Christine Boutin, la pasionaria conservatrice met fin à 40 ans de vie publique

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Par AFP
Publié le 21 octobre 2017 - 18:11
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Christine Boutin, le 21 octobre 2017 à Rambouillet
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© Thomas Samson / AFP
Christine Boutin, le 21 octobre 2017 à Rambouillet
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Pasionaria conservatrice portée par les valeurs du catholicisme, Christine Boutin, 73 ans, a mis samedi un terme à quarante ans d'une carrière politique tournée vers les questions sociétales et marquée par une candidature à la présidentielle.

Elle s'est décrite comme "une femme comblée" et "fière" de son parcours. "Je suis heureuse de ne pas avoir renié mes convictions", a-t-elle ajouté, en regrettant d'avoir été "ridiculisée, ringardisée".

Députée des Yvelines de 1986 à 2007, Mme Boutin s'était fait connaître à l'Assemblée en 1998 lors du débat sur le Pacs, dont elle avait incarné l'opposition, parfois Bible à la main ou en pleurs lorsque le Premier ministre de l'époque, Lionel Jospin, l'avait qualifiée de "marginale" et "outrancière".

Elle a également pris parti contre l'avortement et la pilule du lendemain, avant de reprendre le combat contre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe en 2012.

Mais cette fervente catholique a également pris position contre la peine de mort et cultivé une image humaniste sur de nombreuses questions de société, telles les prisons, le logement d'urgence, les banlieues ou les migrants.

Être catholique pratiquante, "c'est pour moi essentiel", avait-elle confié en 2009 au journal Le Monde. "Depuis trente ans que je fais de la politique, ce qui m'intéresse c'est la fragilité, la dignité de l'homme".

Candidate malheureuse à la présidentielle de 2002 - elle avait recueilli 1,19 % des suffrages - , Christine Boutin avait choisi de soutenir Nicolas Sarkozy en 2007. Une fois élu à l'Élysée, il l'avait nommée ministre du Logement.

Cet électron libre de la droite avait affirmé avoir été "une femme heureuse" au gouvernement, où elle avait pu "mettre en pratique ses convictions profondes". "J'ai fait ce qui me tenait à cœur pour loger les gens et protéger les plus faibles", avait-elle encore revendiqué, en faisant notamment allusion au droit au logement.

Elle gardait toutefois une rancœur certaine contre François Fillon, Premier ministre, qui l'avait écartée à la suite d'un remaniement en 2009.

Mme Boutin avait alors renoncé à reprendre son siège de députée, se concentrant sur la présidence de son mouvement politique, le Parti chrétien-démocrate (PCD), qu'elle avait fondé en 2002 sous le nom de Forum des Républicains sociaux, parti associé à l'UMP.

Après une nouvelle annonce de candidature à la présidentielle en 2011, elle avait finalement renoncé et à nouveau soutenu Nicolas Sarkozy en 2012.

- Annonce de la mort de Chirac -

S'en était suivie une période de relative discrétion, à peine interrompue par son soutien actif à la Manif pour tous, ou, l'an dernier, une condamnation pour incitation à la haine après avoir estimé que "l'homosexualité est une abomination". Samedi elle regrettait que ses paroles aient "blessé des gens dans le débat sur le mariage homosexuel".

Christine Boutin s'était également illustrée en déplorant qu'"on soit envahi de gays" après l'attribution de la Palme d'or 2013 à "La vie d'Adèle".

Férue de Twitter, l'ex-ministre avait annoncé à tort la mort de Jacques Chirac en septembre 2016, en affirmant que "l'information lui avait été donnée par une source sûre".

Après le premier tour de l'élection présidentielle de 2017, elle avait annoncé qu'elle voterait pour Marine Le Pen. "Toute ma vie j'ai combattu le FN" mais, en tant qu'"anti-Macron primaire", "je voulais qu'il fasse le score le plus bas possible", a-t-elle expliqué samedi.

Née le 6 février 1944 à Levroux (Indre), Christine Boutin est mariée à son cousin germain, Louis Boutin, mère de trois enfants, grand-mère et titulaire d'une maîtrise de droit public. Elle étudie désormais deux jours par semaine la théologie à Paris.

Elle avait commencé sa carrière politique en 1977 comme conseillère municipale d'Auffargis (Yvelines), avant de devenir cinq ans plus tard conseillère générale, puis départementale, de Rambouillet, mandat dont elle a démissionné samedi.

Christine Boutin avait confié en 2013 la présidence de son parti à Jean-Frédéric Poisson, qui lui avait déjà succédé six ans plus tôt à l'Assemblée nationale. Elle reste présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate.

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