Le grand débat : comment, pour qui et pour quoi ?

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Par Laurence BENHAMOU, Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 07 janvier 2019 - 18:21
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Comment se déroulera le "grand débat national"? Sur quoi peut-il déboucher? Etat des lieux à quelques jours du début de cette consultation à grande échelle destinée à répondre à la crise des "gilets jaunes".

Qui l'organise?

La Commission nationale du débat public (CNDP), autorité indépendante présidée par Chantal Jouanno, ex-ministre de Nicolas Sarkozy.

Emmanuel Macron précisera les contours du débat dans une "lettre aux Français" publiée dans la presse et les réseaux sociaux en milieu de semaine prochaine.

En attendant, LREM prépare sa participation. Le parti majoritaire a désigné un député référent par région et cinq députés sur les grands thèmes définis.

Comment va-t-il se dérouler?

Du 15 janvier à la mi-mars, partout en France sous des formes multiples: débats dans les mairies, sur les marchés ou lieux de travail.

"Chacun peut organiser un débat, à l’échelle du quartier, de la commune, de la région, d’une association en s’aidant d’un kit pour la tenue des débats proposé par la CNDP", précise la Commission. Une plateforme en ligne recueillera les contributions au niveau national et des "conférences de citoyens tirés au sort" seront mises en place dans chaque région "pour échanger sur les analyses et les propositions", selon elle.

Hormis "les insultes et attaques personnelles, "toutes les positions auront une place dans notre synthèse. Y compris les fausses affirmations, les propositions qui existent déjà ou les paroles des extrêmes", "sinon on ne serait pas crédibles", annonce Mme Jouanno.

Que va faire Macron?

Après avoir rendu public sa "lettre aux Français", le chef de l'Etat ira à la rencontre des maires dans toute la France, en commençant le 15 janvier par l'Eure puis le 18 dans le Lot.

Quels sont les thèmes?

Le gouvernement en a fixé quatre: "mieux accompagner les Français pour se loger, se déplacer, se chauffer", "rendre notre fiscalité plus juste, plus efficace, plus compétitive", "faire évoluer la pratique de la démocratie" et "rendre l'Etat et les services publics plus proches des Français et plus efficaces". L'immigration, d'abord annoncée par Emmanuel Macron comme un thème en soi, a finalement été intégrée au thème "citoyenneté".

Mais Chantal Jouanno a précisé qu'"aucun thème ne sera interdit". Y compris par exemple l'abrogation de la loi Taubira sur le mariage pour tous, arrivée en tête d'une consultation en ligne réalisée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) pour laquelle se sont mobilisés des militants anti-mariage pour tous.

Dans les cahiers de doléances mis à disposition en décembre par 5.000 communes rurales, la préoccupation du pouvoir d'achat est arrivée en tête, devant l'injustice fiscale et la diminution des services publics. Autre demande récurrente, la possibilité d'organiser des référendums d'initiative citoyenne (Ric).

Sur quoi peut-il déboucher?

Le débat se contentera de recenser les opinions puis "c'est au gouvernement de décider ce qu'il en fera ou pas", explique Chantal Jouanno.

Emmanuel Macron a déjà tracé des lignes rouges: pas question de "détricoter" les réformes décidées depuis 18 mois, comme la suppression de l'ISF. Ni de renoncer aux réformes prévues (retraites, fonctionnaires, minimas sociaux...).

Des élus de la majorité évoquent la tenue d'un référendum à questions multiples sur le vote blanc, la proportionnelle, la réduction du nombre de parlementaires et le cumul des mandats.

Qu'en pensent les "gilets jaunes" et l'opposition?

Une partie des "gilets jaunes" devraient y participer tandis que d'autres rejettent ce débat considéré par certains comme une "manoeuvre" du gouvernement.

L'opposition est au mieux dubitative. LR, le PS ou Générations comptent participer, avec des réserves. Olivier Faure (PS) s'est dit "satisfait" de sa tenue "à la condition que ce soit un vrai débat, qui conduise à une négociation". Il ne faut "jamais renoncer à favoriser l'expression des citoyens", estime Annie Genevard (LR), qui craint que ce débat ne "donne lieu à de beaux rapports qui finiront sous la poussière des étagères".

Jean-Luc Mélenchon (LFI) y voit un "exercice pipeauté" avec lequel la macronie "prévoit de donner un nouvel emballage à son projet de réforme constitutionnelle". Pour Nicolas Bay (RN), "il n'y a rien à attendre" de ce "monologue" du gouvernement, qui n'arrivera pas à "réconcilier les Français" en "excluant la question migratoire et en refusant de remettre en cause les orientations mortifères d'Emmanuel Macron".

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