Élections européennes : le dernier combat de Benoît Hamon ?

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Par Stéphanie LEROUGE - Paris (AFP)
Publié le 23 avril 2019 - 09:30
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Benoît Hamon le 3 avril 2019
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© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
Benoît Hamon le 3 avril 2019
© BERTRAND GUAY / AFP/Archives

En mauvaise passe pour les élections européennes, Benoît Hamon risque de disparaître du paysage politique s'il n'est pas élu. Mais lui promet d'aller "jusqu'au bout", animé selon les uns par un esprit de "revanche", selon les autres par "ses convictions".

Tête de liste de Générations, le parti qu'il a créé après son départ du PS, l'ancien candidat à la présidentielle ne parvient pas à décoller dans les sondages, où il tourne autour de 3% ou 4% - en deçà du seuil de 5% permettant d'envoyer des élus à Strasbourg, et tout juste celui permettant d'être remboursé de ses frais de campagne.

Ces dernières semaines, les déconvenues se sont accumulées pour l'ancien ministre: échec de sa proposition de "votation citoyenne" pour rassembler la gauche désunie, ralliement d'une porte-parole de Générations, Aurore Lalucq, à la liste PS-Place publique, plainte pour agression sexuelle contre un autre porte-parole, Mehdi Ouraoui, refus initial de France 2 de l'inviter au débat de lancement de la campagne...

Dernière déception en date: le 10 avril, l'ancien député EELV Noël Mamère, qui avait accompagné les premiers pas de Générations et intégré sa "coordination politique", a rendu public son choix de soutenir la liste EELV, "dans la mesure où toutes les tentatives de rassemblement ont échoué".

Face à l'adversité, Benoît Hamon serre les dents. "Je vois la difficulté de la tâche. Pour le dire en anglais: +no pain no gain+. Il n'y a pas de victoire sans souffrance, j'accepte de prendre sur moi", dit-il à l'AFP, en marge d'un déplacement à Aubervilliers.

- "Optimiste" -

Après son cuisant échec à la présidentielle (6,36%), puis aux législatives, qu'est-ce qui fait encore courir l'ancien porte-parole du PS ? Pour le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, c'est d'abord l'esprit de "revanche". "Benoît Hamon donne le sentiment d'être dans une logique de terre brûlée", accuse-t-il.

Tête de liste PS-Place publique, Raphaël Glucksmann a récemment relaté à la presse que Benoît Hamon lui avait dit "préférer crever en (les) faisant échouer, plutôt que crever en (les) voyant réussir". Il a démenti.

Question d'égo pour d'autres. Ce qui l'anime, "c'est l'enjeu présidentiel", assure une ancienne proche sous couvert d'anonymat. Se voyant comme "le plus populaire à gauche", M. Hamon, 51 ans, "s'est projeté dans la création d'une écurie pour 2022", au risque de faire fuir ses soutiens de 2017, analyse l'écologiste Yannick Jadot.

Proche de M. Hamon, le conseiller de Paris ex-EELV Yves Contassot récuse ces attaques. "Ce qui m'a frappé, ce sont ses convictions", dit-il à l'AFP. "Benoît Hamon est convaincu qu'on ne peut pas laisser les choses se défaire sans réagir (...) Comme moi, il n'est pas résigné", assure-t-il, en n'imaginant "pas une seconde" que la liste de Générations "soit en dessous de 5".

"C'est quelqu'un de très optimiste", complète le bras droit de M. Hamon, Guillaume Balas. "Je ne l'ai jamais vu abattu. Je crois qu'il aime se battre".

Chantre pendant la présidentielle du "revenu universel d'existence", de la "taxe robots", de la taxation des géants du numérique, M. Hamon croit en l'avenir de ses idées, et plus largement en celui de la gauche.

"Je pense que le pays est de plus en plus mûr pour se donner un gouvernement de gauche", assure-t-il, alors que la gauche oscille entre 25 et 30% des intentions de vote dans les sondages.

"On a réorienté la colère vers le haut, et on le doit en partie aux +gilets jaunes+. On arrête de s'opposer les uns aux autres", analyse-t-il.

M. Hamon le concède néanmoins: "Ce que je ressens c'est qu'il n'y a pas la confiance sur le terrain".

Les européennes pourraient-elles être sa dernière bataille électorale ? "Si cela devait être le cas je n'en nourrirais pas d'amertume. Si les gens disent non à l'élection, il faut les écouter", répond-il. Mais il en est persuadé: "A la fin, il y aura des victoires. Ce n'est peut-être pas moi qui serai sur le devant de la scène. Mais j'aurai tenu le drapeau."

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