Darmanin-Le Maire, deux partitions dans le concert budgétaire au Parlement

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Par Isabelle CORTES - Paris (AFP)
Publié le 21 décembre 2017 - 17:11
Mis à jour le 04 janvier 2018 - 12:48
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Le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, le 5 décembre 2017 à Paris
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© Eric FEFERBERG / AFP
Le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, le 5 décembre 2017 à Paris
© Eric FEFERBERG / AFP

L'un a oscillé entre réparties mordantes et gouaille, l'autre a cherché à prendre de la hauteur: les deux ministres de Bercy, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, ont joué chacun sa partition au Parlement pour leur premier exercice budgétaire.

La séquence intense achevée jeudi a mis en lumière les styles et tactiques de ces deux anciens LR. "Gérald Darmanin est plus agile, Bruno Le Maire plus régalien", observe un ténor de la majorité.

Là où le ministre des Comptes publics de 35 ans "se demande toujours comment les gens de Tourcoing vont réceptionner telle ou telle mesure" et travaille pour "les présenter en terme d'augmentation de pouvoir d'achat pour chacun", son aîné de l'Economie, qui veut restaurer la "crédibilité" de la France en Europe et "raisonne plus en milliards", "macroéconomique", "plus classique", renchérit une source LREM.

"Chacun essaye sa partition. Gérald Darmanin est malin, a du sens politique, ses réponses dans l'hémicycle font parfois penser à du Sarkozy... ou du Valls. Bruno Le Maire la joue grand ministre de l'Economie qui porterait un renouveau", observe un élu chevronné UDI-Agir.

Si le ministre des Comptes publics, "une révélation", a "donné le sentiment d'être actif, connaisseur des dossiers", celui de l'Economie et des Finances est apparu "un peu aux abonnés absents" même s'il a probablement "d'autres enjeux" avec "les milieux économiques ou l'international", pour Vincent Eblé, président PS de la commission des Finances du Sénat.

- "Copperfield et Garcimore" -

Un MoDem, saluant "des ministres très bons", souligne que "le gros travail de séduction de Gérald Darmanin, dès cet été, lui a assuré un énorme capital de sympathie chez LREM", là où "Bruno Le Maire a du mérite, avec son côté +on assume+, comme sur la suppression partielle de l'impôt de solidarité sur la fortune, qui équilibre le côté +il y aura zéro perdant+ de Gérald Darmanin".

Les députés LREM prisent davantage l'ex-maire de Tourcoing, qui fut aussi bras droit de Xavier Bertrand à la région Hauts-de-France ou porte-parole de Nicolas Sarkozy pour la campagne de la présidence de LR. Il a une "super cote" chez les "marcheurs", confirme un ministre, vantant aussi le parcours du nordiste, issu d'une famille modeste et d'"une droite sociale et ouvrière", sans évoquer des lignes de curriculum vitae moins conformes au renouvellement défendu par la majorité (assistant parlementaire, élu municipal, conseiller régional, conseiller ministériel, député-maire).

Si les deux de Bercy ont riposté aux critiques de leur ancienne famille politique pour l'inviter à la "cohérence" sur des réformes longtemps défendues, renvoyé les socialistes à leur bilan ou récusé la vision Insoumise, Gérald Darmanin a aussi usé d'humour.

A Fabien Roussel (PCF), il a ainsi répondu avec du Pierre Desproges -"les communistes mangent des enfants mais en plus, ils manquent d'objectivité"-, glissant ensuite une réplique de Louis de Funès dans "La Grande Vadrouille". Au centriste Charles de Courson, il a riposté avec du Raymond Queneau. Le ministre de l'Economie a, lui, invoqué Voltaire et Tocqueville pour défendre la réforme de l'ISF.

"Deux magiciens (...) qui vous donnent un euro et vous en reprennent deux sans que vous ne vous en rendiez compte. Bruno Le Maire, genre Copperfield, propre et papier glacé, Gérald Darmanin, plutôt Garcimore, simple et marrant", ironise Fabien Roussel, qui salue néanmoins leur "écoute" pour l'usine Ascoval ou le bassin minier.

Pour un ténor de gauche, "Gérald Darmanin fait beaucoup d'efforts pour être sympathique avec tout le monde, Bruno Le Maire moins, mais ces hommes de droite sont assez à l'aise avec ce qu'ils défendent".

Le cri de "Judas" a retenti depuis les bancs Républicains pour fustiger le jeune ministre passé côté macroniste, et un LR raille "Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, parfaits dans les rôles de carriéristes individualistes: ils soutenaient mordicus la baisse de la CSG, aujourd'hui l'inverse". L'ancien candidat à la primaire de droite "Bruno Le Maire a plus de convictions profondes, Gérald Darmanin est plus équivoque", distingue un de ses collègues.

Mais, concède un jeune LR, "ce sont les deux seuls avec un peu d'épaisseur" au gouvernement.

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