Du Nord au Sud, les sympathisants du RN aspirent au "changement"

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Par Anne RENAUT - Draguignan (AFP)
Publié le 10 mai 2019 - 20:16
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Des Ardennes au Var, les sympathisants du RN aspirent au "changement" lors des européennes du 26 mai pour que, cette fois, Marine Le Pen batte Emmanuel Macron, les sorte de leur "galère" et "chasse les migrants".

"C'est la seule qu'on n'a jamais goûtée", explique Jean, un bûcheron au chômage de 55 ans habitant à Draguignan, dans le Var, bastion du parti où Marine Le Pen a tenu un meeting vendredi soir.

Très remonté contre Emmanuel Macron, "un technocrate de l'Europe qui n'aime que les riches" et "s'en fout des Français", il votera sans hésitation pour le Rassemblement national dans deux semaines.

Emmanuel Macron, en disant qu'il était "prêt à tout" pour battre le RN, "met son avenir entre les mains des électeurs, oui ou non ?", a demandé Marine Le Pen à ses militants. "Oui" a répondu en chœur la salle.

Même son de cloche 900 km plus au nord, à Rocquigny, un village des Ardennes qui a voté à 60% pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. "Il faut du changement, ce n'est qu'avec elle qu'il y en aura", y assure Bernard, boucher à la retraite de 73 ans, venu main dans la main avec sa femme Marie-José voir la cheffe du Rassemblement national à la salle des fêtes du village.

- "Même galère" -

"Marine mérite de passer" devant Macron cette fois "parce que quand je vois tous ceux en haut de l'échelle qui s'en mettent plein les fouilles !", s'exclame-t-il, ajoutant qu'il "soutient à fond" les "gilets jaunes".

Au pied de la forêt, les vallons ardennais sont verdoyants. "Notre grande richesse, c'est la verdure et le calme, mais ça ne remplit pas le porte-monnaie", explique le maire, Marcel Bertaux, qui en fut le boulanger pendant 50 ans. La boulangerie est toujours là, mais plus l'épicerie. Il n'y a pas de médecin, et deux classes de primaire sont menacées de fermeture.

Il est "étonné" que ses administrés aient voté Marine Le Pen "alors qu'il n'y a pas d'Arabe ou d'immigré ici".

Mais l'essence "c'est au moins 300 euros par mois", quand la première station-service est à 20 minutes de voiture, a calculé Violette, assistante familiale de 56 ans, venue en curieuse.

"On a déjà eu la gauche, la droite et le centre, et c'est la même galère", déplore sa collègue Nadine. Alors le RN, "ça ne peut pas être pire", ajoute Violette, ressortie du meeting convaincue "d'aller voter", alors qu'elle comptait s'abstenir, comme plus de la moitié des Français selon les sondages.

Lunettes fumées et traits tirés, cette retraitée attend dans sa voiture avec sa mère âgée. "Les Européennes ça ne m'intéresse pas plus que cela, mais il faut montrer à Macron qu'il y en a beaucoup qui ne sont pas d'accord".

- "Souks islamiques" -

Marie-Claude, 62 ans, qui a travaillé auprès des personnes âgées, n'a plus de voiture "et ça n'est pas facile sans, ici". Déçue par l'échec de Marine Le Pen à la présidentielle, elle veut "reprendre espoir".

Chez les électeurs du RN à Draguignan, c'est moins le pouvoir d'achat que l'immigration qui préoccupe, selon le patron de la fédération locale Frédéric Boccaletti.

Jordan Bardella, tête de liste du RN, s'est rendu vendredi au Luc, une ville du Var gérée par le parti d'extrême droite qui avait contesté en 2017 l'implantation d'un centre d'accueil de migrants.

Il y a dénoncé "les effets de la répartition obligatoire" des migrants "votée aussi bien par les alliés de Macron que par les eurodéputés LR", avant de fustiger en meeting "la transformation de certains marchés provençaux du Var en souks islamiques".

"Les immigrés ont tout et nous on ne peut même pas se faire réparer les dents", s'indigne un couple d'artisans du Loir-et-Cher à la retraite, Claude et Maryse Auchapt, de passage à Draguignan. "Il y a toujours les mêmes au pouvoir et Macron c'est le pire des pires".

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