Législatives partielles : le "big-bang" continue sur fond d'abstention massive

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Par Anne RENAUT - Paris (AFP)
Publié le 29 janvier 2018 - 16:34
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Le vice-directeur de l'institut d'Ifop France, Frédéric Dabi le 15 février 2012 à Paris
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© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
Le vice-directeur de l'institut d'Ifop France, Frédéric Dabi le 15 février 2012 à Paris
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PS marginalisé, La République en marche et LR en position dominante: les législatives partielles dans le Territoire de Belfort et le Val-d'Oise dimanche confirment le "big-bang" politique du printemps, dans un contexte d'abstention toutefois "massive", selon des analystes.

"Les conséquences du big-bang électoral de mai-juin sont toujours là", estime Frédéric Dabi, directeur adjoint de Ifop, avec une abstention "massive" comme c'est la tradition lors des scrutins partiels.

Seuls 20 (dans le Val-d'Oise) à 30% (à Belfort) des électeurs se sont déplacés pour voter, ce qui permet de mesurer simplement "la capacité de chaque formation à mobiliser son noyau dur", insiste Jérôme Fourquet, directeur du département opinion du même institut de sondage.

"Cela amène la question: que veut dire être représenté quand il y a si peu d'électeurs?", se demande Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof.

"Deux grands partis se font face" à l'issue du premier tour, analyse M. Fourquet: le parti présidentiel LREM, même s'il "accuse le coup et subit une décote", en perdant 6,6 points dans le Val-d'Oise (à 29,3%) et 5,1 points à Belfort (26,7%), et LR qui gagne près de 6 points dans le Val-d'Oise (23,7%) et bondit de 15,3 points à Belfort (39%).

"Il y a peut-être un petit effet d'usure" pour LREM ou une moindre capacité à mobiliser les électeurs, selon M. Fourquet.

LREM a d'ailleurs appelé dans un communiqué à un "sursaut démocratique" des électeurs au second tour.

- Pas de vote sanction -

"On ne peut pas dire qu'il y a un vote sanction comme celui subi par le PS aux partielles de 2012 à 2014", estiment MM. Dabi et Cotrès.

LR devient dans ces partielles "la principale force d'opposition", selon M. Fourquet, ce que son président Laurent Wauquiez ambitionne de faire au niveau national, face au FN et à La France insoumise qui revendiquent aussi d'être les premiers opposants à Emmanuel Macron.

"Même affaibli, LR montre une capacité de résistance", note M. Fourquet. Il rappelle cependant qu'il s'agit de circonscriptions historiquement à droite, où les électeurs sont des personnes surtout âgées, au vote plus conservateur.

Il est "trop tôt", selon M. Dabi, pour savoir si le discours plus droitier et "mieux identifié de Laurent Wauquiez" a eu un impact sur ces élections.

Les candidats LR "attirent jusqu'à eux un nombre significatif de suffrages, sans savoir s'ils appartiennent à une droite plutôt qu'à une autre", a déclaré le porte-parole de LR Gilles Platret lundi lors d'un point presse, opposant "la diversité" de son mouvement à "l'unité" des électeurs sur le terrain.

Le micro-parti identitaire Siel, qui avait rompu en 2016 avec le FN mais soutenu Marine Le Pen à la présidentielle, a appelé lundi à voter pour LR au deuxième tour.

- "Score dérisoire" du PS -

Ces scrutins confirment surtout la marginalisation du PS (-7 points à Belfort, à 2,6%, où en juin il soutenait un candidat chevènementiste, +1,4 point à 6,88% dans le Val-d'Oise), qui arrive respectivement en 6e et en 5e position et se cherche toujours un chef en vue de son congrès en avril.

"Rétrogradé dans la catégorie des petits partis, la convalescence du PS n'est pas terminée. Il est considérablement affaibli", analyse M. Fourquet.

"C'est un score dérisoire par rapport à ce que nous avons été", a admis sur France Inter le candidat au poste de Premier secrétaire du PS Olivier Faure.

Le PS a porté la critique contre le gouvernement mais il "n'en tire aucun bénéfice électoral", selon M. Fourquet.

Il se marginalise aussi par rapport à LFI (11,6% à Belfort et 11,5% dans le Val-d'Oise), qui reste "la force dominante à gauche", même si le parti de Jean-Luc Mélenchon "fait du surplace", note M. Fourquet.

Le FN a aussi chuté, de 10 points à Belfort (7,5%) et de 5 points dans le Val-d'Oise (10,1%), signe d'"une démoralisation persistante de son électorat", comme aux législatives, selon M. Fourquet.

LFI s'est réjouie d'avoir dépassé le FN et note que "ceux qui reculent le plus, sont les deux qualifiés au second tour de la présidentielle", LREM et le FN, selon le coordinateur des campagnes LFI Manuel Bompard.

Mais le parti de la finaliste à la présidentielle Marine Le Pen "bénéficie de la prime au parti historique, les partis dissidents ayant de grandes difficultés à s'imposer", ajoute M. Fourquet.

Le FN était concurrencé pour la première fois par Les Patriotes de Florian Philippot, qui a obtenu 2% à Belfort et 1,6% dans le Val-d'Oise.

"La recomposition du paysage politique est très loin d'être finie", a estimé le bureau de Debout La France.

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