Paris : Hidalgo annonce une police municipale et trouble sa majorité

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Par Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 25 janvier 2019 - 18:24
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La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, le 3 décembre 2018 à Matignon, à Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
La maire de Paris Anne Hidalgo à Matignon, le 3 décembre 2019
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a annoncé vendredi la création en 2020 d'une police municipale armée de matraques, suscitant le trouble dans l'aile gauche de sa majorité qui a dénoncé un revirement sans concertation.

Sous réserve de l'accord de l’État pour maintenir les effectifs de police nationale dans les commissariats de la capitale, la future force comptera 3.400 policiers municipaux équipés de matraques "Tonfa", une arme "non létale" mais considérée comme dangereuse, de gaz lacrymogène et de gilets tactiques pour faire respecter, selon les mots de la mairie, les "règles du quotidien".

Au journal Le Parisien qui lui rappelait son opposition antérieure à une police municipale, Anne Hidalgo a répondu que la situation avait "évolué".

Après six mois d'études et un audit, Mme Hidalgo écrira en février au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, pour le saisir de son projet. La mairie souhaite "la signature d'un contrat avec l’État" pour encadrer la mesure et s'assurer qu'"il n'y aura pas moins de policiers dans les commissariats" en contrepartie.

"Policiers de la préfecture de police et policiers municipaux n'auront pas les mêmes missions. Il y aura une complémentarité entre eux mais pas de substitution", assure la Ville de Paris, qui prévoit un budget de 2 millions d'euros en masse salariale, et 1.5 million pour l'achat d'équipements en 2019.

- "Elle s'est mise hors du cadre de la majorité" -

L'aile gauche de la majorité municipale parisienne a aussitôt dénoncé une décision prise alors qu'elle ne figurait pas dans le "contrat de mandature".

"La maire a pris sa décision seule hors du cadre de la majorité. Elle s'est mise hors du cadre de la majorité", a réagi auprès de l'AFP Nicolas Bonnet Oulaldj, chef de file des élus PCF et Front de gauche au Conseil de Paris.

Sur le fond, les communistes, une composante indispensable à la majorité de Mme Hidalgo avec leurs 13 élus, estiment que l'annonce faite vendredi "ne remplacera jamais ce qui fait partie de nos obligations et le cœur d'une politique de gauche, c'est-à-dire la prévention, la médiation, l'éducation et la protection des mineurs".

Les élus de ce groupe et ceux de Générations et du groupe écologiste ont quitté, en signe de protestation, une réunion organisée par le premier adjoint et l'adjointe chargée de la sécurité. Ils ont également décliné ensuite une rencontre avec Mme Hidalgo.

"C'est à (Anne Hidalgo) de faire fonctionner sa majorité jusqu'à la fin. On ne peut pas avoir une majorité avec un coup de force permanent", a déclaré à l'AFP David Belliard, chef de file des Verts d'EELV au Conseil de Paris.

Le député de centre-droit "Macron-compatible" Pierre-Yves Bournazel, candidat à la mairie dans un an et favorable à une police municipale, a lui aussi fait mine de s'étonner d'une annonce "qui en vient à surprendre sa propre majorité", et a réclamé que la décision soit soumise au vote du Conseil de Paris.

Pour le groupe municipal LREM, qui prône une police municipale "d'arrondissement", Mme Hidalgo se contente de "renommer sa brigade de lutte contre les incivilités". Celle-ci compte actuellement 3.200 agents, et se verra adjoindre 200 nouveaux membres.

Le maire LR du XVe Philippe Goujon déplore "un ersatz de police municipale", soulignant que son groupe demande "une police armée avec des pouvoirs renforcés" qui puisse avoir accès à des fichiers de police, comme ceux des objets volés ou des personnes recherchés.

Selon les derniers chiffres communiqués par la préfecture de police, il y a eu moins de braquages mais plus de violences physiques en 2016 à Paris et ses départements limitrophes (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Hauts-de-Seine).

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