Le drame de la rue d'Aubagne assombrit la fin de mandat de Jean-Claude Gaudin

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Par Julie Pacorel - Marseille (AFP)
Publié le 12 novembre 2018 - 08:03
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La marche blanche, à Marseille le 10 novembre 2018
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© CHRISTOPHE SIMON / AFP/Archives
La marche blanche, à Marseille le 10 novembre 2018
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Insubmersible maire de Marseille depuis 23 ans, Jean-Claude Gaudin traverse depuis l'effondrement le 5 novembre de deux immeubles, qui a fait 8 morts, une violente tempête qui risque d'obscurcir sa fin de mandat, à moins de deux ans des prochaines municipales.

"On n'en a pas assez fait": la voix est toujours forte, presque autoritaire, mais la fatigue et la tension semblaient marquer dimanche l'élu de 79 ans. Signe de la gravité de la crise traversée, il a multiplié les interventions médiatiques au cours de la semaine, défendant sa politique de lutte contre l'habitat indigne et insalubre, assurant avoir tout fait et demandant à l'État de faire évoluer la réglementation. Jusqu'à cette amorce de mea culpa.

Toujours prompt à fustiger le "Marseille bashing" quand sa ville fait la Une de l'actualité pour de mauvaises raisons, l'édile a infléchi son discours au lendemain d'une marche blanche qui a rassemblé 8.000 Marseillais en hommage aux victimes de la catastrophe du 5 novembre. Le défilé s'était achevé dans la colère, sous les fenêtres de l'Hôtel de ville, aux cris de "Gaudin assassin! Gaudin démission!".

"Nous sommes tous effondrés par ce qui s'est passé (...) Je ne fais pas tout bien, j'en suis sûr, mais je suis là et je reste là": pas question de démissionner, a-t-il de nouveau asséné dimanche, assurant n'avoir pas pris part à la marche par "peur de provoquer des tensions".

Cruelle ironie: la marche a aussi été marquée par l'effondrement partiel d'un balcon, qui a fait trois blessés légers, à quelques mètres du parcours de la manifestation, comme un symbole des critiques qui s'abattent sur la municipalité, qui était propriétaire d'un des deux immeubles qui s'est écroulé le 5 novembre.

- "Pas de faute à nous reprocher" -

"Il sort sous les sifflets et les huées, c'est tout ce qu'il craignait", souffle un élu local des Républicains. "C'est terrible ce qui arrive, il va finir comme Henri Tasso (ancien maire de Marseille, NDLR), qui avait été révoqué après l'incendie des Nouvelles galeries", prédit-il. En 1938, après la mort de 73 personnes sur la Canebière, Marseille avait alors été placée sous tutelle de l’État.

"Que laisse Gaudin derrière lui?", poursuit cet élu. "Une ville sale, à l'abandon. C'est une incompétence complète qu'il a réussi à cacher grâce à sa personnalité exceptionnelle. C'est très mauvais pour notre famille politique".

A droite, les candidats à la succession de M. Gaudin sont restés plutôt discrets depuis la catastrophe, que ce soit le sénateur Bruno Gilles ou la patronne du département et de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal.

Et dans l'opposition, chez certains habitants et dans le milieu associatif, sans forcément aller jusqu'à suggérer au maire de démissionner, comme l'a fait le député LREM Saïd Ahamada, les critiques ont plu sur le maire et son équipe.

La crise survient après plusieurs autres qui ont déjà marqué les Marseillais et fait la Une de l'actualité, localement quand ce n'est pas au niveau national: polémique sur l'état des écoles marseillaises, sur la rénovation de la place Jean-Jaurès, la plus grande de la ville ou sur la multiplication des centres commerciaux en ville, par exemple.

La mairie et Jean-Claude Gaudin, sont en outre au cœur d'une vaste enquête de parquet national financier autour du temps de travail des employés municipaux. En juillet dernier, le maire a même été entendu pendant 7 heures par les enquêteurs.

Devra-t-il de nouveau affronter la justice pour la rue d'Aubagne? "Si un jour, il est avéré que la ville est responsable de quelque chose, évidemment ça pourra me concerner mais pour l'instant (...) nous n'avons pas de faute à nous reprocher", assure-t-il.

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