François Fillon, l'histoire d'un naufrage disséquée par deux documentaires

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Par Paul AUBRIAT et Baptiste PACE - Paris (AFP)
Publié le 26 janvier 2018 - 10:04
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Francois Fillon à Paris le 23 avril 2017
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Francois Fillon à Paris le 23 avril 2017
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Un an après les révélations du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs de l'entourage de François Fillon, deux documentaires de BFMTV et France 5 reviennent sur sa déroute électorale, avec des témoignages de responsables de la campagne et de ténors LR, à l'exception notable de celui de l'ex-candidat.

"Je lui dis +vu les accusations qui sont d'une immense gravité, il faut porter plainte en diffamation. Tout de suite+", raconte Thierry Solère dans "François Fillon: l'homme qui ne pouvait pas être président", un documentaire de Bruce Toussaint et Felix Seger qui sera diffusé le 4 février sur France 5.

Le 24 janvier 2017, quelques heures après les révélations de l'hebdomadaire satirique, alors qu'une réunion de crise s'improvise au siège de campagne du candidat, François Fillon répond à son porte-parole: "Ah ben non, sinon y'aura la justice". "J'étais interloqué", commente M. Solère.

Plus encore que de démentir les accusations, François Fillon a surtout cherché à en identifier la source, rappelle "Qui a tué François Fillon?", autre documentaire qui sera diffusé lundi à 22H40 sur BFMTV.

Rachida Dati, dont l'inimitié avec l'ex-Premier ministre est notoire, l'Élysée de François Hollande, Bercy ou l'administration de l'Assemblée nationale? Tous les mis en cause démentent, alors que le documentaire de France 5 s'attarde pour sa part sur les sarkozystes, dont la rancœur à l'endroit du châtelain de Sablé-sur-Sarthe est tenace.

Les deux documents reviennent sur les temps forts de cette imprévisible campagne, notamment le mystérieux "report" de la visite du Salon de l'agriculture par François Fillon, le 1er mars. Quelques heures plus tard, le candidat annonce qu'il est convoqué en vue d'une mise en examen.

Acculé, M. Fillon convoque alors un rassemblement au Trocadéro, dont il laisse entendre qu'il sera un baroud d'honneur avant un retrait.

- Quand Fillon renonce à renoncer -

"J'étais convaincu qu'il allait partir", explique François Baroin. Après le meeting devant la Tour Eiffel, François Fillon doit faire le 20 heures de France 2. "Il m'appelle à 19H00 et il me demande si je veux être son Premier ministre", raconte l'ex-ministre de l'Économie, qui comprend alors que François Fillon a renoncé à renoncer.

Dépeint comme "secret" par ses proches, le champion de la primaire de la droite de 2016, promis vainqueur d'une élection "imperdable", est également décrit comme un homme qui a "un rapport à l'argent maladif", selon l'un de ses ex-meilleurs amis, Jean de Boishue, "par peur de manquer".

Est-ce pour cette raison qu'il n'a pas pris la mesure du cadeau empoisonné des costumes, "une vingtaine de milliers d'euros", par le sulfureux avocat Robert Bourgi ?

Dans le documentaire de BFMTV, ce dernier dit qu'il a "préparé (son) coup", piqué que François Fillon s'en soit pris à son grand ami Nicolas Sarkozy, et mis en doute sa probité lors de la campagne des primaires.

"Nicolas Sarkozy me dit +Ça va Robert? Je te trouve bizarre ?+ (...) Et j'ai eu cette phrase, j'ai dit: +Je vais le niquer. Il ne s’en remettra pas+".

La veille de la révélation de l'affaire des costumes par le Journal du dimanche, le 11 mars 2017, François Fillon appelle Robert Bourgi, lequel dément être l'auteur de la fuite.

"Je sais mentir quand il le faut. Je savais que l'homme était déjà atteint. Il était terrorisé", raconte l'avocat. "Anne Méaux (communicante de Fillon, NDLR) me dit +François est dans tous ses états. Mais c'est... C'est la fin de François !+... +Est-ce qu'il n'est pas possible d'arrêter le JDD?+ lui dis-je, de manière fourbe - faut être fourbe quelquefois."

De ce naufrage reste un traumatisme pour la droite. "Je lui en veux", martèle Roselyne Bachelot, vieille amie de François Fillon, qui affirme pourtant avoir voté pour lui au premier tour. Ce qui n'est pas le cas de Thierry Solère, électeur de Macron. Ni celui de Patrick Stefanini, ex-directeur de campagne. Mais qui assure ne pas avoir voté Macron pour autant.

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