Le gouvernement de nouveau confronté à l'écueil politique des APL

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Par Julien DURY - Paris (AFP)
Publié le 19 juin 2018 - 19:27
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Le député communiste Sébastien Jumel à l'Assemblée le 14 mars 2018
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© GERARD JULIEN / AFP/Archives
Le député communiste Sébastien Jumel à l'Assemblée le 14 mars 2018
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Politiquement chargé, le sujet des APL revient cette semaine dans le débat public, au grand agacement du gouvernement au moment où celui-ci met l'accent sur des mesures à connotation sociale autour du logement.

La fondation Abbé-Pierre, spécialiste de la lutte contre les mauvaises conditions de logement, a relancé le débat en début de semaine.

C'est un peu moins d'un an après la polémique sur la baisse de cinq euros de l'Aide personnalisée au logement, qui avait marqué les premiers temps du quinquennat d'Emmanuel Macron.

L'organisation a pioché dans le budget 2018 pour en tirer une mesure largement passée inaperçue lors de son adoption à la fin de l'an dernier: elle annule pour cette année la revalorisation automatique des APL en fonction de l'évolution moyenne des loyers calculée par l'Insee.

La fondation estime, sur la base du montant moyen des APL par foyer, que cette mesure représente un manque à gagner de près de cinq euros par ménage. Elle la met en perspective avec la baisse annoncée l'été dernier, une ligne qu'a vite reprise mardi l'opposition de gauche.

"C'est un scandale d'État", a déclaré le député communiste Sébastien Jumel à l'Assemblée nationale, tandis que la socialiste Valérie Rabault a rappelé que son camp avait "déjà dénoncé" la mesure lors de l'examen du budget l'an dernier.

Depuis un an, la question des aides est devenue un symbole politique plus ou moins voulu par l'exécutif: le Premier ministre, Edouard Philippe, avait jugé l'été dernier qu'il n'était "pas intelligent" de procéder à une telle baisse, la renvoyant aux décisions du précédent gouvernement et la qualifiant de "coup de rabot".

Reste que le président de la République, Emmanuel Macron, s'est lui-même ressaisi du sujet en mai, critiquant "ceux qui pensent que le summum de la lutte, c'est les 50 euros d'APL".

Mardi, le premier concerné par la question au sein du gouvernement, le ministre de la Cohésion des Territoires Jacques Mézard, n'a pas caché son agacement de voir réapparaître un "marronnier".

- "Transparence" -

"Il n'y a absolument rien de caché" sur le gel des APL cette année, a martelé M. Mézard lors d'un entretien avec des journalistes en marge de la signature d'une convention entre le ministère et le réseau immobilier Procivis, spécialiste de l'acquisition à la propriété.

"Toutes les décisions (...) ont été votées en toute transparence", a-t-il affirmé, soulignant au passage qu'"il ne s'agit pas d'une baisse (...) mais tout simplement d'une non augmentation."

Contactée par l'AFP, la Fondation Abbé-Pierre a d'ailleurs assumé ne rien avoir annoncé "de nouveau sous le soleil", par la voix de son directeur des études, Manuel Domergue.

"J'ai simplement regardé où on en était aujourd'hui en 2018 dans les chiffres de l'Insee: ça a alerté les gens", a expliqué M. Domergue, jugeant la mesure "encore plus injuste" que la baisse de cinq euros de l'an dernier.

"Ce n'est pas un rabot de cinq euros pour tout le monde: ceux qui touchent le plus, souvent les familles nombreuses et les plus pauvres, vont perdre encore plus", a-t-il avancé.

Cette interprétation hérisse le gouvernement au moment où il met l'accent sur le volet social de sa politique du logement, peu après l'adoption à l'Assemblée de son vaste projet de loi "Elan" sur le secteur.

Parallèlement à la convention avec Procivis, qui viendra compléter des aides publiques à la rénovation assumées par l'Agence nationale de l'habitat (Anah), le ministère devait aussi signer mardi avec l'organisme paritaire Action Logement un accord entérinant l'extension à tous les étudiants de la garantie Visale.

Celle-ci, à l'origine axée sur les jeunes actifs, permet aux moins de 30 ans de bénéficier gratuitement d'une caution garantie par l'Etat.

"Je veux bien qu'on ressorte tous les trois ou six mois la question des cinq euros d'APL sous une forme ou une autre, mais que l'on compare avec ce qui est essentiel", a déclaré à l'AFP M. Mézard, citant notamment le gel des loyers en 2018 dans le logement social et dénonçant des "postures".

"Des coups de rabot, je ne connais pas un gouvernement qui n'en a pas mis en place", a-t-il conclu. "On fera en sorte de ne plus en avoir à partir de 2019."

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