Benalla : une audition sous haute tension

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Par Véronique MARTINACHE - Paris (AFP)
Publié le 19 septembre 2018 - 06:00
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Alexandre Benalla à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle lors de l'arrivée des Bleus, le 16 juillet 2018
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Alexandre Benalla (c) à côté d'Emmanuel Macron (d), le 24 février 2018 à Paris.
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Précédée de petites piques et de mises en garde répétées de l'exécutif, l'audition d'Alexandre Benalla, principal protagoniste de l'affaire qui a empoisonné l'été d'Emmanuel Macron, s'ouvre dans un contexte explosif mercredi au Sénat.

La commission d'enquête sénatoriale doit entendre à partir de 08H30 l'ancien collaborateur du chef de l'Etat, mis en examen pour avoir malmené des manifestants en marge des défilés parisiens du 1er mai.

Dans la foulée sera auditionné Vincent Crase, chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie, filmé à ses côtés lors de ces incidents et également mis en examen.

Au moment des faits, les deux hommes étaient respectivement adjoint du chef de cabinet de la présidence et employé du parti présidentiel La République en marche. Ils ont tous deux été licenciés après la divulgation des événements dans la presse.

Dans quel état d'esprit se déroulera l'audition de M. Benalla, "approuvée" par trois Français sur quatre, selon un sondage Ifop publié mardi par la chaîne Public Sénat ?

Selon des sources parlementaires, elle ne devrait pas être à huis-clos, alors que l'avocat d'Alexandre Benalla, Laurent-Franck Liénard, avait évoqué une telle possibilité.

"Nous n'avons reçu aucune demande en ce sens et il n'y a aucune raison de penser que ce sera le cas", a déclaré Philippe Bas, le président (LR) de la commission d'enquête sénatoriale, mercredi matin sur franceinfo.

M. Bas et Jean-Pierre Sueur, corapporteur PS de la commission, martèlent n'avoir qu'un objectif: mettre au jour d'éventuels "dysfonctionnements" des services de l'État. Et cela en n'empiétant pas sur les prérogatives de la justice, ce qui serait contraire à la séparation des pouvoirs.

Il s'agit simplement d'"établir la vérité: on est passé d'un petit dysfonctionnement d’État - il n'y a jamais eu de crime d’État - à un mensonge d'Etat, compte tenu des contrevérités qu'on nous a assénées en contradiction avec tous les éléments objectifs dont nous disposions", a insisté le sénateur membre de la commission François Grosdidier mercredi sur Cnews, évoquant le permis de port d'arme de M. Benalla et des images où on le voit aux côtés du président.

Mais pour Me Liénard, "le champ des interrogations possibles va être très limité" pour les sénateurs puisque, a-t-il souligné, son client "ne peut pas répondre aux questions qui seraient posées sur l'enquête; et la commission ne peut pas poser de questions sur l'enquête".

- "Torpille" anti-Macron -

Au centre des préoccupations des sénateurs, la question de la protection du président et le rôle qu'Alexandre Benalla, qui avait intégré l'équipe de sécurité d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, a pu y tenir, en dépit des "règles" établies par les institutions.

Cette protection est "la responsabilité d'un service de l'État", martèle M. Bas. Elle est dévolue à deux unités d'élite, le Groupe de Sécurité de la présidence de la République (GSPR) et, à l'intérieur de l'Elysée, le commandement militaire.

Révélée en juillet par le journal Le Monde, l'affaire a été qualifiée de "tempête dans un verre d'eau" par le président Macron. Mais, loin de s'évanouir, elle continue d'occuper le devant de la scène et a donné lieu ces derniers jours à des échanges musclés entre exécutif et sénateurs s'écharpant sur la question de la séparation des pouvoirs.

"Instrumentalisation politique", volonté de "s'arroger un pouvoir de destitution" du président, "campagne politique personnelle" de Philippe Bas: les accusations ont fusé parmi les membres du gouvernement. Quant aux sénateurs macronistes, minoritaires au Palais du Luxembourg, ils boycotteront l'audition.

"On ne verra pas la différence car de toute façon ils ne posaient pas de questions", a taclé François Grosdidier sur LCI.

La convocation de M. Benalla, 27 ans, devant le Sénat, a elle-même viré au feuilleton. L'ex-chargé de mission a d'abord laissé entendre qu'il souhaitait être auditionné. Puis qu'il ne préférait plus. Avant de finalement céder, "contraint", à la requête des sénateurs, afin d'éviter des "poursuites judiciaires", tout en taxant au passage Philippe Bas de "petit marquis".

Selon Me Liénard, Alexandre Benalla est utilisé par "beaucoup de gens" comme "la torpille à balancer sur Emmanuel Macron".

Les sénateurs, qui ont déjà procédé à de nombreuses auditions, y compris de proches du chef de l'État, entendront également mercredi Yann Drouet, ancien chef de cabinet du préfet de police de Paris.

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