation" de l'institution initiés par François de Rugy, la gestion avec le gouvernement d'un ordre du jour très chargé et aussi les relations avec les différents groupes politiques, parfois compliquées pour l'ex-président, notamment avec les Insoumis.

Si l'hypothèse Ferrand se concrétisait, les jeux seraient ouverts pour lui succéder à la tête des 312 députés LREM - une fonction stratégique mais souvent ingrate.

"Vous croyez que le rêve de sa vie était d'être président de groupe ?", lâchait il y a quelques semaines un élu LREM.

"Dire que j'y prends du plaisir, oui, que c'est intéressant, oui, que c'est agréable, oui, parfois frustrant, oui", reconnaissait alors l'intéressé.

M. Ferrand, brièvement ministre de la Cohésion des territoires au début du quinquennat, avait été contraint de démissionner du gouvernement après avoir été mis en cause dans une affaire immobilière liée aux Mutuelles de Bretagne. L'information judiciaire ouverte à Paris pour "prise illégale d'intérêts" a été récemment dépaysée à Lille.

L'ancien socialiste rallié de la première heure à Emmanuel Macron avait alors été élu à la quasi-unanimité le 24 juin 2017 par les députés macronistes à leur présidence.

"Il a un fort caractère et, en même temps, il est là parce qu'il a ce fort caractère", soulignait une "marcheuse", pour qui "tenir un groupe de 300 personnes qui viennent d'horizon asymétriques, je ne sais même pas si c'est réalisable".

Au-delà de ce rôle moteur dans la cohésion d'un groupe où quelques figures de frondeurs commencent à émerger, M. Ferrand était revenu cet été sur le devant de la scène du théâtre parlementaire comme rapporteur général de la révision constitutionnelle. Ce projet qui a déjà du plomb dans l'aile pourrait souffrir de son départ, ainsi que de celui de François de Rugy, qui s'était érigé en défenseur des droits du Parlement.

Pour la présidence du groupe majoritaire, "il y a beaucoup plus de concurrence à attendre, mais Gilles Le Gendre (vice-président et porte-parole du groupe) apparaît comme le successeur naturel", d'après une source parlementaire. Parmi les autres candidats potentiels dont les noms reviennent figurent Aurore Bergé et Brigitte Bourguignon.

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